Le mot de la semaine : « våffla »

Il y a très très longtemps en Suède – enfin pas trop trop longtemps non plus quand même : la Suède était christianisée ; on dira donc aux environs de 900-1000 après J.-C –, le 25 mars était connu comme le « varfrudagher », en suédois ancien. Cela signifiait « vårfrudagen » en suédois moderne, non pas que cela vous aide à mieux comprendre de quel jour il s’agissait, mais c’est important de le nommer pour la suite des évènements. « Vårfrudagen », c’est mot à mot, le jour de Notre Dame, le jour de l’Annonciation, en français moderne. Le mot « vårfrudagen » est – allez savoir pourquoi ? – dans la langue populaire devenu « våfferdagen » …. qui est ensuite devenu « våffeldagen ». « En våffla », c’est une gaufre, et voilà pourquoi il est désormais de tradition de manger des gaufres le 25 mars ! (Les germanistes auront peut-être reconnu le mot « Waffel » qui lui-même vient de l’allemand ancien « wafel ».)

Il est bon de noter dès maintenant, pour ne créer aucune déception, que les gaufres suédoises se différencient pas mal des gaufres françaises, ou plutôt belges – rendons à César ce qui lui appartient. Les gaufres suédoises sont plus croustillantes, moins épaisses et en forme de fleur, ou de cœur, si vous séparez les « pétales » les unes des autres. De plus, les gaufres suédoises se servent traditionnellement avec du sucre, de la crème fouettée et de la confiture de fraise – oui, les trois en même temps. Et c’est TRÈS bon ! 🙂

Gaufre suédoise avec confiture et crème fouettée

Personnellement, je varie de temps en temps avec de la confiture d’orange par exemple ou, dernier essai en date, du chocolat noir râpé (qui fond donc sur la gaufre chaude) … et de la crème fouettée bien sûr !

Il y a aussi d’autres variantes. On peut faire des gaufres salées : avec de la carotte rapée ou des épinards hâchés dans la pâte, servies avec de la crème fraîche, des œufs de lump, des crevettes, du saumon fumé, du fromage frais … Les variations sont multiples.

Pour ce qui est des gaufres sucrées, j’ai récemment essayé une variante au chocolat servie avec du sorbet à la framboise et un filet de chocolat noir fondu … Demandez à mes copines de soirée-tricot ce qu’elles en ont pensé ! 🙂

Gaufre au chocolat, sorbet à la framboise

en våffla [ène vaufla] = une gaufre
våfflan [vauflane] = la gaufre
våfflor [vauflore] = des gaufres
våfflorna [vauflorna] = les gaufres

Et pour faire des gaufres-maison – les meilleures ! –, il vous faut un « våffeljärn » [vaufèlyèrne] = un gaufrier, disponible dans toutes les boutiques vendant des articles ménagers, pour quelques centaines de couronnes pour les moins chers.

Le mot de la semaine : « trötthet – trött »

« Trötthet », c’est la fatigue, « trött », c’est l’adjectif fatigué.

De nombreux Suédois ressentent « vintertrötthet » = la fatigue de l’hiver ; d’autres, comme moi, sont « vårtrötta » = fatigués, quand le printemps fait son retour. Ce genre de fatigue est dû à la lumière du soleil. Pour ceux qui sont fatigués, voire dépriment, en hiver, c’est le manque de lumière. Tandis que pour ceux qui sont fatigués au printemps, c’est le retour de la lumière qui pose problème. Problème paradoxal car, même si je ne souffre pas des longues nuits d’hiver suédoises, j’attends souvent avec impatience le retour du printemps, et donc de la lumière. Mais quand elle revient, je suis bonne pour un coup de barre de quelques semaines.

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Petite explication scientifique simplifiée. L’organisme humain est réglé par une « horloge biologique », elle-même réglée par la lumière du soleil. Quand l’œil reçoit la lumière du soleil, un signal est envoyé à la glande pinéale du cerveau qui, elle, règle la sécrétion des hormones du stress et du sommeil. Quand il fait nuit, la sérotonine règle la production de la mélatonine, qui a un effet apaisant. Quand il fait jour, c’est le cortisol qui nous aide à rester éveillés et attentifs. Le changement de la longueur des nuits et des jours dans les pays scandinaves oblige donc l’organisme humain à s’adapter à l’automne à moins de lumière, et au printemps à plus de lumière. Il paraît que les Suédois sont exposés à 20 fois plus de lumière en été qu’en hiver, donc le changement est vraiment énorme. Les gens sont plus ou moins sensibles à ces différentes périodes d’adaptation. Je suis plus sensible à celle du printemps.

