Kategoriarkiv: Le mot de la semaine 2008—2013

Le mot de la semaine : « sedlar »

En 2015, la Suède se dotera de nouveaux billets de banque. Un concours a été lancé pour leur design graphique et le résultat a été présenté le 24 avril dernier.

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en sedel [ène sédèle] = un billet

sedeln [sédèl(e)ne] = le billet

sedlar [sédlare] = des billets

sedlarna [sédlar(e)na] = les billets

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Billet de 20 couronnes recto Billet de 20 couronnes verso Billet de 50 couronnes recto

Billet de 100 couronnes recto Billet de 100 couronnes verso

Billet de 500 couronnes recto Billet de 500 couronnes verso Billet de 1 000 couronnes recto

Aujourd’hui, les billets actuels ont les valeurs suivantes : 20, 50, 100, 500 et 1 000 couronnes, et sont en circulation depuis les années 1980-1990.

Selma Lagerlöf
Selma Lagerlöf (photo 1928 Atelier Jaeger, Stockholm)

Sur le billet actuel de 20 couronnes, on voit Selma Lagerlöf (1858-1940), gravée après une photographie prise dans l’atelier Jaeger en 1922. Selma Lagerlöf est une des auteures suédoises les plus connues de part le monde et fut la première femme à figurer sur un billet suédois. Elle obtenu le prix Nobel de littérature en 1909 et siégea à l’Académie suédoise à partir de 1914. Sur le recto du billet de 20 couronnes, on voit aussi le début de son premier roman, La légende de Gösta Berling. Au verso, Nils Holgersson survole les plaines scaniennes sur le dos de l’oie Mårten.

Jenny Lind
Jenny Lind (calotype des années 1840 retouché, Nordiska museet)

Sur le billet de 50 couronnes figure la cantatrice Jenny Lind (1820-1887), surnommée le ”rossignol suédois”, d’après une litographie d’environ 1845, et les notes de l’opéra Norma composé par Bellini. Au recto un paysage suédois stylisé et une « silverbasharpa », une sorte de « nyckelharpa ».

Carl von Linné
Carl von Linné (portrait peint en 1775 par Alexandre Roslin, Nationalmuseum)

Sur le billet de 100 couronnes, on retrouve le botaniste Carl von Linné (1707-1778), connu à travers le monde entier pour avoir lancé les bases d’une nomenclature végétale. Le portrait gravé sur le billet reprend celui du non moins connu peintre Alexandre Roslin (1718-1793), et côtoie des dessins de plantes issues de son œuvre de jeunesse Præludia Sponsaliarum Plantarum (1729). Au recto, on a voulu illustrer l’héritage de Linné dans le monde scientifique avec une abeille en train de polliniser une fleur, d’après des photos du Lennart Nilsson. (Linné n’avait visiblement jamais compris le rôle des abeilles …)

Karl XI
Karl XI (portrait peint en 1676 par David Klöcker Ehrenstrahl, Nationalmuseum)

C’est le roi Charles XI (1655-1697) qui trône sur le billet de 500 couronnes, d’après un portrait peint par le peintre de cour David Klöcker Ehrenstrahl (1628-1698) lors de la bataille de Lund en 1676 (entre la Suède et le Danemark). C’est sous son règne que fut créée la Banque de Suède (« Sveriges riksbank ») et c’est pourquoi le bâtiment figure également au verso. Au recto, on peut voir un portrait de Christopher Polhem (1661-1751), le père de l’industrie suédoise, d’après un portrait peint en 1741 par Johan Henrik Scheffel (1690-1781) ; à l’arrière-plan, la roue d’engrenage de Stjärnsund et les mines de cuivre de Falun en Dalécarlie.

Gustav Vasa
Gustav Vasa (peint dans les années 1620 par Cornelius Arendtz)

Sur le billet de 1 000 couronnes, encore un roi : Gustav Vasa (1496-1560), d’après un portrait peint dans les années 1620 par Cornelius Arendtz (env. 1590-env. 1655). C’est Gustav Vasa qui rendit la monarchie suédoise héréditaire (auparavant, les rois étaient élus) et instaura le protestantisme comme religion d’état (pour mettre la main sur les biens de l’église catholique). La dynastie Vasa resta sur le trône de Suède jusqu’à l’abdication de la reine Christine en 1654. À l’arrière de Gustav Vasa, on peut voir le « Vädersolstavlan » qui est aujourd’hui visible à Storkyrkan, dans la Vieille Ville de Stockholm, et qui représente une parhélie, qui eut lieu le 20 avril 1535 à Stockholm. Ce tableau est la plus ancienne image de Stockholm existant. Au recto de « tusenlappen », une scène de moissons illustre un passage de Historia de gentibus septentrionalibus (Histoire des peuples du nord) d’Olaus Magnus, datant de 1555. Olaus Magnus fut le dernier évêque catholique en Suède. Son œuvre écrite est considérée comme une des sources les plus importantes pour ce qui est de la géographie, de la culture et de l’histoire de la Suède du XVIème siècle.

