Kategoriarkiv: Le mot de la semaine 2008—2013

Le mot de la semaine : « födelse »

Le choix du mot de la semaine s’est révélé être évident après l’heureux évènement qui a engagé des nombreux Suédois depuis jeudi matin. Je veux parler bien sûr de la naissance du premier enfant de la princesse héritière Victoria et du prince Daniel, une petite fille. le 23 février à 4h26 à l’hôpital de Karolinska.

À 7h du matin, un père ému et fier annonçait à la presse que la mère et l’enfant se portaient à merveille. La princesse mesurait 51 cm et pesait 3 280 grammes à la naissance. L’accouchement avait pris environ 3 heures et la petite famille rentrait chez elle, au château d’Haga, seulement 8 heures après la naissance.

en födelse [ène feudèlesé] = une naissance

födelsen [feudèlesène] = la naissance

födelser[feudèlesère] = des naissances

födelserna[feudèlesèr(e)na] = les naissances

ou:

en födsel [feudsèle] = une naissance

födseln[feudsèl(e)ne] = la naissance

födslar[feudslare] = des naissances

födslarna [feudslar(e)na] = les naissances

 

Une naissance dans la famille royale donne lieu à plusieurs cérémonies traditionnelles d’origine plus ou moins anciennes. La première est la coutume de tirer 21 coups de canon dans les heures qui suivent l’accouchement. Dans le cas d’un enfant héritier du trône, on tire 2 fois 21 coups, c’est-à-dire 42 coups, et c’est ce qui s’est passé jeudi à midi, en plein Stockholm, depuis l’île de Skeppsholmen, puisque la princesse nouvelle-née (dont on ne connaissait pas encore le nom) est deuxième dans l’ordre de succession au trône suédois, après sa mère.

42 coups de canon pour la naissance de la princesse Estelle
Photo de Holger Ellgaard. Source : Wikipedia

Juste à ce moment-là, jeudi à midi, je sortais du Nationalmuseum et j’ai été frappée de voir qu’autant de monde était venu assisté à cette cérémonie ! Le pont qui mène à Skeppsholmen, la rive qui fait face au Palais royal, la place à gauche du Palais, et jusque devant l’Opéra royal : tout était noir de monde. (La dernière fois qu’on a tiré 42 coups de canon, c’était pour la naissance du prince Carl Philip, qui est né prince héritier en 1979 mais perdit sa place en 1980 à l’avantage de sa grande sœur après un changement de la constitution suédoise, et le public était loin d’être aussi nombreux.) C’était finalement assez émouvant de témoigner de la popularité de cette naissance, même si les principaux protagonistes n’étaient pas présents.

Faire-part de naissance publié sur le site de la cour royale suédoise

La deuxième tradition est que le président du parlement suédois, Per Westerberg, le premier ministre, Fredrik Reinfeldt, le maréchal du royaume de Suède, Svante Lindqvist et la maîtresse de la garde-robe royale, Alice Trolle-Wachtmeister rendent visite aux jeunes parents pour témoigner de la naissance, ce qui eut lieu le lendemain, le vendredi 24 février.

Ensuite, lors d’un conseil extraordinaire au Palais royal, l’actuel roi de Suède, Carl XVI Gustav, a annoncé au gouvernement suédois les prénoms et titre de la jeune princesse : elle s’appelle ainsi Estelle, Silvia (après sa grand-mère maternelle), Ewa (après sa grand-mère paternelle) et Mary et elle a été faite duchesse d’Östergötland, dont la plus grande ville est Linköping (voir le mot de la semaine dernière).

Le choix du prénom Estelle a étonné tout le monde. Certains ont trouvé que ce n’était pas un prénom royal, mais qu’est-ce qu’un prénom royal ? Que les parents aient choisi de ne pas suivre la tradition n’est, à mes yeux, pas du tout choquant. Et pourtant, cela a choqué un Suédois en particulier, le journaliste et historien populaire Herman Lindqvist, qui trouvait qu’il était inadéquat pour une princesse de porter le nom d’une ”reine de discothèque” (ne me demandez pas d’où lui vient cette association…) Mais c’est un prénom qui existe dans la famille Bernadotte : Folke Bernadotte, petit-fils d’Oscar II, diplomate de profession, s’était en effet marié à Estelle Manville.