Rajoutez à cela la fatigue causée par ma fibromyalgie, et vous imaginez peut-être le résultat … Lundi et mardi dernier, par exemple, je n’avais aucune, mais alors aucune, énergie … Mercredi, ça allait un peu mieux. Jeudi et vendredi, j’avais l’impression de revivre. Mais depuis hier, je me sens de nouveau complètement claquée … Heureusement, c’est passager.

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« Trötthet » se décline comme ceci :
trötthet [treut’hète] = fatigue
tröttheten [treut’hèténe] = la fatigue

Et l’adjectif « trött » comme cela :
trött [treut] (même forme pour les mots en -en et en -et)
trötta [treuta] (forme plurielle/définie)

« Les Suédois sont à l’heure et remercient tout le temps »

Il y a un mois, j’ai été interviewée par une journaliste de Dagens Nyheter (DN) et photographiée en long, en large et en travers par un photographe qui me demandait tout le temps de sourire, alors que je croyais sourire … Je n’aime pas poser, ni faire de théâtre, mais il a quand même réussi à choisir une photo parmi les centaines qu’il a prises où je me reconnais à peu près. Le tout a résulté dans un article qui faisait partie d’un reportage sur la perception que les immigrés en Suède ont des Suédois. Étaient aussi interviewés une Chinoise et un Grec en Suède depuis peu et un Anglais en Suède depuis un peu plus longtemps que moi. La Chinoise trouvait que les jeunes suédois ne montraient pas suffisamment de respect envers les personnes âgés – ce que je lui accorde tout à fait – tandis que le Grec ne pouvait pas comprendre pourquoi la ceinture à l’arrière dans les voitures était obligatoire … (Je ne suis pas sûre de vouloir me lancer sur les routes grecques …. :-S) Je me sentais plus proche de la vision de l’Anglais, mais nous étions aussi tous les deux les moins critiques ou les moins choqués par les us et coutumes suédoises. Peut-être parce que nous avons vécus en Suède plus longtemps et que nous avons réussi à nous intégrer et à faire nôtre nombres d’habitudes suédoises.

La journaliste m’a demandé plusieurs fois au cours de l’entretien ce qui me choquait le plus au début de mon installation en Suède. J’avoue ne pas m’en souvenir … Apparemment rien de bien traumatisant, donc j’en déduis que j’étais « naturellement » encline à changer mes habitudes pour m’adapter à la vie suédoise. Voilà ce que je pense des Suédois, en 2009 :

Les Suédois se soucient des uns des autres d’une autre manière que les Français. Il n’est pas rare de voir des gants perdus suspendus bien en évidence dans des branchages, au cas où la personne qui les a perdu referait le même chemin pour les trouver. Il paraît que cette coutume existe dans un petit coin de France célèbre pour son festival de la bande dessinée, mais pour ma part, je n’ai jamais été témoin de ce genre d’action. Mais c’est à mon avis un geste plein d’attention qui mérite d’être répandu.

Souvent, je vois aussi des vélos garés sans cadenas, sans chaîne. « Pourquoi quelqu’un me volerait mon vélo ??!! » Et pourtant, cela arrive et cela choque les Suédois. Là, je les trouve un peu naïfs de croire que tous ont de bonnes intentions. Mais il est vrai que j’ai appris à moins me méfier des gens depuis que je suis en Suède.

L’image habituelle qu’on a des Suédois, même à l’étranger, c’est qu’ils ont peur des conflits, ils sont « konflikträdda », et qu’ils évitent à tout prix de blesser les gens. Cela peut mener à des situations bizarres – à mes yeux – où les gens tournent autour du pot pendant dix minutes avant d’en arriver au vrai problème qui entre-temps a perdu de son importance. Comme le jour où une copine, à qui j’avais demandé de relire un texte, voulait me faire comprendre qu’on écrivait (et disait) « eller hur » [éllère ’hur] et non pas « heller hur » [’héllère ’hure] (= n’est-ce pas). Étant donné les problèmes que les Français ont avec la prononciation du « h » en suédois, j’avais pris l’habitude de mettre un peu trop de « h » ici et là, et fini par croire que ce que je disais et écrivais était correct. Mais j’ai mis énormément de temps avant de comprendre où ma copine voulait en venir ! Elle ne voulait pas que je le prenne comme une critique. Moi qui ai toujours demandé qu’on me reprenne quand je fais des fautes en suédois pour mieux le maîtriser ! (Il faut dire aussi que les Suédois ont peur de se faire traiter de racistes s’ils osent critiquer les immigrés.)