 

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Au quotidien, on désigne souvent ces billets par leur valeur suivie du mot « lapp » = morceau de papier :

en lapp [ène lape]

lappen [lapène]

lappar [lapare]

lapparna [lapar(e)na]

 

en tjugolapp [ène chugolape] = un billet de 20 kr

en femtiolapp [ène femtiolape] = un billet de 50 kr

en hundralapp [ène ‘hunedralape] = un billet de 100 kr

en femhundralapp [ène fèm‘hunedralape] = un billet de 500 kr

en tusenlapp [ène tusènelape] = un billet de 1 000 kr

Pour les billets de 100 et 500 kr, on peut aussi dire : « en hundring » [ène ‘hunedring] et « en femhundring » [ène fème’hunedring].

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Les billets suédois actuels Les nouveaux billets suédois

La nouveauté parmi les nouveaux billets à venir, c’est : une modernisation des motifs (disparition des rois, toutes les personalités ont vécu au XXème siècle), la prédominance du thème culurel (une écrivain, un chanteur-troubadour, une actrice, un régisseur, une chanteuse d’opéra et un diplomate) ainsi que l’introduction du « tvåhundring », billet de 200 couronnes. Chaque personnalité est doublée au verso d’un paysage accompagné de sa fleur emblématique.

Astrid Lindgren
Astrid Lindgren (Photo de Jacob Forsell, ©Pressens bild)

Longtemps, les Suédois ont voulu voir leur écrivain préférée, Astrid Lindgren, (1907-2002) figurer sur un billet ; c’est maintenant chose faite : elle est en effet devenue la figure de proue du billet de 20 couronnes. Au recto, un paysage de Småland, région de laquelle est originaire la créatrice de Fifi Brindacier et Zozo la tornade, et une linnée boréale.

Evert Taube
Evert Taube (sculpté par son épouse, Astri Taube)

Evert Taube (1890-1976), qui chanta la mer, la nature, les paysages suédois et bien sûr l’amour, ornera les billets de 50 couronnes. Au dos de ce billet, un paysage de Bohuslän et une fleur de chèvrefeuille des bois.

Greta Garbo
Greta Garbo (photo 1931)

L’actrice universalement connue, Greta Garbo (1905-1990), trônera sur les billets de 100 couronnes avec une vue de Stockholm au dos. (Stockholm fait partie de l’Uppland, dont la fleur est la fritillaire pintade mais celle-ci ne figurera pas sur le billet de 100 kr.)

Ingmar Bergman
Ingmar Bergman (photo 1983 de Bertil Ericson, SCANPIX)

Ingmar Bergman (1918-2007), le metteur de scène de théâtre, scénariste et réalisateur suédois le plus connu au monde, a été choisi pour le nouveau billet de 200 couronnes. Il décéda sur sa chère île de Fårö [faureu], située en mer Baltique, au nord de la grande île Gotland, qui figure au recto de ce billet, avec le lierre grimpant.

Birgit Nilsson
Birgit Nilsson (photo 1979 de Sara Krulwich, The New York Times)

La soprano Birgit Nilsson (1918-2005) n’est peut-être plus aujourd’hui aussi connue hors les frontières suèdoises, mais elle eut sa période de gloire entre les années 1950 et 1970 et donna sa voix aux rôles d’Elektra, Salomé, Isolde, Tosca, Aïda et bien d’autres. Au dos de son billet de 500 couronnes : sa région d’origine, la Scanie, avec le pont d’Öresund reliant Malmö à Copenhague, et la marguerite commune.

Dag Hammarskjöld
Dag Hammarskjöld

Enfin, sur le billet de 1 000 couronnes, on verra le portrait du diplomate Dag Hammarskjöld (1905-1961), mort dans un accident d’avion, en Afrique, alors qu’il était secrétaire général des Nations Unies. On lui décerna le prix Nobel de la paix à titre posthume, la même année. Pourquoi on a choisi la Laponie et sa fleur, la dryade à huit pétales, pour le recto de ce billet, je l’ignore ; je ne vois aucune relation entre la Laponie et Dag Hammarskjöld, qui, comme Astrid Lindgren, était originaire du Småland.