 

Prénoms et titre de la princesse Estelle publiés sur le site de la cour royale suédoise

La dernière cérémonie traditionnelle suivant la naissance d’un prince ou d’une princesse suédoise est une d’action de grâce religieuse, un Te Deum, dans l’église du Palais royal qui rassemblait la famille royale, la famille du prince Daniel, le gouvernement suédois ainsi que les têtes des partis politiques, et le personnel de la cour royale. Le baptême devrait avoir lieu dans les trois mois à venir.

Te Deum i Slottskyrkan from Kungahuset on Vimeo.

Je ne suis pas royaliste, mais je n’ai malgré tout pas pu m’empêcher de me laisser emportée par l’effervescence causée par cette naissance. J’ai été touchée par les réactions en majorité positive du peuple suédois, mais en même temps, j’ai pensé plusieurs fois : ”Si elle savait ce qui l’attend …” La petite Estelle n’est pas à plaindre, mais sa voie est toute tracée depuis les premières heures de sa vie. Même si la famille royale suédoise veut être très proche du peuple, on ne peut pas faire abstraction de leurs conditions de vie très privilégiée ni des contraintes que leur fonction, héréditaire et donc anti-démocratique, implique.

Armoiries de la princesse Estelle. Source : Wikipedia
Armoiries de la princesse Estelle

Et quand le premier ministre, Fredrik Reinfeldt, en adressant ses plus sincères félicitations aux heureux parents, achève en disant que la Suède fait maintenant face à une nouvelle ère de reines, cela ne donne aucun espoir d’abolition de la monarchie suédoise dans un avenir proche. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Je ne sais pas … Toujours est-il que la famille royale a gagné énormément en popularité ces derniers jours et j’imagine que de nombreux Suédois se réjouissent déjà à l’avance d’une nouvelle ère d’« Hagasessor » ; ce mot, formé de « Haga » et de « sessor », diminutif de « prinsessor » = princesses, fait référence aux sœurs de l’actuel roi de Suède, lorsqu’elles étaient enfants et qu’elles vivaient au château d’Haga.

Maison où jouaient l'actuel roi de Suède et ses sœurs quand ils étaient enfants
Photo de Holger Ellgaard. Source: Wikipedia

 

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « köping »

« Köping » [cheuping] a la même racine que le verbe « köpa » [cheupa] qui signifie « acheter ». C’est un mot qui désignait autrefois les agglomérations suédoises qui constituaient des centres marchands mais qui n’avaient pas le statut juridique de ville qui était délivré par le pouvoir royal. (Ce statut juridique disparu en 1971).

Aujourd’hui, on trouve les traces historiques de ces « köping » dans la toponymie suédoise : 10 villes, toutes situées dans le sud ou le centre de la Suède, ont un nom qui finissent en effet par « -köping ».

Je vous emmène faire le tour des « köping », un tour de presque 1000 km. Partons de Stockholm (L), vers l’ouest.

Google maps

 

Le premier « köping » que nous trouvons est Enköping [ènecheuping] (B), sur les rives du lac Mälaren. Continuons sur la même route, passons Västerås et nous arrivons à Köping (C). Passons Örebro et le lac Hjälmaren et prenons la route qui longe la rive est du lac Vänern. Après Mariestad, nous trouvons Lidköping [lidecheuping] (D) traversé par la rivière Lidan. Passons par Falköping [falecheuping] (E) où « fal », provenant de « fala », signifie pâturage, avant d’arriver à Jönköping [yeunecheuping] (F) située à la pointe sud du lac Vättern. Remontons ensuite en direction de Stockholm, en suivant l’autoroute E4. Après Mjölby, nous traversons Linköping [linecheuping] (G), puis Norrköping [norecheuping] (H) où « norr » signifie nord, située à l’embouchure de la rivière Motala. Söderköping [seudeurecheuping] (I) où « söder » signife sud, est situé à une quinzaine de km au sud-est de Norrköping. En remontant vers Stockholm le long de E4, nous arrivons à Nyköping [nucheuping] (J). Enfin Malmköping (K) [malmecheuping] où « malm » signifie minerai.

