Le mot de la semaine : « balett »

Chaque été, le théâtre de la ville de Stockholm, Stockholms stadsteatern, organise des spectacles de plein-air (théâtre, danse, chant), gratuits (!), à différents endroits de la capitale, le tout rassembler sous le nom de Parkteatern, le théâtre du parc.

Un des endroits les plus populaires est Vitabergsparken (le parc de la montagne blanche) situé dans le sud de la ville, non loin de Sofia kyrka (l’église Sophie). Des gradins en forme de demi-cercle ont été construit en pleine nature, faisant face à la scène. Les places sont chères même si c’est gratuit – ou peut-être justement parce que c’est gratuit. Il y a toujours beaucoup de monde, et pour être sûr d’avoir une place assise, il vaut mieux venir au moins une heure avant le début de la représentation. Il est également conseillé de se munir d’une couverture au cas où il ferait un peu frisquet. S’il fait chaud, elle vous servira de coussin. 🙂

Je me rends malheureusement trop rarement aux représentations de Parkteatern. Il y a quelques années, j’y avais vu les ballets Cullberg. Cette année, j’y suis allée pour voir les ballets royaux, « Kungliga baletten » qui dansaient le Boléro de Ravel et les Noces de Stravinsky.

J’ai préféré le premier au deuxième ballet, mais techniquement, j’ai apprécié les deux. Ayant moi-même fait de la danse classique quand j’étais jeune, bien qu’à un niveau largement plus bas, je sais ce que cela demande en heures d’entraînement et de répétitions ainsi qu’en persévérance et discipline.

en balett [ène balète] = un ballet

baletten [balétène] = le ballet

baletter [balétère] = des ballets

baletterna [balétèr(e)na] = les ballets

(Il me semble que les formes plurielles s’utilisent rarement.)

Dans l’expression « Kungliga baletten », « kungliga » veut dire « royal » et est à la forme définie. La forme ”correcte” est en fait « den kungliga baletten », mais l’article défini « den » tombe bien souvent dans le cas de noms de compagnies ou de groupes connus.

Le mot de la semaine : « turist »

Bien que j’ai repris le travail, cette semaine, j’ai fait la touriste, à mes heures perdues. Un couple d’amis français sont venus passer leurs vacances à Stockholm et ce fut l’occasion de bons moments ensemble à leur faire découvrir nos endroits préférés de Stockholm et quelques éléments de la culture suédoise, comme les « fika » ou la « tvättstuga » (non, nous ne les avons pas mis de corvée de lessive, rassurez-vous !)

Nous avons fait des promenades dans Gamla Stan, mangé des glaces dans Gamla Stan, dîné à bord du bateau af Chapman (qui fait aussi office d’auberge de jeunesse), fait une promenade autour de Skeppsholmen et de Kastelholmen à la nuit tombante et nous sommes assis un moment sur les rochers pour regarder les manèges de Gröna Lund, sur l’autre rive.

Nous avons visité l’exposition de l’été du Nationalmuseum, sur le thème des intérieurs dans la peinture scandinave (désormais fermée), pris un « fika » dans Gamla Stan (pour nous consoler d’être arriver trop tard au musée du Moyen-Âge), introduit nos invités au « blodpudding » (le ”boudin noir” suédois), dîné dans Gamla Stan (au Restaurang JT), déjeuné sur Skeppsholmen (au Hjerta).

Quand nous travaillions, nos amis ont suivi quelques-uns de nos conseils : balade sur Djurgården, « fika » aux jardins de Rosendal, exposition photographique au Nationalmuseum (gratuite !), shopping… Il leur reste encore au moins Vasamuseet, Skansen et une balade en bateau sous les ponts de Stockholm.

Nous n’étions pas les seuls à profiter des derniers jours d’été suédois : l’auto-proclamée « capitale scandinave » accueille de nombreux touristes, désormais toute l’année, mais bien sûr plus en été. Parmi eux, de nombreuses familles françaises. (Même en Suède, on n’est plus tranquilles … 😉 )

en turist [ène turiste] = un/une touriste

turisten [turistène] = le/la touriste

turister [turistère] = des touristes

turisterna [turistèr(e)na] = les touristes

Le mot de la semaine : « tal »

Il y a plusieurs étapes dans l’intégration d’un étranger à la vie en Suède.

La première est l’obtention du « personnummer », le numéro sans lequel vous n’êtes personne, le numéro qui est attribué aux bébés avant même leur prénom, le sésame qui vous ouvrira toutes les portes. Pour un Européen, il est relativement facile à obtenir.

La deuxième étape est, à mon avis, l’apprentissage de la langue, « svenskan ». D’aucun vous diront qu’on se débrouille très bien avec l’anglais, surtout à Stockholm. Certes, ce n’est pas faux, mais pour avoir le sentiment d’appartenir et surtout, de pouvoir participer à la société suédoise en générale, je trouve qu’il est important de maîtriser la langue suédoise. Pour moi, ce fut facile. Pour d’autres, cela peut prendre un peu plus de temps.