Le nouveau billet de 20 couronnes Le nouveau billet de 50 couronnes Le nouveau billet de 100 couronnes Le nouveau billet de 200 couronnes Le nouveau billet de 500 couronnes Le nouveau billet de 1 000 couronnes

Le projet gagnant porte le nom de « Kulturresan » (= Le voyage culturel) et a été dessiné par Göran Österlund, designer et graveur. Le jury considère cette participation au concours comme cohérente avec des recto et verso qui interagissent de manière claire et harmonieuse. Les portraits s’adapteront facilement à la gravure. Les motifs au verso sont typiques des paysages. L’impression générale est celle d’une belle série de billets parfaitement équilibrée entre innovation et tradition. Les chiffres des valeurs sont jugés intemporels et facile à lire, clairement différenciables.

Natur och kultur i symbios recto Natur och kultur i symbios verso

Les autres projets proposés dans le cadre de ce concours suivent bien sûr les mêmes choix de personnalités et de paysage, mais la forme graphique varie énormément. Ma série préférée s’intitule « Natur och kultur i symbios » (= Nature et culture en symbiose, dessiné par Ali Tabatabai de WEM3 et par Mads Quitsgaard de PLEKS, deux bureaux de design danois) qui ose la forme verticale et des couleurs franches. Mais le jury a trouvé qu’il n’était pas suffisamment facile de différencier les valeurs, que le format vertical des portraits au recto et horizontal des paysages au verso engendrait une certaine inconséquence et que le placement des chiffres des valeurs n’était pas pratique pour ce qui est de la manipulation des billets.

Les autres projets s’intitulent : « Alskäde aktörer » (= Chers acteurs, dessiné par Hans Cogne, designer et professeur de design à Konstfack, Clara Terne, illustratrice et Lars Sjööblom, graveur et designer) :

Älskade aktörer recto Älskade aktörer verso

« Aurora Borealis » (dessiné par Göran Dalhov, artiste et architecte) :

Aurora Borealis recto Aurora Borealis verso

« Det avlånga landet » (= Le pays allongé, dessiné par Stockholm Design Lab, avec Björn Kussofsky, Per Carlsson et Martin Mörck) :

Det avlånga landet recto Det avlånga landet verso

« Inspiration 2012 » (dessiné par Sirje Papp, designer, et Vince Reichardt, artiste) :

Inspiration 2012 recto Inspiration 2012 verso

« Kultur i blom » (= Culture en fleurs, dessiné par Lars Arrhenius et Martina Müntzing, tous deux artistes) :

Kultur i blom recto Kultur i blom verso

et « Nära i bild » (= Portraits intimes (?), dessiné par Gustav Granström et Oscar Laufersweiler, tous deux designers de Ritator et Peter Johansson, artiste) :

Nära i Bild framsidan Nära i Bild baksidan

De nouvelles pièces seront aussi mises en circulation en même temps que les nouveaux billets. À part la pièce de 10 couronnes qui restera inchangée, les autres seront plus petites que celles d’aujourd’hui et on introduira une pièce de 2 couronnes. Il est de tradition que le profil du chef d’état suédois, c’est-à-dire le roi, soit gravé sur les pièces suédoises et la Banque de Suède a choisi de s’y tenir.

À partir du 4 mai, on peut visiter une exposition sur les nouveaux billets suédois au Cabinet Royal des Monnaies, voisin du Palais Royal, à Stockholm.

 

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « bokcirkel »

L’été dernier, j’ai retrouvé le plaisir de lire. Sans ordinateur pendant plusieurs semaines, j’avais de nouveau le temps de me replonger dans la lecture, à l’ombre ou au soleil dans le jardin de mes parents, dans le train, ou au lit avant d’éteindre pour la nuit. J’ai lu plusieurs romans en peu de temps, entre autres : L’Hibiscus pourpre de Chimamanda Ngozi Adichie, Le passé n’est pas un rêve de Theodor Kallifatides (mon auteur préféré), et Purge de Sofi Oksanen.

L'Hibiscus pourpre

Une fois les vacances finies, je n’avais qu’un souhait : continuer à lire, même si ça ne pouvait pas être autant, mais peut-être au moins une demi-heure tous les soirs avant de m’endormir. Mais il me fut beaucoup plus difficile que je ne le croyais de m’y tenir. C’est surtout une question de discipline : il y a tellement de choses qui distraient de la lecture …

J’en suis venue à penser que je devais trouver une manière de me forcer à lire. Le mot ”forcer” est très fort, je sais, et tout à fait contradictoire dans ce contexte, car je veux que la lecture reste un plaisir. Il s’agit donc plutôt de trouver une manière de me forcer à mettre en place une certaine discipline de lecture. Je suis une grande consommatrice de livres, mais consommatrice dans le sens purement commercial du terme : j’achète des livres en me disant que je les lirai un jour … Un jour oui … Et c’est bien dommage de collectionner des livres sans presque jamais les ouvrir … La solution est donc de faire partie d’un « bokcirkel », de « bok » = livre et « cirkel » = cercle, c’est-à-dire un cercle de lecture. Et pour me mettre encore plus la pression, je suis même dans deux cercles de lecture maintenant. (C’est tout ou rien, avec moi …)