Est-ce que cela vous étonne si je vous avoue que je les mélange tous, ces « köping » ? Je ne peux jamais les situer de mémoire.

 

 

Le mot de la semaine : « misslyckas »

Personne n’est parfait, ou comme les Suédois disent: « även solen har fläckar » = même le soleil a des tâches.

J’étais invitée hier chez mon ancienne prof de suédois qui est devenue presque une voisine en achetant une maison à quelques minutes à pied de chez moi. Je m’étais proposée de venir lui rendre visite avec un gâteau fait-maison. J’ai cru faire simple en choisissant la recette d’un gâteau marbré et étant un peu en retard, je me suis contentée de sortir le gâteau du four après une heure de cuisson et de l’emballer dans un torchon avant de partir.

C’est après l’avoir démoulé et coupé quelques tranches dans la cuisine de ma prof que je me suis rendue compte qu’il était non pas mal cuit, mais tout simplement raté … Elle a fait contre mauvaise fortune bon cœur en affirmant qu’un gâteau est toujours meilleur un peu coulant au milieu, même quand il ne s’agit pas d’un fondant au chocolat, et je la remercie de son indulgence polie. Elle n’en a mangé qu’une demi-part ; je ne lui en est pas voulu. Ni quand elle m’a dit que je pouvais remmener le gâteau avec moi, après une bonne heure de discussion certes agréable. Je ne lui aurait jamais fait l’affront de lui proposer d’en garder ne serait-ce qu’un morceau …

 

Dans le verbe « misslyckas », il y a le mot « lycka » = chance, bonheur, joie. En rajoutant un -s à la fin, on obtient le verbe « lyckas » = réussir, prospérer, aboutir, avoir du succès. En rajoutant « miss- » au début, on obtient l’inverse, c’est à dire = échouer, mal tourner, rater.

jag misslyckas [jâgue misselukasse] = je rate

jag har misslyckats [jâgue ‘hare misselukat(e)sse] = j’ai raté

jag misslyckades [jâgue misselukadèsse] = je ratais

jag ska misslyckas [jâgue ska misselukasse] = je raterais

En remplaçant le -s final par un -d, on obtient l’adjectif « misslyckad » = raté, échoué. En rajoutant -ande, « misslyckande », on obtient le substantif = échec, fiasco.

 

La raison du ”râtage” est, je crois, que j’ai dû casser les blancs en neige en les mélangeant aux deux pâtes : l’une au chocolat, l’autre à la fleur d’oranger. Résultat : elles se sont bien mélangées dans le moule pendant la cuisson en formant une masse compacte dans les deux tiers inférieurs du gâteau. Seule la surface donnait un semblant de gâteau marbré. Mais le fait est qu’il est mangeable, après avoir refroidi. Cela donne une sorte de flan au chocolat à la fleur d’oranger. Une nouvelle variante du gâteau manqué ? 😉

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « hotell »

ett hotell [ète ‘hautèle] = un hôtel

hotellet [‘hautèlète] = l’hôtel

hotell [‘hautèle] = des hôtels

hotellen [‘hautèlène] = les hôtels

Le Grand Hôtel à Stockholm n’est pas le seul hôtel 5 étoiles de la capitale suédoise mais certainement le plus ancien. Il fut créé par le Français Jean-François Régis Cadier (1829-1890) (ce qui explique sûrement le nom français de l’hôtel) en 1872 et ouvrit ses portes le 14 juin 1874. L’architecte qui en dessina les plans s’appelait Axel Kumlien (1833-1913) qui, à en croire son ”œuvre”, semblait plutôt spécialisé dans la construction d’hôpitaux et de sanatorium.

