La phrase de la semaine : « Kalle Anka och hans vänner önskar God Jul »

Eh oui, depuis le temps que vous apprenez des mots et des verbes, je trouve que le moment est venu de passer au niveau supérieur : les phrases entières ! 🙂 Non ? Mais si ! On fait un essai cette semaine et vous me direz ce que vous en pensez, d’accord ? 😉

Décortiquons ensemble la phrase suivante, mot à mot :

« Kalle Anka och hans vänner önskar God Jul. »

« Kalle » [kalé] est le diminutif du prénom Karl. (Oui, d’accord, il n’y a pas moins de lettres que dans le prénom original, mais c’est comme ça, c’est tout.)

Un « anka » [an(e)ka] est un canard. Il s’agit donc d’un canard qui s’appelle Kalle (ou Karl ou Charles en français).

« och » [oque] veut dire « et ».

« hans » [‘han(e)sse] est un pronom possessif, masculin singulier, qui se rapporte à Kalle Anka = « son, sa, ses »

« vänner » [vènère] est la forme plurielle du substantif « vän » [vène] qui veut dire « ami ».

Le sujet est donc : Kalle le canard et ses amis.

Le verbe « att önska » [ate eun(e)ska] signifie « souhaiter ». Ici, il est conjugué au présent.

Et l’expression « God Jul » [goude yule], vous l’avez déjà rencontré sur le blog, il y a exactement deux ans. Vous ne vous en souvenez pas ? Alors je vous y renvoie ici …/… Ça y est, vous avez un petit bout de révision ? Bien ! Oui, cela veut dire « Bon Noël ».

Donc, si nous mettons tous les morceaux bout à bout, la phrase signifie : « Kalle le canard et ses amis souhaitent un Bon Noël. »

Mais qui peut bien être ce Kalle ??? Je vous donne un petit indice : Walt Disney … un canard de Walt Disney … Oui ! C’est Donald Duck ! 🙂 (Ne me demandez pas pourquoi il s’appelle Kalle en suédois, c’est comme ça, c’est tout.)

Cette phrase est le titre d’une émission télévisée culte que bon nombre de Suédois (moi y compris) regarde tous les ans, le 24 décembre (« julafton » [yulaftone] = veille de Noël), sur la première chaîne publique suédoise, SVT 1, à partir de 15h. C’est l’équivalent de « From All of Us to All of You ». C’est une des émissions suédoises qui a le plus d’audition (plus de trois millions de personnes) et qui est diffusée depuis 1960 ! En plus, à l’exception du dernier dessin animé, ce sont toujours les mêmes qui en font partie, mais ce sont vraiment des perles de Walt Disney. Voici le programme :

  • une scène de Cendrillon, quand les souris lui recousent sa robe de bal

  • une scène de la Belle et le Clochard, quand ils dégustent un plat de spaghettis en amoureux
  • une scène du Livre de la Jungle, quand Baloo rencontre Mowgli pour la première fois
  • une scène de Blanche-Neige, quand elle danse avec les sept nains

  • une scène de Robin des bois, quand il vole l’argent du roi et libère les pauvres emprisonnés

L’émission est devenue tellement populaire que le moindre changement au programme soulève un vent de protestation parmi les téléspectateurs, comme l’année où Ferdinand a été remplacé par le Vilain petit canard. Je dois dire que Ferdinand est le dessin animé que je préfère dans l’émission — peut-être parce que je ne l’avais jamais vu avant de venir en Suède et que je le trouve vraiment bien.

Alors, que pensez-vous de la phrase de la semaine ? 🙂

Au fait, j’espère que vous avez tous passé un bon Noël !

Ceci est le dernier billet de 2010. Rendez-vous dimanche prochain, en l’an 2011. Je vous souhaite dors et déjà une bonne Saint-Sylvestre !

Le mot de la semaine : « julbord »

La « julbord », ou buffet de Noël, est pratiquement une institution suédoise. Dès l’automne, les restaurants font leur publicité pour inciter les gens à réserver des tables au plus tôt, pour des repas qui sont servis à partir du premier week-end de l’avent ou dès le début de décembre, et ce jusqu’à Noël.

Le mot est composé de « jul » = Noël et de « bord » = table.

ett julbord [ète yulebourde] = un buffet de Noël

julbordet [yulebourdète] = le buffet de Noël

julbord [yulebourde] = des buffets de Noël

julborden [yulebourdène] = les buffets de Noël

La « julbord » traditionnelle propose des harengs marinés, du jambon des Noël, des boulettes des viandes, des saucisses, des pommes de terre, du « Jansons frestelse » (gratin de pommes de terre aux anchois), des salades de choux rouge etc… Mais depuis plusieurs années, on trouve de nombreuses variantes : de plus en plus de restaurants asiatiques, libanais, turcs ou grecs proposent leurs buffets de Noël.