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en bokcirkel [ène boukcirkèl] = un cercle de lecture

bokcirkeln [boukcirkèlne] = le cercle de lecture

bokcirklar [boukcirklare] = des cercles de lecture

bokcirklarna [boukcirklar(e)na] = les cercles de lecture

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Le premier cercle de lecture est un grand cercle, formé de gens que je ne connais pas, et organisé par le Nationalmuseum à l’occasion du ré-accrochage des collections d’art français du XIXème siècle intitulé « Det moderna livet » = La Vie moderne (dont je reparlerai bientôt sur ce blog). Le premier livre à lire était L’Assommoir d’Émile Zola (« Krogen » [krouguène] en suédois, qui signifie restaurant, auberge), dans une traduction datant des années 1940, un peu vieillotte donc. Je dois dire que je trouve l’ancienne traduction du titre en suédois mieux choisie : « Fällan » [fèlane] = le piège. En français, j’avais déjà lu Germinal et Nana dont j’ai pu retrouvé les protoganistes dans L’Assommoir, en tant qu’enfants. Au cours de mes études de français à l’université de Stockholm, j’ai aussi eu l’occasion de lire Thérèse Raquin, une autre histoire bien sordide. L’histoire de l’Assommoir est déprimante mais j’aime le style très photographique de Zola et sa manière, rarement flatteuse, de décrire ses personnages ; ses descriptions de la ville de Paris en font aussi un personnage à part entière.

Krogen, Émile Zola

Un cercle de lecture n’est pas un cercle si on ne se rencontre pas pour discuter du livre lu. Le 10 mai donc, une centaine de personnes se rassemblaient dans l’auditorium du Nationalmuseum pour une première rencontre. L’auteur et critique littéraire Anneli Jordahl présenta le roman de Zola en le replaçant dans son contexte sociologique et en faisant des parallèles avec la littérature suédoise des dernières années où l’on retrouve souvent les thèmes de l’alcoolisme et autres addictions. Une conservatrice du musée illustra ensuite le roman avec des œuvres d’art de l’époque (peintures, photographies, gravures, affiches) et pour finir, nous nous sommes installés dans les salles d’exposition pour discuter du roman en petits groupes. Ce fut une soirée très intéressante et bien sympa. La prochaine rencontre est prévue pour la fin octobre où l’on discutera alors de Bel-Ami de Maupassant (mon auteur français préféré). Une troisième rencontre devrait avoir lieu avant Noël pour achever l’année en beauté avec un roman de Zola encore : Le Ventre de Paris.

D'Acier, Silvia Avallone

Maintenant que je suis venue à bout de l’Assommoir (car ce ne fut pas une mince affaire, mine de rien : 500 pages de misère …), je vais maintenant me re-plonger dans le milieu ouvrier, mais en Italie cette fois-ci, et à notre époque. En effet, une amie suédoise a mis en route un cercle de lecture, où nous sommes une dizaine, et le premier livre choisi est D’acier de Silvia Avallone. Première rencontre : le 20 mai. J’ai donc une semaine pour le lire, mais il est moins épais que l’Assommoir, donc j’espère bien finir de le lire à temps.

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « källsortering »

Le mot de la semaine est un mot composé de « källa » = source et de « sortera » = trier ; il veut donc dire ”tri à la source”, sous-entendu des déchets, ou tri sélectif comme on dit en français. C’est le tri des déchets que l’on fait à domicile ou comme dans le cas présent, au travail.

En effet depuis cette semaine, des petits chariots dotées de quatre bacs en plastique ont pris place dans les cuisines-salles à manger du personnel du Nationalmuseum. Enfin… dirais-je. Non pas que j’ai énormément de déchets à jeter puisque j’ai souvent avec moi ma gamelle du midi, dans une boîte en plastique de récupération, que je réutilise, mais il arrive parfois qu’on achète une salade ou un plat tout prêt et j’ai toujours préféré faire comme à la maison : séparer les emballages, plastique, carton, aluminium et verre. (J’en avais déjà parler il y a longtemps.)

 

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en källsortering [ène chèlesoretéring] = un tri sélectif

källsorteringen [chèlesoretéringuène] = le tri sélectif

källsorteringar [chèlesoretéringare] = des tris sélectifs

källsorteringarna [chèlesoretéringar(e)na] = les tris sélectifs

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Le verbe « källsortera » existe également :

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jag källsorterar [jâgue chèlesoretérare] = je trie les déchets

jag har källsorterat [jâgue ‘hare chèlesoretérate] = j’ai trié les déchets

jag källsorterade [jâgue chèlesoretéradé] = je triais les déchets

jag ska källsortera [jâgue ska chèlesoretéra] = je trierai les déchets

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Le recyclage en lui-même s’appelle « återvinning » [autérevining], de « åter » = re– et « vinna » = obtenir, gagner, conquérir. Le verbe « återvinna » [autérvina] signifie recycler.