Le Grand Hôtel compte aujourd’hui 307 chambres dont 40 suites, 35 salles de conférences et de fêtes, un bar, deux restaurants (dont un a obtenu 2 étoiles dans le Guide Michelin en 2009, tenu par par le chef Mathias Dahlgren) et un spa. Il appartient à Investor AB qui est contrôlé par la famille Wallenberg, la famille la plus riche de Suède.

 

Jeudi dernier, j’ai eu l’occasion de profiter un peu du luxe de cet hôtel à l’occasion d’un afternoon tea avec ma meilleure amie. Confortablement assises dans deux fauteuils du Cadierbaren, alors que la neige tombait paisiblement à l’extérieur, nous avons dégusté des sandwiches, des scones et des pâtisseries, les uns plus délicieux que les autres, accompagnés d’un thé noir de Chine aromatisé aux agrumes, ”Finest Tea Bland of Grand Hôtel”. Le service était impeccable et très professionnel, sans être maniériste. La présentation des mets était exquise.

 

Pour l’occasion, j’avais fait un petit effort vestimentaire et avait presque honte d’être chaussée de mes bottes d’hiver, mais j’ai poussé un soupir de soulagement quand j’ai vu que la plupart des hôtes étaient habillés de manière très quotidienne. (Il m’arrive souvent d’être trop bien habillée, comme quand je vais au théâtre ou à l’opéra, et je suis même presque déçue que les Suédois ne s’efforcent pas un peu plus de temps en temps…) On peut sûrement y voir une sorte de démocratisation des plaisirs plus ou moins luxueux en Suède, dans la mesure où il suffit de pouvoir payer pour y avoir accès sans être obligé de porter la cravate ou une belle tenue, mais personnellement, j’aime bien marqué ce genre d’occasions justement en m’habillant un peu plus élégamment. Finalement, ce n’est pas tous les jours qu’on prend un afternoon tea au Grand Hôtel de Stockholm. 🙂

 

Les sandwiches :

  • Saumon fumé au pesto
  • Crevettes, raifort et aneth
  • Veau grilllé, cornichons et crème à l’estragon
  • Tomates séchées, feta, persil et fromage frais

Les scones :

  • Scones natures
  • Scones aux céréales
  • accompagnés de beurre noisette, de crème fouettée, fromage frais à la vanille, curd à la mangue (tellement bon que nous l’avons fini à la petite cuillère, tel quel !…) et marmelade au pamplemousse rose au gingembre

 

Les pâtisseries :

  • Cheesecake citron/chocolat
  • Pannacotta mangue/fruit de la passion, gelé à la framboise et biscuit au caramel
  • Gâteau roulé au goût de tiramisu
  • Mini-semla

 

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Le mot de la semaine : « smak »

En août dernier, je vous parlais du sens du goût. Je reviens sur cette notion aujourd’hui après un dîner inoubliable au restaurant SMAK qui a un concept intéressant: on y sert des petits plats élaborés autour de goûts particuliers. La formule à 3 goûts (338 kr) correspond à un plat de résistance dans un restaurant ”normal”, la formule à 5 goûts (428 kr) à un repas avec entrée et plat de résistance, et la formule à 7 goûts (518 kr) à un « trerättersmiddag ». Il y a le choix entre 18 goûts salés et 5 goûts sucrés (ou dessert). Tous les plats présente la même quantité de nourriture, desserts compris.

en smak [ène smake] = un goût

smaken [smakène] = le goût

smaker [smakère] = des goûts

smakerna [smakèr(e)na] = les goûts

 

Voici la carte :

Les plats salés :

Raifort — ”Caviar” œufs de truite, omble chevalier

Aneth fleuri — ”Toast skagen” écrevisse, citron

Cresson — ”Œuf cocotte” girolles, œuf fermier

Yuzo — ”Tataki” thon, pastèque, wasabi

Citronnelle — ”Hot pot” dumpling au canard, shiitake

Gruyère — ”Quiche” porc grillé, pomme fermentée

Coriandre — ”Crabcake” avocat, citron vert, piment

Câpre — ”Anglais” foie gras, canard fumé, betterave

Basilic — ”Osso bucco” salade, jarret de veau, tomat

Ail — ”Millefeuille” escargot, persil

Gingembre — ”Carpaccio” renne, grenade, noix de cajou

Piment vert — ”Gratinée” fruits de mer, asperge, citronc

Truffe — ”Kroppkaka” lard, cèpe, airelles

Ras el hanout — ”Pastilla” agneau, merguez, menthe

Estragon — ”Steak confit” queue de bœuf, béarnaise

Les desserts :