Pour ce qui est des règles sociales, elles ne sont pas très différentes des françaises. Il y a des différences, mais elles sont très subtiles. Ou tout simplement compréhensibles quand on a vécu ne fut-ce qu’un seul hiver en Suède : on se déchausse tout le temps quand on rentre dans un appartement ou une maison, que cela soit le/la nôtre ou celui/celle de quelqu’un d’autre. Personne ne veut avoir des traces de boue et/ou des graviers dispersés partout.

La notion de temps est différente en Suède : il est très important d’arriver à l’heure à un rendez-vous ou une invitation, même éventuellement un peu en avance. Le quart d’heure charentais (ou académique, en fonction d’où on vient) n’est pas du tout d’usage en Suède ! Et il est conseillé d’avoir un bouquet ou un présent quand on est invité chez les gens.

Pour ce qui est de la nourriture, je n’ai pas eu de gros « chocs ». La confiture d’airelle avec les boulettes de viande, c’est loin d’être typiquement français, mais je n’ai eu aucun mal à m’y faire. J’aime bien les mélanges salés/sucrés. Ce qui me gêne le plus dans la nourriture suédois, mais je m’en suis rendue compte sur le tard, c’est le sucre rajouté qui imprègne pratiquement toute la chaîne alimentaire industrielle : le pain, le pâté, le jambon, les plats tout prêts, tout y passe !

Ce que j’apprécie particulièrement chez les Suédois, c’est qu’il remercient pour tout. Parce qu’on leur demande comment ils vont (« Tack, bra! »), parce qu’on les a invité quelques jours avant (« Tack för senast! »), parce qu’on a préparé le repas (« Tack för maten! »), parce qu’on les remercie (« Tack, tack! »). Il y a peu, je me suis surprise à achever mes coups de fils au boulot par ce « Tack, tack » !

J’apprécie aussi le caractère relaxé et informel des relations entre les gens en Suède. Au travail, il y a bien sûr une hiérarchie, mais elle est définitivement moins marquée qu’en France, où on a presque peur du chef et où il est peu recommandé de prendre d’initiative sans en demander l’autorisation auparavant. Le fait de tutoyer tout le monde en Suède y est sûrement pour quelque chose. C’est une des choses qui ont été très difficiles pour moi à accepter. Que les gens me tutoient, pas de problème. Mais que je doive tutoyer mes profs d’université, mes élèves adultes de cours de français, les autorités, mes chefs au boulot … J’essayais toujours de contourner le problème en faisant des constructions de phrases alambiquées pour éviter à tout prix le « tu » (= du) …

Pour finir, je trouve que les Suédois font beaucoup trop confiance aux autorités. On ne remet pas en question les décisions prises en haut-lieu. Quand les sociaux-démocrates avaient décidé de décentraliser de grandes administrations, tout le monde s’est plaint, les gens refusaient de déménager pour suivre leur boulot, des années de compétence sont parties en fumée, mais ça n’est pas allé plus loin. Un jour, j’ai dit à ma belle-mère, employée de « Konsumentverket » (l’Administration nationale de protection des consommateurs), une des administrations qui a maintenant son siège à Karlstad, que c’était une bonne occasion de faire grève, pour faire comprendre aux politiques qu’on joue pas avec les gens comme avec des pions sur un échiquier. Et elle m’a regardé avec des grands yeux, puis a dit : « Pourquoi ? À quoi cela servirait ?… » Je ne suis pas pour faire la grève pour un rien, mais j’ai du mal à accepter la passivité des gens dans certaines conditions. Si on ne veut pas se battre, se défendre, à quoi bon se plaindre ? …

Il y a des choses en Suède qu’on « ta för givet », qu’on trouve tout à fait normal, comme la présence d’escalators et d’ascenseurs dans les stations de métro par exemple, par égard pour les handicapés, les parents avec des landaus et des poussettes, les personnes âgés avec déambulatoire etc… Mais on se plaint quand même, comme si les autorités pouvaient résoudre tous les problèmes. Ce qui m’a le plus frappée pendant la catastrophe du tsunami en Thaïlande, ce sont tous ceux qui se plaignaient que les autorités suédoises faisaient mal leur boulot. Comme si on pouvait être préparé à une telle catastrophe … Je suis tout à fait consciente que de nombreuses personnes ont souffert et souffrent encore de cette tragédie au combien personnelle, mais on ne peut pas rejeter la faute sur les administrations suédoises.