 

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « medborgare »

En ce jour de premier tour d’élections présidentielles, je me dois d’aborder ce mot qui veut dire « citoyen » (à comparer avec l’allemand « mitbürger »). Il est composé de « med + borgare » = « avec + bourgeois », une personne faisant partie d’une communauté, en quelque sorte. Un « borgare » était à l’origine quelqu’un qui vivait en ville et y avait obtenu le privilège de faire du commerce.

 

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en medborgare [ène médeboryaré] = un citoyen

medborgaren [médeboryarène] = le citoyen

medborgare [médeboryaré] = des citoyens

medborgarna [médeboryar(e)na] = les citoyens

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Pour parler de citoyenneté, il suffit de rajouter « —skap » = « medborgarskap » [médboryar(e)skape]. On peut aussi parler de « medborgarrätt » [médboryarrète] = droit civil, droit du citoyen, ainsi que de « medborgarplikt » [médboryar(e)plikt] = devoir civil, devoir du citoyen.

Aujourd’hui, j’ai donc rempli mon « medborgarplikt » : je suis allée voter à l’ambassade de France de Stockholm. Mais je n’étais pas loin du désespoir quand je n’arrivais pas à remettre la main sur ma carte d’identité française. Je savais que je l’avais mise dans un portefeuille avec mon passeport français et ma carte d’immatriculation consulaire. Tous les œufs dans le même panier, ce n’est peut-être pas très malin, je vous l’avoue. Si j’avais dispersé les trois documents, j’aurais (peut-être) eu plus de chance de retrouver l’un des trois qui m’aurait permit de voter … Je commençais à paniquer après avoir fouillé dans les tiroirs de la penderie de l’entrée dix fois et passé et repassé en revue des piles de magazines … quand mon regard s’est enfin posé sur le portefeuille en question, sur une étagère où je ne me souviens pas l’avoir mis, même si j’avais sûrement pensé qu’il serait facile à retrouver … Ce n’est pas là que je vais le remettre en tout cas … Et du coup, je me suis rendue à l’ambassade avec les trois documents, au cas où …

Je ne dévoilerais pas mon choix de vote (je n’ai pas vraiment de candidat favori, j’ai voté pour le ”moins pire” et selon mes convictions politiques), mais si vous voulez vous amusez jusqu’à ce que les résultats soient dévoilés ce soir, aller faire un tour sur Twitter et cherchez le hashtag #RadioLondres. 🙂 (Pour l’historique de Radio Londres, c’est ici.)

 

Le mot de la semaine : « sola »

Depuis quelques semaines, le printemps lutte pour succéder à l’hiver. C’est un combat de longue haleine. Deux jours de vent glacial laissent la place à une journée ensoleillée qui laisse la place à … la neige. C’est ce qu’on appelle « aprilväder » en suédois.

120408_1

SMHI (l’équivalent de Météo France) explique ces changements météorologiques brusques ainsi : april est le mois de l’année où la température augmente le plus rapidement. Le soleil commence à réchauffer le sol, et l’air chaud s’élève et forme des cumulus. Mais au-dessus de ceux-ci, l’air est encore froid et l’humidité se transforme alors en glace et les cumulus en cumulonimbus. C’est alors qu’il peut pleuvoir, neiger ou grêler — nous avons eu les trois cas de figure en l’espace de deux semaines.

120408_2

Mais les Suédois languissent du soleil et ne manquent pas une occasion d’en profiter. Même s’il ne fait pas encore très chaud, les bancs, les marches, les quais se peuplent dès que le soleil fait son apparition. L’idéal est de trouver un banc, à l’abri du vent, le long d’un mur de maison sur lequel le soleil donne : la chaleur reflétée par le mur est très agréable … et ces places sont chères ! 🙂

att sola [ate soula] = se faire bronzer, se dorer au soleil

jag solar [jâgue soulare] = je me fais bronzer

jag har solat [jâgue ‘hare soulate] = je me suis fait bronzer

jag solade [jâgue souladé] = je me faisais bronzer

jag ska sola [jâgue ska soulare] = je me ferai bronzer

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « aprilskämt »

Les Suédois aussi aiment bien faire des blagues le 1er avril : « aprilskämt » [aprilechèmte].

ett skämt [ète chèmte] = une blague

skämtet [chèmtète] = la blague

skämt [chèmt] = des blagues

skämten [chèmtène] = les blagues

La tradition des poissons d’avril, selon les Suédois (pour la version française, lire Wikipedia), remonterait à l’Antiquité, quand l’année commençait le 25 mars. Le 1er avril était alors le huitième jour des festivités du Nouvel An. Quand le début de l’année fut déplacé au 1er janvier, en 153 avant notre ère, de nombreuses personnes continuaient quand même à fêter le 1er avril. Pour se moquer d’eux, on leur faisait des blagues.