La troisième étape est de trouver un travail. J’ai obtenu mes premiers boulots grâce à ma maîtrise de la langue française : prof de français (il allait de soit que j’avais un certain avantage) et guide dans des châteaux royaux (même si j’ai finalement rarement guidé en français). Le jour où j’ai été embauchée grâce à ma formation universitaire suédoise, en tant qu’archiviste, un emploi dans lequel le français ne jouait aucun rôle, fut un grand jour pour moi. Je sentais qu’on me traitait à l’égal d’un(e) Suédois(e).

Une étape supplémentaire est de s’entourer d’amis suédois. Ce n’est pas l’étape la plus simple, car elle est longue, mais le résultat est solide.

Une autre étape importante, à mes yeux, est d’avoir l’opportunité, que dis-je ?, l’honneur de faire un discours lors d’un mariage suédois. Il est en effet coutume de faire des discours au cours des repas de mariage. Les parents respectifs des mariés, leurs frères et soeurs, leurs amis, chacun y va de son petit discours, plus ou moins sérieux, plus ou moins touchant, plus ou moins humoristique. Dans certains mariages, on a l’impression d’être interrompu à chaque bouchée tellement il y a de monde qui demande la parole ; on peut vraiment parler de repas qui traînent en longueur … Dans d’autres mariages, l’équilibre est mieux respecté. Sur les cartons d’invitations, on indique souvent qui sera le « toastmaster », la personne à qui l’on doit annoncer que l’on souhaite parler au cours du repas.

Vendredi dernier, mon « sambo » et moi étions invités à une fête de mariage. (Le mariage avait en fait eu lieu l’an dernier, un peu à la va-vite, puis l’arrivée d’une petite fille n’a pas permis l’organisation de la fête avant cet été.) Les mariés avaient exprimé leur désir que je fasse un petit discours pour raconter aux invités comment ils s’étaient rencontrés. Or, le mari étant français et la mariée suédoise, les invités étaient aussi de nationalités différentes et ils avaient donc besoin de quelqu’un qui parle les deux langues.

J’étais flattée et honorée qu’on fasse appelle à mes services, mais je ne vous raconte pas le trac le moment venu… Après seulement quelques phrases, je demandais déjà un verre d’eau, car j’avais la bouche pâteuse de nervosité ; j’avais besoin de me tenir d’une main à une table tellement mes jambes qui tremblaient ; et j’utilisais des mots français quand je parlais suédois et inversement ….

Je crois malgré tout m’être bien acquittée de ma tâche. Car je ne crois pas que j’aurais été remerciée tant de fois par les mariés, ni félicitée spontanément par plusieurs des invités, si cela n’avait pas été le cas. Et une fois le discours fait, je pouvais jouir à cent pour cent d’un soirée d’été magnifique, dans une maison rouge en bois entourée de verdure et faisant face au lac Mälaren, en compagnie de gens d’horizons très divers mais tout aussi intéressants, et dégustant de mets suédois délicieux – tous très appréciés des invités français ! Une soirée idyllique, typiquement suédoise, telle qu’on les aime ! …

ett tal [ète tâle] = un discours, une allocution

talet [tâlète] = le discours (aussi : la parole)

tal [tâle] = des discours

talen [tâlène] = les discours

N.B.: Ce mot, avec la même déclinaison, signifie aussi « nombre », et par extention « problème mathématique ».

Le mot de la semaine : « lugn »

J’ai repris le travail depuis une semaine et demie. Je craignais un peu ce retour au bureau : je m’imaginais des tonnes de mail à lire et qu’il s’était passé beaucoup de choses en mon absence. 79 mails m’attendaient dans ma boîte de réception et le peu de problèmes survenus entre temps avaient été résolus avant mon retour. Aucun souci à se faire donc.

Les deux premiers jours, j’étais seule dans mon service, seule à mon étage ; nous étions peut-être cinq-six (sur trente) dans le bâtiment.

Cette semaine, deux de mes collègues sont revenues et quelques autres dans les autres étages. Il y avait du travail à faire, mais les pauses-café/thé et déjeuner étaient un peu plus longues que d’habitude. 🙂 Mais le fait de parler boulot parfois pendant ces pauses nous culpabilisaient moins de ne pas être devant nos ordinateurs huit heures d’affilé.

Peu de coup de téléphone, peu de mails, le calme et le silence dans les couloirs et les bureaux voisins … J’aime travailler dans ces conditions-là, sans collègue qui stressent et exigent que tout soit fait ”là maintenant, au mieux hier”… Pourtant, nous sommes en pleine préparation d’exposition, en pleine relecture d’épreuve de catalogue, en pleine organisation de transport, déballage et installation d’œuvres d’art. Mais dans le calme.