Voilà donc mon opinion des Suédois après presque dix ans passés en Suède. J’ai eu l’occasion de développer ces idées dans un des grands quotidiens suédois – dans le supplément du dimanche, certes, mais quand même !… 🙂 Et maintenant, j’aimerais bien pouvoir remercier la personne qui m’a recommandé à cette journaliste. Car la journaliste m’a contacté par l’intermédiaire de mon blog après en avoir reçu le lien par quelqu’un qui me connaît. Qui est-ce ? Est-ce que cette personne osera se dévoiler ici ? 😉

La madeleine d’hibiscus

Je suis au Saturnus avec une amie enceinte. Je me propose de lui passer sa commande pour qu’elle puisse se reposer – un ventre avec un bébé dedans, ça a l’air de peser pas mal… Je me présente au comptoir et lui commande une boisson fraîche et un kanelbulle géant. En attendant mon tour, mon regard tombe sur des croissants aux amandes. En moins d’une seconde, sans même y avoir goûté, je suis à Cannes, une quinzaine d’années en arrière, dans la cuisine de mon arrière-grand-mère, au troisième étage sans ascenseur, avec un croissant aux amandes dans un sac en papier tâché de gras. J’avais développé une grosse faiblesse pour les croissants aux amandes quelques années plus tôt, et à chaque fois que je venais rendre visite à mon arrière-grand-mère, elle m’en achetait un pour mon goûter.

Au bout d’un moment, j’en avais trop mangé, jusqu’à l’écœurement, et je les finissais toujours avec difficulté, mais je n’osais jamais dire à mon arrière-grand-mère que je ne les trouvais plus aussi bons qu’auparavant. Elle voulait me faire plaisir. Je lui rendais visite une ou deux fois dans l’année. Je ne mangeais plus de croissants aux amandes, à part quand j’étais chez elle. Je ne voulais pas lui ôter ce plaisir de me gâter…

J’avais beaucoup d’admiration et de respect pour mon arrière-grand-mère. Elle était têtue, mais je crois que c’est, en partie, ce qui lui a permis de vivre une longue vie et de connaître la joie d’avoir huit arrières-petits-enfants. Elle avait toujours était petite, et dans les derrières années, elle était devenue un peu courbée, donc encore plus petite. Mais elle descendait tous les jours ses trois étages pour aller faire ses courses, papoter avec les commerçants du quartier ou ses voisines de la villa d’à côté, des amies de longue date, qui avait connu mon père tout petit. Elle refusait de déménager dans une maison de retraite, « où il n’y avait que des vieux qui passaient leur temps à se plaindre », bien qu’elle ait eu un jour mis le feu à sa cuisine. Couturière de profession, elle avait une garde-robe faite maison avec des « tissus de qualité » (contrairement à ceux d’aujourd’hui). Quand nous avons eu nos premières poupées Barbie, elle s’est empressée, à notre demande, de leur coudre des robes de princesses en quantité, dont nous étions très fières puisqu’aucune de nos copines ne pouvaient nous concurrencer dans ce domaine. C’était elle qui avait cousu la robe d’honneur que je portais pour le mariage de mon oncle. C’était elle qui avait des cartons et des cartons de chutes de tissus et de restes de pelotes dans ses armoires ; elle ne pouvait jamais se résoudre à les jeter, « cela pouvait toujours être utile » … J’ai encore quelques pelotes d’elle.

Elle était imbattable aux petits chevaux et au scrabble. Elle faisait des mots croisés tous les jours et se divertissait devant les Feux de l’amour. Passés 90 ans, elle continuait à bouillir sa lessive à la main et se contentait de son frigo minuscule acheté dans les années … je ne sais même pas de quand il datait. Mais je suis sûre que les frigos modernes ne survivent plus aussi longtemps … Dans sa cuisine minuscule et avec un minimum d’ustensiles, elle pouvait préparer des repas de Noël pour plus de dix personnes. Elle ne pensait jamais à s’asseoir, elle faisait constamment l’aller-retour cuisine-salle à manger-cuisine jusqu’à ce que quelqu’un finalement lui ordonne de prendre une chaise et de manger un peu. Elle avait un appétit de moineau, mais elle refusait que ses invités prennent de petites portions. Il lui arrivait bien souvent de faire à manger pour dix quand nous étions seulement cinq autour de la table, et elle ne tolérait aucun reste.