Si un Suèdois croit à un poisson d’avril, on lui dit : ”April april din dumma sill, jag kan lura dig vart jag vill” = ”Avril avril, hareng idiot, je te roule comme je veux” (ou ”je te mène par le bout du nez” peut-être?). On retrouve donc ici aussi le thème du poisson, qui s’explique par le fait que pendant le Carême, il est interdit de manger de la viande.

Poisson d'avril

Pour ma part, je m’amuse toujours à chercher dans mon quotidien le canular du 1er avril. Aujourd’hui, je ne l’ai pas trouvé, mais je n’ai pas non plus lu l’article en question, donc je ne me suis pas faite avoir, mais j’ai cru au canular de Rue89 à la place …

Le canular de Arbetaren aujourd’hui relatait que la Sécu suédoise avait commencé à espionner les retraités les plus actifs pour les remettre au travail le plus rapidement possible — l’âge de la retraite est en effet un sujet actuel et sensible.

Le canular dont les Suédois se souviennent le plus date de 1962 quand la télévision suédoise révéla qu’on pouvait obtenir la télé en couleur (elle était en noir et blanc à l’époque) en la recouvrant d’un bas en nylon. Il semblerait que de nombreux Suédois aient alors essayé ! 🙂

Version suédoise ici

 

Le mot de la semaine : « afterwork »

Ce mot s’écrit « afterwork » ou « after work » en suédois et se prononce comme en anglais. Il ne se ”décline” pas, mais comme la plupart des mots importés de la langue suédoise, mais si on veut on peut lui attribuer l’article indéfini « en ».

 

Après quelques semaines de travail très intensives avant l’ouverture de la nouvelle exposition au musée, j’ai retrouvé des horaires de travail normales et la possibilité de sortir entre amis en soirée.

Tapas : Betteraves rouges au chèvre

Mercredi soir, c’était la French connexion qui organisait un afterwork entre Français. Nous nous étions donné rendez-vous au café JLC à Odenplan. Nous n’avions pas réservé de table, mais quand nous avons dépassé le nombre de 5 participants, les propriétaires du café nous ont installé dans une salle jusqu’alors fermée. Elles se sont mises en quatre pour nous, ont pris nos commandes et revenaient régulièrement pour vérifier que nous ne manquions de rien. Un endroit vraiment super !

Tapas : Dattes au bacon Le lendemain, c’était un afterwork entre collègues et ex-collègues, une manière bien sympa de garder le contact et de faire le point de temps en temps dans nos vies respectives. Nous avions réservé une table au restaurant Ramblas qui sert des tapas. Je me suis régalée de betteraves rouges au chèvre et de dattes au bacon ; j’ai achevé sur une note douce et sucrée avec une crème catalane.

Crème catalane

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « pannkakor »

Les « pannkakor » sont l’équivalent des crêpes (sucrées) françaises. On y retrouve le mot « kaka/kakor » qui signifie gâteau en général, et « pann- » de « panna » = poêle.

en pannakaka [ène panekâka] = une crêpe

pannakakan [panekâkane] = la crêpe

pannakakor [panekâkore] = des crêpes

pannakakorna [panekâkor(e)na] = les crêpes

Les « pannkakor » font partie du repas traditionnel suédois du jeudi, qui veut qu’on serve une soupe de pois chiche (« ärtsoppa » [èrtchopa]) aux lardons, accompagné de moutarde, suivie de crêpes avec de la confiture et de la crème fouettée. Les écoles qui proposent ce menu de temps en temps peuvent être sûres qu’elles serviront une quantité phénoménale de crêpes, mais que la soupe de pois leur restera sur les bras. 😉

Crêpes "pannkakor"

Certaines « pannkakor » suédoises sont préparées au four — « ugnspannkakor » (« ugn » = four)— dans un grand plat et contiennent soit des lardons pour la version salée — c’est la « fläskpannkaka » (« fläsk » [flèsque] = porc), servie en plat de résistance, accompagnée de confiture d’airelles — soit des pommes pour la version sucrée ; elles sont donc plus épaisses que des crêpes ”normales”.

 

Le mot « pannkaka » s’utilise aussi parfois pour parler du résultat d’une tentative ratée, où le produit final n’est pas du tout celui auquel on s’attendait au départ : « det blev bara pannkaka av det hela » [dé blève bâra panekâka av dé ‘héla].