Citron — ”Tarte” mangue, fromage frais, miettes de réglisse

Cannelle — ”Beignet” pomme, glace aux airelles

Thé — ”Sucette” parfait, baies boréales

Poivre long — ”Rumtopf” baies, yaourt, croutons

Café — ”Gâteau” chocolat, cerises

 

En accompagnement de chacun de ces plats est recommandé une boisson : bière, vin rouge, vin blanc ou vin liquoreux pour les desserts. On peut choisir une bouteille, un verre ou un verre de dégustation (plus petit).

 

J’avais invité mon « sambo » dans ce restaurant hier. Nous nous sommes contentés de la formule à 5 plats et en sommes ressortis satisfaits et repus.

Nous avons commencé par un cocktail chacun, le sien à base de gin, citron et menthe, le mien à base de vodka, champagne et fleur de sureau.

Voici les plats que j’avais choisi :

 

Yuzo — avec une petite réminiscence de sushi

 

Citronnelle — deux dumplings à la pâte translucide dans un bouillon succulent, servi dans un bol avec des baguettes

 

Câpre — je n’ai jamais mangé un foie gras à la poêle aussi bon !…

 

Gingembre — très délicat

 

Thé, accompagné d’une petit verre de Terrassen Beerenausles, vin autrichien de Wachau — mon penchant pour les baies boréales n’a pas été déçu.

Vous noterez une préférence pour la cuisine asiatique, de même que pour quelques produits de base typiquement français et suédois. 🙂

 

Nous ne pouvions pas nous empêcher de goûter à nos plats respectifs. 🙂 Voici donc les plats choisis par mon sambo :

 

Aneth fleuri — je savais pourquoi je ne l’avais pas choisi celui-là : j’ai du mal à apprécier l’aneth fleuri

 

Cresson — au goût très rond

 

Truffe — un plat typiquement suédois réinventé et allégé

 

Estragon — un autre plat suédois plus poussé vers le raffinement

 

Poivre long — l’acidité des fruits contre la rondeur du yaourt, mmm…

Inutile de vous faire remarquer l’élégance de la présentation tant pour ce qui est de la mise en valeur des plats que pour la vaisselle utilisée. Le goût est le sens central dans ce restaurant bien sûr (comme il devrait l’être dans tous les restaurants), mais la vue et l’odorat aussi. Côté déco, les tables vitrées sont remplies d’épices dans de petits compartiments et les abat-jours des lampes sont en porcelaine si fine qu’on les croirait en papier. Le tout en fait une sorte d’expérience totale et inoubliable.

 

L’addition même est présentée enroulée dans un petit cylindre, et la somme totale fut une heureuse surprise car, grâce à la baisse de la TVA (12 % applicable depuis le 1er janvier 2012) dans les restaurants suédois, les formules étaient moins chères que ce qui était affiché sur les menus (qui n’ont visiblement pas encore été mis à jour; quant à la TVA pour les boissons, elle est toujours fixée à 25 %.)

 

 

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Le mot de la semaine : « sova »

Après deux semaines de travail, je n’ai pas encore réussi à retrouver mon rythme d’avant les vacances de Noël où je me couchais entre 22h et 23h. Résultat : je dors trop peu dans la semaine et mes week-ends ne suffisent pas pour récupérer.