Je n’oublierais jamais sa bûche aux marrons et au rhum (bien meilleure que celle sans rhum, car elle en avait fait une sans rhum pour les enfants) ! Depuis, j’ai trouvé plusieurs recettes de bûches aux marrons et au rhum, mais j’ai peur qu’elles ne correspondent pas à celle de mon arrière-grand-mère et je ne veux en aucun cas anéantir ce souvenir avec un dessert médiocre. Le jour où je lui ai demandé sa recette de tarte à la myrtille, j’ai eu pour réponse : « Oh, tu sais, moi je fais au pifomètre, et j’étale même pas la pâte au rouleau ! » J’ai appliqué le conseil d’étaler la pâte directement dans le plat, à la main (même si j’ai réussi quelque fois à l’étaler au rouleau et à la déposer dans le plat sans la déchirer), mais pour ce qui est de sa tarte aux myrtilles – qu’on ramassait l’été sur les hauteurs de Peïra-Cava – je me contente, comme pour la bûche aux marrons, du souvenir que mes papilles en garde depuis ces années de mon enfance.

De même que je préfère garder le souvenir du goût des croissants aux amandes, plutôt que de céder à la tentation d’en acheter un que je serais incapable de finir. Au Saturnus, je commande finalement un mini-semla, une part de tarte au citron et une tasse de thé.

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Les mots en –is

Il y a pas mal de mots suédois qui se terminent par –is [prononcez isse], mais je pense à une catégorie spéciale où le suffixe –is est utilisé pour construire un nouveau mot, une sorte de diminutif ou de « raccourcis », comme kompis de kompanjon = compagnon >>> copain, copine.

Je vous mets une petite liste là, dans l’ordre alphabétique :
en alkis, de alkoholist >>> alcoolo
en bebis [bébisse], de baby >>> bébé
en fegis [fégisse], de feg = lâche >>> trouillard
ett fritis, de fritidshem, fritid = loisirs + hem = maison >>> foyer de loisirs (activités après l’école)
en fräckis [frèkisse], de fräck = osé >>> histoire cochonne
ett godis [goudisse], de god = bon >>> bonbon
grattis [gratisse], de gratulera = féliciter >>> félicitations (à ne surtout pas confondre avec gratis [grâtisse] = gratuit !)
en/ett kondis – celui-là est un particulier car il a deux sens qui sont presque contraditoires : soit de konditori = salon de thé, soit de kondition = forme physique
en kändis [chènedisse], de känd = connu >>> célébrité
en doldis, de dold = caché >>> personne importante qui veut être incognito
en lantis, de lantlig = campagnard >>> paysan, plouc
pingis, de pingpong >>> ping pong
poppis, de populär >>> populaire, branché, dans le vent
vara skakis, de skaka = trembler >>> avoir les jambes en coton
en tjockis [chokisse], de tjock = gros >>> gros (plein de soupe)
en trummis, de trumma = tambour >>> batteur (le musicien)
en skådis [skaudisse], de skådespelare >>> acteur, actrice

Vous avez peut-être compris qu’il s’agit là d’un vocabulaire plutôt familier. Certains mots sont tout à fait courants, au point qu’on peut les rencontrer même dans les journaux. Certains autres ont une connotation plus ou moins péjorative, voire méprisante. Mais dans le cas de bebis par exemple, c’est tout simplement mignon. Une chose bien mignonne aussi, ce sont les webbisar. Les webbisar, c’est un service online proposé par les maternités suédoises par l’intermédiaire duquel les parents peuvent annoncer la naissance de la prunelle de leurs yeux avec photo et nom à l’appui.