 

Les crêpes fourrées et salés, ou galettes, s’appellent « crêpe » en suédois, histoire de faire simple … 🙂

en crêpe [ène krèpe] = une galette

crêpen [krèpène] = la galette

crêpes [krèpce] = des galettes

crêpesen [krèpcène] = les galettes

Toutefois, les « crêpes » suédoises sont en général faites à partir de farine blanche, comme les crêpes françaises donc, mais fourrées avec de la viande hâchée ou de crevettes, et gratinées au four. Les galettes de sarrasin ne sont donc pas monnaie courante dans les assiettes des Suédois, mais on peut en déguster de très bonnes chez Fyra Knop, à Slussen, ou à Byn, à S:t Eriksplan. Si vous souhaitez faire vos propres galettes, cherchez de la « bovetenmjöl » [bouvétémyeule] = farine de sarrasin, qu’on peut aussi utiliser pour faire des blinis.

 

"Plättlagg"L’équivalent suédois des blinis sont les « plättar » faites à base de farine blanche aussi. On les fait cuire dans une « plättlagg » [plètlague] : une poêle, souvent en fonte, avec 7 petits renfoncements ronds.

en plätt [ène plète]

plätten [plètène]

plättar [plètare]

plättarna [plètar(e)na]

Les « plättar » sont un plat populaire que l’on trouve en produit prêt-à-manger dans les supermarchés. On les réchauffe au micro-ondes et malgré qu’elles soient accompagnées de confiture d’airelle ou de fraise, elles peuvent parfois constituer le plat principal d’un déjeuner ou d’un dîner.

"Plättar"

Pour finir dans le thème des crêpes, les ”pancakes” américaines sont appelées « amerikanska pannkakor » et les meilleures que j’ai mangé en Suède étaient aux lardons et aux myrtilles : un délice !

Version suédoise ici

Le mot de la semaine : « passion »

Le mot de la semaine n’est ni difficile à traduire, ni difficile à prononcer, même si sa prononciation suédoise diffère un peu de la française : on dit à peut près [pachoune]. Il se décline de cette manière-là :

en passion [ène pachoune] = une passion

passionen [pachounène] = la passion

passioner [pachounère] = des passions

passionerna [pachounèr(e)na] = les passions

Ce mot, en suédois comme en français, a changé de signification à travers les âges. Une passion, aujourd’hui, correspond à un sentiment très fort et a une connotation souvent positive ; autrefois, le mot désignait toute émotion forte, positive ou négative. C’est dans ce sens qu’il est utilisé dans le titre de la nouvelle exposition du Nationalmuseum, inaugurée le 7 mars par la ministre suédoise de la culture, Lena Adelsohn Liljeroth : « Passioner. Konst och känslor genom fem sekler » en suédois, « Passions. Five Centuries of Art and Emotions » en anglais, ou « Passions. Cinq siècles d’art et d’émotions » en français.

Passioner – konst och känslor genom fem sekler from Nationalmuseum on Vimeo.

Le point de départ de l’exposition sont les Caractères de Charles Le Brun, dessins à travers lesquels il essayait au XVIIème siècle de systématiser les expressions des sentiments et qui ont inspiré de nombreux artistes postérieurs. Mais l’expression des sentiments est quelque chose qui a toujours intéressé et interrogé les artistes, comme en témoigne la copie en plâtre du célèbre Laocoon, dont l’original, datant du IIème och Ier siècle avant J.-C., fut redécouvert en Italie en 1506 et est désormais exposé au musée Pio-Clementino au Vatican.

Laocoon
Laocoon et ses fils (Source : Wikipedia. Photo © JuanMa 2005)

L’exposition du Nationalmuseum se base essentiellement sur les riches collections du musée dont les peintures, sculptures, dessins et gravures regorgent d’exemples illustrant des sentiments, ou l’absence de sentiments pour certaines. On y voit des œuvres de l’Hollandais Rembrandt, du Suédois Sergel, et du Français Coypel pour n’en citer que quelques-uns.

Franz Xaver Messerschmidt, Le Bailleur, étain
Franz Xaver Messerschmidt, Le bailleur, étain (Source : www-nationalmuseum.se. Photo © Museum of Fine Art, Budapest)

Pour compléter et élargir l’argument, des œuvres plus modernes ont été empruntées à d’autres musées, par exemple Edvard Munch, Charlie White, Absalon. De nombreux livres ayant trait à la physiognomie sont également exposés. Les œuvres vidéo de Bill Viola constituent le fil rouge de l’exposition : les six œuvres empruntées sont issues d’une série de 24 intitulée justement Passions à travers laquelle il réinterprète des thèmes courants de l’histoire de l’art en les rendant universel et plus humains, comme par exemple dans Dolorosa.