Le calme en suédois, c’est « ett lugn, lugnet » [ète lugne, lugnète]. « Det är lugnt » [dé ère lugnte] veut dire « c’est calme » mais aussi « c’est bon, pas de problème ». « Att ta det lugnt » [ate ta dé lugnte] signifie « être tranquille, prendre les choses calmement ». L’expression « Ta det lungt! » incite quelqu’un à rester calme.

Je dois dire que je redoute un peu la journée de demain, avec le retour de deux collègues qui parlent beaucoup (parfois pour ne rien dire), longtemps et fort. Comme je travaille avec les deux, ils arrivent que les deux viennent dans mon bureau, en même temps, pour me parler, et là je suis obligée de dire « Stop ! Un à la fois, merci ! »

Mais dans un sens, c’est aussi bien que je sois déjà replongée dans le bain quand ils reviennent. J’ai la situation sous contrôle et j’espère pouvoir continuer à travailler « i lugn och ro » [i lugne ô rou] (tranquillement).

NB! Attention à la prononciation de « lugn » : il faut bien prononcer le g avant le n. Il existe un mot suédois très semblable, « lunga » avec le n avant le g, qui signifie « poumon » et ce n’est pas vraiment la même chose. Je le fait remarquer car j’ai moi-même fait la faute de nombreuses fois et cela provoque soit l’étonnement soit l’hilarité chez les interlocuteurs suédois. Je veux vous éviter cette situation génante. 🙂

Le mot de la semaine : « Pride-veckan »

Le mot de la semaine est, cette fois-ci, anglo-suédois, une des preuves que l’on peut sans problème former de nouveaux suédois basés sur un mot anglais. Dans ce cas-là, il s’git simplement d’accoler un mot anglais, « pride » = fierté, à un mot suédois, « vecka » = semaine.

en vecka [ène vécka] = une semaine

veckan [véckane] = la semaine

veckor [véckore] = des semaines

veckorna [véckor(e)na] = les semaines

La « semaine des fiertés » donc. Stockholm Pride est un festival annuel qui, depuis 1998, s’étend sur une semaine fin juillet-début août, remplie de conférences, de concerts et d’activités diverses et qui s’achève par la « Prideparaden » ou le défilé qui prend agréablement des allures de carnaval.

C’est un événement populaire mais aussi politique car durant cette semaine sont soulevées des questions qui ont trait aux discriminations envers les homo-, bi- et transsexuels (= HBT, comme on abrége en suédois, ou LGBT en français et en anglais) et à leurs conditions de vie dans la société. On croirait que tout est pour le mieux en Suède, qui est si tolérante, si ouverte, si égalitaire, etc. C’est sûr qu’il vaut mieux être homo en Suède qu’au Nigeria mais il y a visiblement toujours des progrès à faire.

Saviez-vous par exemple qu’on force les transsexuels qui subissent une opération pour changer de sexe à  la stérilisation ? Oui, en Suède !…

Entre les années 1930 et 1970, on stérilisait de force surtout les handicapés mentaux mais aussi les gens du voyage. La loi qui autorisait ces stérilisations fut abolie en 1976 car on considérait, à juste titre, qu’elle constituait un crime contre l’humanité. Mais je ne savais pas que c’était encore en pratique envers les transsexuels …

Les journaux suédois ont publié chaque jour des reportages et des interviews sur des thèmes divers dans le cadre de cette « Pride-veckan ». Les musées et différentes institutions culturelles ont redoublés d’effort pour proposer des visites et des activités queer. Les hommes et femmes politiques se sont succédés sur scène au cours du festival pour montrer leur soutien et promettre des réformes (n’oublions pas que nous sommes en pleine campagne électorale !) Il est désormais presque de mauvais ton, voire politiquement incorrect, de refuser une invitation à participer au festival.

Dans les rues de Stockholm, sur les bus, les devantures des magasins (surtout dans Södermalm, le quartier ”bobo” qui participait à l’opération SoFo goes homo), partout on voyait des drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel, donnant ainsi un air de fête à la capitale suédoise. Même Jakobs kyrka (l’église St Jacques) dans Kungsträdgården avait orné son clocher du drapeau multicolore. ”Même”, comme si c’était étonnant que l’église suédoise apporte son soutien à l’événement … Mais le fait est que les questions HBT ne sont pas si évidentes que ça dans certaines catégories professionnelles. C’est désormais relativement accepté par l’église protestante (qui autorise depuis le 1er novembre 2009 le mariage homosexuel), mais l’église catholique doit faire encore quelques efforts. De même, les policiers ou militaires HBT/LGBT ne sont pas toujours acceuillis à bras ouverts.

Dans le défilé de samedi (photos ici), on pouvait voir des gens de tous âges, de couleurs politiques, de religion et de professions différentes, tous réclamant les mêmes droits pour tous, les même droits que les hétérosexuels.