Pourquoi je vous parle de bébés? Parce que c’est bientôt le printemps et que nombre de mes amies ont déjà ou vont bientôt donner naissance à des petits trésors. Une seule est française, les autres sont suédoises et ne comprennent donc sûrement pas ce que j’écris – elles ne lisent même sûrement pas mon blog – mais je suis tellement contente pour elles que je voulais en parler ici. 🙂

Bebis se décline comme ceci :
en bebis [ène bébisse] = un bébé
bebisen [bébissène] = le bébé
bebisar [bébisare] = des bébés
bebisarna [bébisarna] = les bébés

Le mot de la semaine : « en promenad – att promenera »

Je ne crois pas avoir besoin de vous faire la traduction cette semaine. 🙂 Je passe donc tout de suite à la prononciation et à la manière dont le substantif et le verbe se déclinent :

en promenad [ène promenade] = une promenade
promenaden [promenadène] = la promenade
promenader [promenadère] = des promenades
promenaderna [promenadèrna] = les promenades

jag promenerar [jâgue promenérare] = je me promène
jag har promenerat [jâgue ’har promenérate] = je me suis promené(e)
jag promenerade [jâgue promenéradé] = je me promenais
jag ska promenera [jâgue ska promenéra] = je me promènerai

NB : Le verbe suédois n’est pas réflexif.

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Je me promène souvent en Suède. Il faut dire que c’est un terne qu’on utilise souvent en Suède. Le soir, après le boulot, je rentre souvent à pied avec Johan sur Slussen. Comme on vient d’Östermalmstorg, ça nous fait une balade d’environ 30 minutes, dont une bonne partie en bordure de l’eau. Ça me fait faire un peu d’exercice physique, et avec de la compagnie, c’est plus sympa … sauf quand la neige vous fouette le visage …

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Samedi, j’ai fait une promenade en ville de deux bonnes heures, sur les pas de Michael Blomkvist et de Lisbeth Salander. J’ai fait une visite guidée dans Södermalm, le quartier sud de Stockholm, où se déroule une bonne majorité des péripéties de la trilogie de Millenium. Il faisait malheureusement un temps gris et froid, mais l’ambiance était bien sympa et c’était génial de voir les lieux où Lisbeth aurait grandi, où se situerait l’appartement qu’elle achète, où habiterait « Kalle » etc …

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Je n’en raconte pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui n’ont pas encore lu les trois tomes, mais je vous recommande vivement cette visite guidée si vous êtes comme moi fan de Lisbeth et de passage sur Stockholm. La guide Séverine est française et vous pouvez la contacter ici. Notez aussi qu’elle peut vous proposer d’autres visites guidées de la ville.

PS : Il est fortement recommandé d’avoir lu les trois romans ! 🙂

Le mot de la semaine : « pulka »

Depuis quelque temps, je traverse un parc de Stockholm où un arbre et un lampadaire sont rembourrés de sac jaunes énormes.

Ce n’est que la semaine passée que j’ai compris à quoi cela servait. C’était la semaine des vacances de février et il avait neigé. Que demander de plus quand on est gosse ? 🙂 C’est un temps idéal pour faire de la luge évidemment ! Et le rembourrage de l’arbre et du lampadaire s’explique du fait qu’ils se trouvent tous les deux en fin de descente, et c’est donc tout simplement pour amortir les éventuels chocs si les gosses n’ont pas réussi à bien diriger leur luge. Même le banc était temporairement rembourré ce jour-là.

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Les gosses se lançaient sur la pente comme des tortues géantes* se laissant glisser sur le dos, les pattes en l’air, et remontaient à pieds traînant leur luge derrière eux sans se lasser: monter, glisser, re-monter, re-glisser … Le tout sous les regards attentifs de quelques mamans et papas. L’une d’entre elles avait même du chocolat chaud dans un thermos qu’elle servait dans des gobelets en plastique. Des fois, on voudrait redevenir gosse … 🙂

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Une « pulka », c’est une luge. Les luges suédoises peuvent se présenter sous différentes formes : toutes rondes avec des poignées sur les côtés ou comme des coques de bateau rectangulaires, certaines sont même équipés d’un volant.

en pulka [ène pulka] = une luge
pulkan [pulkane] = la luge
pulkor [pulkaure] = des luges
pulkorna [pulkaurena] = les luges

Et faire de la luge se dit : « åka pulka » [auka pulka]:
jag åker pulka [jâgue aukeure pulka] = je fais de la luge
jag har åkt pulka [jâgue ’har aukte pulka] = j’ai fait de la luge
jag åkte pulka [jâgue aukté pulka] = je faisais de la luge
jag ska åka pulka [jâgue ska auka pulka] = je ferais de la luge

(* « jättesköldpadda, -an, -or, -orna en suédois)