Bill Viola: Dolorosa
Bill Viola, Dolorosa (Source: www.nationalmuseum.se Photo © Bill Viola/Kira Perov)

Mon œuvre préférée, dans cette exposition, est celle de l’artiste hollandaise Rineke Dijkstra : une œuvre vidéo sur trois grands écrans intitulée Wheeping Woman, qui met en scène un groupe d’écoliers faisant face à une œuvre de Picasso lors d’une visite à la Tate Liverpool. Le côté génial de l’œuvre de Dijkstra est qu’on ne voit jamais l’œuvre de Picasso, mais seulement la réaction des enfants. Une réaction par les mots mais aussi par les gestes, dans leur interaction entre eux-mêmes et surtout entre eux et la peinture de Picasso. Le visage d’un des garçons exprime l’empathie qu’il ressent en étudiant le visage de Dora Maar pleurant. Pour moi, c’est l’œuvre la plus pertinente de l’exposition car elle montre comment l’être humain réagit aux sentiments de son prochain, par la sympathie et l’empathie. Cela rejoint le choix de scénographie de la première salle de l’exposition, pour l’occasion couverte de miroirs, justement pour refléter les sentiments des visiteurs au vue des œuvres accrochées aux murs.

Rineke Dijkstra, Wheeping Woman
Rineke Dijkstra, Wheeping Woman (Source: www.nationalmuseum.se Photo © Rineke Dijkstra)

Ce n’est donc pas une exposition abordant le thème de l’amour passionnel par exemple (à part éventuellement celui de la Passion du Christ) et la plupart des sentiments ne sont pas joyeux. Mais si vous voulez rire et sourire, je vous conseille vivement l’exposition parallèle, située au rez-de-chaussée du musée, qui traite de l’art de la caricature en Suède depuis le XVIème siècle jusqu’à nos jours. C’est une exposition très intéressante du point de vue historique et pleine d’humour tant par son contenu que par son accrochage.

Ces deux expositions se complètent très bien (prévoyez donc une bonne heure de visite si ce n’est plus) et elles sont ouvertes jusqu’au 12 août.

Version suédoise, ici

Le mot de la semaine : « beroende »

iPhone 4S blackMon iPhone est à l’agonie, le verdict est inéluctable : un dégât des eaux est fatal pour un iPhone …

Avant l’accident, j’étais déjà consciente que je ne pouvais pas m’en passer ; il est devenu un outil essentiel de ma vie quotidienne, privée et professionnelle … Cela fait maintenant deux semaines que je ne peux plus m’en servir ; je vais encore devoir attendre environ deux semaines avant d’en obtenir un nouveau … Un mois sans iPhone ?! Mais comment je vais faire ?… J’en suis vraiment devenue dépendante.

 

att vara beroende [ate vara bérouendé] = être dépendant/e

 

ett beroende [ète bérouendé] = une dépendance, une addiction

beroendet [bérouendète] = la dépendance, l’addiction

beroende [bérouendé] = des dépendances, des addictions

beroenden [bérouendène] = les dépendances, les addictions

 

Ce n’est pas seulement les passe-temps et divers loisirs qu’un iPhone peut procurer par l’intermédiaire des applications Facebook, Wordfeud etc… qui me manquent.

icône Facebook icône Wordfeud icône Whatsapp icône Momento

Ce sont tous les applications pratiques qui me manquent aussi : le calendrier, les mails, la possibilité de réserver (ou d’annuler) une place de yoga deux matins par semaine, consulter les horaires de bus …

icône iCal icône Friskis & Svettis icône transports en commun Stockholm icône carte

Un exemple tout récent : avec l’application-carte, je serais arrivée hier à la pâtisserie-boulangerie Petite France plus vite que prévu au lieu de tourner en rond dans le quartier à la recherche de la bonne rue. Bon, il faisait soleil, ça sentait le printemps, ce n’était pas désagréable, et bien que j’arrive 30 min en retard, j’étais une des premières au rendez-vous. Mais quand même …

Bien sûr, on survit sans son iPhone, mais ça tombe vraiment mal à pic quand c’est justement au moment où j’ai le plus besoin, professionnellement, d’être joignable. Car l’iPhone n’est pas seulement un téléphone, mais à la base, c’est quand même le but premier : pouvoir téléphoner et être joignable. En attendant d’en obtenir un nouveau (vive l’assurance tout risque!), j’ai pu glissé la carte SIM dans un vieux téléphone — à touches ! — et je suis de nouveau joignable. Ce n’est pas non plus un téléphone de l’âge préhistorique, donc je peux même « facebooker » un peu. Youpie !

Version suédoise ici