Il est très courant que les employeurs invitent leurs collaborateurs à un repas de Noël, à midi ou en soirée. Cette année, ma chef d’équipe avait réservé une table pour dix personnes au restaurant du Moderna Museet qui, cette année, s’est inspiré de mets traditionnels des années 1970 pour les poissons, 80 pour la charcuterie, 90 pour les plats chauds et 2000 pour les desserts, en y rajoutant des touches typiques de Noël.

Voici le menu :

Appéritif :

« Glögg » (vin épicé et sucré) glacé aux airelles, accompagné de chocolat aux raisins secs et amandes

Années 1970 :

Cocktail de crevettes avec aïoli au safran

Salade de saumon fumé et moules

Omelette au four avec oignon et anchois

Gâteau-sandwich au hareng mariné

Pommes de terre avec crème au « kaviar »

Harengs marinés à l’oignon

Cubes de fromage « Herrgård »

Années 1980 :

Quiche à l’échalote

Pâté de gibier avec sauce Cumberland

Champignons marinés

Salade de pomme de terre à la crème

Plateau exotique : charcuterie d’agneau, de sanglier et de dinde, mangue, ananas et kiwi

Années 1990 :

Épeautre à la cannelle avec choux d’hiver

Brochettes de poulets au piment de Jamaïque

Choux de Bruxelles au four avec miel et fromage feta

Gratin de pommes de terre aux herbes

Saucisses (« prinskorv ») http://en.wikipedia.org/wiki/Prinskorv de gibier

Boulettes de viande de gibier

Chou-fleur en saumure

Années 2000 :

Mousse au chocolat

Poires au sirop à la cardamome et fruits secs

Crème au chocolat blanc à l’anis étoilé saupoudrée de baies soufflées

Meringue à la réglisse

Tartelettes au citron et à la crème à la cannelle

Pâtes de fruits, pralines et caramels

Ce repas de Noël entre collègues fut exquis et très agréable, avec, comme d’habitude lors que l’on déjeune au Moderna Museet, une vue magnifique sur Strandvägen. Dommage d’avoir une réunion planifiée juste après, sinon, j’aurais pris le temps de le savourer plus amplement…

Le mot de la semaine : Visby

Pour cette semaine, pas de grammaire ni de conjugaison, mais un peu de culture générale suédoise.

De lundi à mercredi, j’ai participé à une conférence sur le thème de l’exposition comme média, organisée par Riksutställningar, à Visby [vissebu] sur l’île de Gotland. Riksutställningar [rikssutstèll(e)nin(e)gare] est une agence publique au niveau national (« riks- ») fondée au milieu des années 1960 qui relève du Ministère de la Culture et dont la tâche consiste à produire des expositions (« utställningar ») itinérantes sur des thèmes de la vie et de la société contemporaines. Un des buts de cette agence est d’élargir l’accès à la culture à d’autres régions de Suède qu’aux seules grandes villes. Beaucoup de musées régionaux ont bénéficié du matériel, le plus souvent très pédagogique, crée par Riksutställningar. (Leur mission va changer à partir du 1er janvier 2011: ils vont désormais plutôt soutenir et former les employés des musées régionaux au niveau technique et pédagogique.)

En 2005, le gouvernement suédois décida de décentraliser de nombreuses administrations et agences publiques. Riksutställningar déménagea à Visby en 2007 et partage avec Riksantikvariämbetet [rikssantikvariéèm(e)bétète — ou RAÄ [r – a – è] pour faire plus simple ;-)] (Agence du patrimoine national) un nouveau bâtiment, spécialement conçu et construit pour les besoins de ces deux agences.

La conférence était très bien planifiée avec des interventions de 45 min sur des sujets très divers et aussi intéressants les uns que les autres : sponsorisation culturelle, pédagogie, prévention à l’incendie et autres risques pour les objets culturels (mobiliers et immobiliers), nouvelles techniques de communication (communautés sur internet, iPhone/téléphones androids), expositions internationales, etc… Les intervenants se tenaient vraiment aux trois quarts d’heure et on avait donc toujours 15 min pour se dégourdir les jambes, prendre une tasse de thé ou de café et se préparer à la prochaine intervention. Ce fut trois jours très intensifs (d’ailleurs la conférence s’appelait « intensivdagarna » [in(e)tèn(e)sivedagarna]) mais très instructifs et inspirants. J’apprécie ce genre de conférence, d’autant que mon travail est très administratif. J’ai besoin de stimulation un peu plus intellectuelle de temps en temps.

La conférence s’achevait mercredi vers 14h, après le déjeuner, et j’ai eu le temps de me balader un peu dans la vieille ville de Visby avant de reprendre le bateau pour Nynäshamn (banlieue sud de Stockholm) à 16h45. Visby a été fondée au Xème siècle sur l’île de Gotland qui, à cette époque, appartenait au Danmark. Le nom de la ville est composé de « vi » = « lieu païen » et de « by » = « ville » (ce dernier a encore la même signification en gotlandais ou gutnisk, danois et norvégien, tandis qu’en suédois, il veut dire « village »). Le centre historique de la ville — qui fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO — est très charmant dans son style médiéval et les remparts (« ringmur ») de plus de 4 km qui l’entoure est fascinant, de jour comme de nuit.