Lundi soir, nous avions une fête au travail, très réussie. Et bien que je ne sois pas rentrée trop tard, j’ai eu du mal à m’endormir. Mardi soir, j’espérais me coucher relativement tôt mais nous avons commencé à regarder un DVD, Au-delà, de Clint Eastwood avec Matt Damon et Cécile de France. D’habitude, nous coupons sans trop de problème au milieu des films, mais là, pas moyen ; résultat, couchée à minuit… Mercredi soir, j’étais de sortie : afterwork entre Français, rentrée vers 21h30, au lit une heure plus tard. Ce fut la seule nuit suffisamment longue de la semaine. Jeudi soir, rien de spécial, mais je n’ai pas éteint avant 23h.

att sova [ate sova] = dormir

jag sover [jâgue soveure] = je dors

jag har sovit [jâgue ‘hare sovite] = j’ai dormi

jag sov [jâgue sove] = je dormais

jag ska sova [jâgue ska sova] = je dormirais

Toute la semaine, j’ai senti que je n’avais toujours pas récupéré de la fête de lundi soir. Je n’ai plus 20 ans, certes, mais je n’avais bu de l’alcool qu’à l’apéritif, je n’avais pas beaucoup dansé et je suis rentrée relativement tôt. Mais chaque matin, je me sentais plus zombie que jamais. La seule chose que je pensais en arrivant au travail était :

jag vill sova [jâgue vile sova] = je veux dormir ! …

Sur ce, il est déjà minuit et je vous souhaite : God natt! [goude nate]

 

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Le mot de la semaine : « tillsvidareanställning »

J’ai appris la bonne nouvelle avant Noël et il n’y a pas de meilleure façon d’amorcer une nouvelle année sur le plan professionnel : je suis désormais « tillsvidareanställd » au Nationalmuseum, c’est-à-dire que j’ai un CDI ! 🙂

« Tillsvidare » signifie ”jusqu’à nouvel ordre” (à ne pas confondre avec « tills vidare » qui veut dire ”provisoirement, temporairement” …) et « anställning », c’est l’emploi. On utilise aussi souvent le mot « fastanställning » = emploi permanent (il n’y a pas d’emplois à vie en Suède à part éventuellement celui du roi), qui n’est pas vraiment un synonyme puisque ce terme n’est pas valable juridiquement, mais cela revient un peu au même quand même. C’est en tout cas toujours mieux qu’un CDD !

en tillsvidareanställning [ène tillssevidaréan(e)stèlning] = un CDI

tillsvidareanställningen [tillssevidaréan(e)stèlninguène] = le CDI

tillsvidareanställningar[tillssevidaréan(e)stèlningare] = des CDI

tillsvidareanställningarna[tillssevidaréan(e)stèlningar(e)na] = les CDI

J’ai achevé mes études universitaires en juin 2005. Depuis, j’ai collectionné les CDD : les remplacements se sont succédés aux missions, qui ont parfois été prolongées jusqu’à ce qu’il n’y ai plus d’argent. J’ai eu trois employeurs dans ce laps de temps : la commune de Sigtuna, le Nationalmuseum, le Moderna Museet puis de nouveau le Nationalmuseum que j’ai réintégré à l’automne 2008.

Le Nationalmuseum, Stockholm

Je ne l’ai pas vraiment ”décroché”, ce CDI, même si j’avais postulé suite à un départ à la retraite. Mais en cours de recrutement, j’ai été en fait « inLASad » [inelassade]. J’aime la langue suédoise qui peut former des mots à partir d’abréviations ! 😀 LAS, c’est « lagen om anställningsskydd », la loi sur la sécurité de l’emploi. Adoptée en 1982, elle règle les types et les préavis de licenciement ainsi que les CDD. La loi est contraignante mais peut être restreinte par les conventions collectives. Elle protège les employés contre les licenciements arbitraires ; on peut être licencié par manque de travail ou pour des raisons personnelles (grosse erreur professionnelle). Avant de licencier, on étudie toujours la possibilité de replacer l’employé.

Le texte de loi (en suédois) en entier ici.