Visby est célèbre pour son festival médiéval et sa semaine politique d’Almedalen qui ont lieu chaque année, en été. L’île de Gotland est connu pour son microclimat, plus doux que sur la terre ferme (très apprécié des Stockholmois l’été), ses élevages de moutons (viande et laine) et l’utilisation variée du safran dans sa cuisine. Une des spécialités culinaires gotlandaise est le gâteau de riz au safran (« saffranspannkaka ») qui est servi avec de la crème fouettée et de la confiture de framboises bleues (« salmbär », Rubus caesius de son petit nom latin) : un délice !

Le mot de la semaine : « lager-på-lager »

Le mot de cette semaine est relaté à la météo actuelle : l’hiver est désormais bien installé en Suède et les grands froids se manifestent plus tôt que l’an dernier. (L’an dernier, les journaux parlaient de froid polaire ; cette année de froid russe. Je ne sais pas si c’est un effet de style ou des notions un tant soit peu scientifiques.)

Je ne m’en plains pas car je préfère la neige à la pluie. La neige éclaire les courtes journées suédoises, amortit les bruits, arrondie les formes urbaines et embellie la nature de manière presque magique.

La glace commence également à faire son apparition dans l’archipel. Les lignes de bateau passent aux horaires d’hiver plus tôt que l’an dernier. Jeudi, c’était la première fois que le ferry pour Skeppsholmen et Djurgården se frayait un chemin dans les glaces, peu épaisses certes, mais je jubilais. 🙂 Côté température, le minimum que nous ayons eu jusqu’à maintenant a été -17 degrés.

Les Suédois ont été un peu trop gâtés ces dernières années avec des hivers relativement doux, car les journaux ont cru bon de rappeler quelques bon conseils pour se parer contre le froid. Règle élémentaires : couvrir les extrémités, c’est à dire la tête = bonnet et les mains = gants. Et pourtant, j’en vois encore beaucoup sans bonnet et/ou gants. (Ne me demandez pas de vous fournir d’explications quant aux filles qui se promènent en chaussures à talons et doudoune ouverte sur un chemisier …)

Pour ma part, j’aime m’emmitoufler l’hiver. Le principal pour moi est de couvrir tous les endroits susceptibles de laisser passer le froid. J’applique la métode « lager-på-lager » [lâgeur pau lâgeur] = couche-sur couche, ou couches superposées.

Pour la partie inférieure du corps, leggings (collants sans pied), chaussettes (si possible longues jusqu’au dessus des genoux) et chaussettes en mohair pour bien isoler. Cela me permet de porter des jupes ou des robes même en hiver.

Pour la partie supérieure du corps, un débardeur à bretelles, un t-shirt à manches longues ou sous-pull, puis un pull. Les chauffes-poignets sont de saison et très pratiques quand on a peu froid aux mains à l’intérieur. Mes préférés pour le moment sont des mitaines qui couvrent toute la partie de l’avant-bras jusqu’à la paume de la main.

Quand je sors, j’enfile d’abord des gants en soie, volontiers par-dessus les mitaines pour bien couvrir les poignets. Une écharpe autour du cou qui peut éventuellement couvrir le nez s’il fait en-dessous de -10 degrés. Puis un manteau d’hiver en laine, long, qui couvre une bonne partie des jambes, et une cape. Enfin un bonnet et des moufles. Et bien sûr des bottes fourrées. Si j’ai un pantalon, je le rentre dans les bottes pour qu’il ne se salisse pas dehors. Si le vent souffle, je rabats la capuche sur le bonnet.

Je peux ainsi affronter (presque) n’importe quelles conditions météorologiques. L’avantage des gants de soie, c’est qu’on peut momentanément retirer les moufles pour saisir son téléphone portable ou sa carte de bus sans se geler les doigts instantanément.

L’avantage des moufles, c’est que les doigts se réchauffent entre eux (même avec les gants de soie). On peut aussi glisser la carte de bus magnétique dans un des moufles pour ne pas avoir à la sortir et remettre dans le sac ou la poche.

L’avantage des couches superposées relativement peu épaisses, c’est qu’on peut continuer à s’habiller comme on a l’habitude de le faire en automne ou au printemps, sans ressembler à Bibendum et tout en gardant une certaine liberté de ses mouvements.

Le seul problème que je vois, c’est que ça prend plus de temps à se préparer à chaque fois qu’on se prépare à sortir. Mais l’hiver est tellement beau en ce moment que je ne peux pas m’empêcher de sortir pour en profiter au maximum, et il faut donc que je me couvre bien.