Un CDD suédois peut être un remplacement (congé maladie de longue durée, congé parental, congé pour cause de CDD chez un autre employeur), une mission, un emploi saisonnier, une période d’essai ; il peut aussi être appliqué si l’employeur a 67 ans ou plus. Si, sur une période de 5 ans, un employé effectue un ou des remplacements de deux ans ou une ou des missions de deux ans, le CDD devient automatiquement un CDI. C’est ce que « inLASad » signifie ; cela équivaut à une titularisation en quelque sorte. C’est ce qui m’est arrivée, et je ne le vis pas comme une fatalité, ni mon employeur, ce qui est d’autant plus agréable à entendre ! 🙂

Mon bureau

 

Version suédoise ici.

Le mot de la semaine : « slappa »

Mes vacances de Noël touchent à leur fin. Je n’ai pas fait tout ce que je voulais faire : j’avais pensé tricoter et lire ; j’ai lu un petit roman de Tomas Tranströmer, mais je n’ai pas touché à une seule aiguille. Mais j’ai fait une chose que je voulais vraiment faire et c’est me re-po-ser. J’ai beaucoup dormi et pas mal paressé, je n’ai jamais autant regardé la télé que pendant ces vacances. (Et le blog m’a pris pas mal de temps aussi …)

Le verbe « slappa » vient de l’adjectif « slapp » qui signifie : mou, flasque, relâché, sans énergie, sans vigueur. Je traduis le verbe par : paresser.

jag slappar [jâgue slapare] = je paresse

jag har slappat [jâgue ‘har slapate] = j’ai paressé

jag slappade [jâgue slapadé] = je paressais

jag ska slappa [jâgue ska slapa] = je paresserai

Ces vacances sont pour moi synonyme de non-rutine : je me suis couchée et levée à pas d’heure, j’ai mangé à heure non fixe, pas mal de repas ne nécessitaient pas de faire la cuisine, je ne suis sortie que très peu. ”Home sweet home”…

Il est quand même grand temps de retrouver un peu ses routines — et c’est toujours pour moi relativement agréable après une telle coupure. Quand vous lirez ceci, je serais en France en train de pouponner mon troisième neveu qui est né le 3 décembre dernier. 🙂 Un voyage, si court soit-il, demande un peu de planning (comme de programmer l’article dominical du blog par exemple), d’organisation et qu’on respecte les horaires de bus, d’avion et de RER.

Je rentre lundi soir vers minuit et dès mardi, c’est retour à la réalité. Pas telle que je la connaissait avant les vacances ; je serais sûrement plus en forme et plus enthousiaste de reprendre mes vieilles habitudes. J’ai presque hâte d’embarquer de nouveau sur le bateau entre Slussen et Skeppsholmen. 😉

 

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « trerättersmiddag »

Voici un poste gourmand pour bien commencer l’année !

La dernière semaine de l’année 2011 a été pour moi l’occasion de reprendre du service aux fourneaux. J’y ai pris beaucoup de plaisir d’autant que je pouvais préparer une partie des mets la veille : cela permet de cuisiner sans stresser et de prêter toute l’attention nécessaire pour un repas réussi. En préparant une partie du plat principal et le dessert la veille, je pouvais tranquillement faire un peu de ménage, de rangement et mettre la table avant que les invités arrivent, pour ensuite préparer l’entrée juste avant de passer à table.

Aux oreilles d’un Suédois, un « trerättersmiddag » est luxueux, tandis que pour un Français cela n’a peut-être rien de très exceptionnel. En effet, un repas français se compose souvent d’une entrée, d’un plat de résistance et d’un dessert, et c’est ce que signifie « tre-rätter-s-middag », mot à mot : « trois-mets-dîner », c’est à dire un repas composé de trois plats. (Les Suédois mangent souvent une salade en accompagnement du plat principal, et ne prennent jamais de dessert au quotidien – mais ils peuvent manger une pâtisserie en cours de journée.)

en trerättersmiddag [ène trérèterchmiddâ(gue)] = un dîner composé de trois mets

NB: On peut ne pas prononcer le –g final dans la forme indéfinie du singulier.

trerättersmiddagen [trérèterchmiddâguèn] = le dîner …

trerättersmiddagar [trérèterchmiddâguare] = des dîners …

trerättersmiddagarna [trérèterchmiddâguar(e)na] = les dîners …

Le premier « trerättersmiddag » eut lieu le 29 décembre et nos invités étaient un couple d’amis et leurs deux enfants que nous n’avions pas vu depuis l’été dernier. C’est toujours pour moi un challenge de les inviter à dîner car le père est cuisinier de profession. Mais c’est également un plaisir d’avoir des invités qui partagent le même intérêt gastronomique que moi.

Le menu du 29 décembre se composait de :

  • en entrée (« förrätt ») : pâte en croûte (pas fait-maison, je l’avoue) et figue au Saint-Agur ;
  • en plat de résistance (« varmrätt ») : filet de porc aux pommes, gratin dauphinois et petits pois ;
  • en dessert (« efterrätt ») : bûche de Nöel aux marrons — qui a eu un succès monstre

« en förrätt, förrätten, förrätter, förrätterna » [ène feurrète, feurrètène, feurrètère, feurrètèrna] = entrée, hors d’oeuvre, où « för » signifie : avant (pré-).

« en varmrätt, varmrätten, varmrätter, varmrätterna » [ène varmrète, varmrètène, varmrètère, varmrètèrna] = plat principal, de résistance, où « varm » signifie : chaud.

« en efterrätt, efterrätten, efterrätter, efterrätterna » [ène éfteurrète, éfteurrètène, éfteurrètère, éfteurrètèrna] = dessert, où « efter » signifie : après (post-).

Pour le réveillon de la Saint-Sylvestre, « nyårsafton », nous avions invité les parents et le frère de mon sambo. Au menu :

  • en entrée : chèvre chaud et salade au canneberges sèches et pignons ;
  • en plat de résistance : bœuf bourguinon — le meilleur que j’ai jamais mangé ! — et puré de pommes de terre ;
  • en dessert : pâtisseries au chocolat et à la crème à l’orange sanguine.

 

Version suédoise ici

 

Le mot de la semaine : « julkalender »

Tous les ans, depuis 1960, la radio et la télévision suédoise diffuse chacune son calendrier de l’avent, à raison d’un épisode par jour, à partir du 1er décembre jusqu’au 24. Les épisodes filmés durent environ 15 min, soit au total 6 heures.

en julkalender [ène yulekalèn(e)dère] = un calendrier de l’avent

julkalendern [yulekalèn(e)dèr(e)ne] = le calendrier de l’avent

julkalendrar [yulekalèn(e)drare] = des calendriers de l’avent

julkalendrarna [yulekalèn(e)drar(e)na] = les calendriers de l’avent

Je me souviens encore de celui de 1999, l’année de mon arrivée en Suède. Étant jeune fille au pair à l’époque, je suivais assidûment et joyeusement chaque épisode avec les enfants, tous les soirs à 18h. C’était l’histoire de « Julens hjältar » [yulèn(e)sse ‘yèltar(e)na] = les héros de Noël, qui mettait en scène des décorations de Noël par erreur mises à la poubelle. D’épisode en épisode, une mascotte de l’équipe de football d’Hammarby en forme de chien aide le bouc, l’étoile, la boule, le bonhomme de pain d’épice et les deux petits nains de Noël à retourner dans leur famille pour finalement trouver leur place dans le sapin, juste à temps pour les fêtes de fin d’année.

Cette année, le « julkalender » s’appelle « Tjuvarnas jul » [chuvar(e)nasse yule] = le Noël des voleurs, et relate l’histoire d’une bande de voleurs de cadeaux de Noël,« klappsnapparna », finalement bien sympathiques. Leur existence est perturbée par l’arrivée de Charlie, orpheline de mère, qui prétend être la fille de l’un d’entre eux. Le film a été tourné en février dernier essentiellement à Skansen pour les scènes d’extérieur et dans des appartements du XIXème siècle pour les scènes d’intérieur. L’histoire se finit bien, évidemment, comme tout conte de Noël. Les suédophones apprécieront sûrement de pouvoir le visionner grâce à SVT Play. L’intégralité des épisodes est disponible jusqu’au 24 janvier.

Joyeux Noël à tous, chers lecteurs !

Version suédoise ici