Le mot de la semaine : « vintertid »

Une heure de plus ce week-end, j’aime ! 🙂

Cette nuit, l’Europe entière a reculé ces horloges d’une heure de sorte qu’il est, au moment où j’écris, 18 heures au lieu de 19 heures. Le soleil se lève plus tôt, mais se couche aussi plus tôt, et ici, ça se remarque vraiment : vers 16 heures, il commence sa descente et il fait maintenant nuit noir depuis un petit moment. J’attends avec impatience le premier de l’avent où toutes les fenêtres s’illumineront d’étoiles et de chandeliers électriques.

N’empêche, j’apprécierai vraiment de voir la lumière du jour demain matin, à mon réveil vers 6 heures. 🙂

Mais comment fait-on pour savoir si on doit avance ou reculer sa montre ?

Voici le truc suédois : « Sommartid: man ställer fram grillen. Vintertid: man ställer tillbaka grillen. » (= Heure d’été : on sort le barbecue. Heure d’hiver : on rentre

le barbecue.)

« Fram » veut dire « en avant » — donc on avance la montre d’une heure (et on ”perd” une heure. « Tillbaka » signifie « en arrière » — on recule donc la montre d’une heure (et on en ”gagne” une).

« Vintertid » est composé de « vinter » [vinetère] = hiver, et de « tid » [tide] = temps. « Sommar » [somare], si vous vous souvenez, est l’été.

en tid [ène tide] = un temps

tiden [tidène] = le temps

tider [tidère] = des temps

tiderna [tidèrena] = les temps

Attention, « tid » ne s’utilise que dans les notions de temps plus ou moins longues. Pour ce qui est du temps dans le sens météorologique, on dit « väder, ett väder, vädret ». Mais on parlera de la pluie et du beau temps un autre jour. 😉

Le mot de la semaine : « under jord »

La Vieille Ville de Stockholm est une mine d’or pour les historiens et archéologues fana du Moyen-Âge. De nombreux restaurants ont leur salle en sous-sol, dans d’anciennes caves voûtées aux murs de briques rouges.

Il y a des restes de vieux bâtiments, comme par exemple le couvent des frères dominicains, également appelés, en suédois, « svartbröderna » = les frères noirs, car ils portaient un manteau noir à capuchon, à la différence des « gråbröderna » = les frères gris, les franciscains, qui portaient un manteau gris.

Ce couvent fut fondé par le roi Magnus IV de Suède (1316-1371) en 1336 et détruit en 1407 par un incendie qui ravagea toute l’île. Il fut reconstruit puis finalement dissout par Gustav Vasa en 1528 au cours de la Réformation, pour entre autre réutiliser une partie du matériau de construction pour l’édification du château Tre Kronor (Trois Couronnes).

On croit que la cave du couvent, qui a survécu jusqu’à nos jours, fut utilisée comme refuge par des pèlerins. En effet, dans l’église attenante au couvent, il y avait un retable en argent doré (aujourd’hui disparu – peut-être fondu par Gustav Vasa pour le convertir en monnaie), représentant la descente de la croix. Ce retable s’appelait « Helga lösen » [‘hèlega leusène] car il avait la réputation de guérir si on venait y prier et promettre de faire pénitence.

Cette cave est maintenant gérée par le Medeltidsmuseum (musée du Moyen-Âge) de Stockholm qui y organise des visites guidées.

(Plus d’images ici)

« Under jord » [unedeure yourde] signifie « sous terre ».

Quelques mots dérivés de cette expression :

« underjorden » [unedeureyourdène] = sous-sol ou … les enfers

« underjordisk » [unedeure yourdiske] = souterrain

« att gå underjord » [ate gau unedeureyourde] = devenir clandestin

Le mot de la semaine : « tunnelbana »

Cette année, le métro de Stockholm fête ses 60 ans. Le samedi 16 octobre, il y avait à cette occasion une petite exposition et un orchestre qui jouait de la musique à la station de Slussen, une des trois premières stations à être inaugurée le 1 octobre 1950. Un bus vétéran faisait aussi l’aller-retour entre Slussen et le musée du tramway de Stockholm.

Ce musée, ouvert depuis 1944, expose une soixantaine de wagons de tramway, métro et bus retraçant ainsi l’histoire des transports en commun à Stockholm.

C’est un musée très sympa pour les enfants qui peuvent le traverser dans un petit train et qui apprécient sans aucun doute de se mettre aux commandes des divers wagons.

En 1958, une femme est pour la première devenue chauffeur de bus et l’uniforme comportait un pantalon. Les kiosques vendaient déjà le même genre de produits qu’aujourd’hui.

Le musée explique également le travail de SL (l’équivalent de la RATP) pour permettre au maximum de gens de prendre les transports en commun, quelque soit l’handicap : ouïe, vue, moteur, allergies. Voici par exemple l’évolution à travers les années, de droite à gauche, de l’accès aux bus, tramways et métro : deux marches, puis une, puis une rampe, puis à niveau avec le trottoir ou le quai.

Le tramway connaît une renaissance actuellement dans la capitale suédoise. L’ancienne ligne entre Dramaten et Skansen a été rénovée et prolongée cet été, et conduit désormais de Sergels torg au musée de Waldemarsudde. L’avantage du tramway sur le bus est qu’il transporte plus de passagers et est moins dépendant des problèmes de circulation.

Je suis rentrée du musée du tramway avec un bus à impériale datant de 1967. Assise à l’étage, tout à l’avant, j’ai pu admirer la ville d’un peu plus haut. Un tel bus est devenu rare dans le trafic de nos jours, et à sa vue, beaucoup de gens souriaient et sortaient leur appareil-photo. Tout comme moi. 🙂

Le mot de la semaine est formé des mots « tunnel » et « bana » = voie (éventuellement ferrée), rails. Il s’abrège souvent « t-bana ».

en tunnelbana [ène tunèlebâna] = un métro

tunnelbanan [tunèlebânane] = le métro

tunnelbanor [tunèlebânôre] = des métros

tunnelbanorna [tunèlebânôr(e)na] = les métros

Les mots de la semaine : « polska, svenska, franska… »

Il y a des circonstances dans lesquelles j’apprecie encore plus ma vie a l’epoque actuelle, l’ere de la technologie internet, celle-la meme qui me permet de ne pas priver mes fideles lecteurs de leur billet dominical desormais habituel, meme lorsque je suis en vacances. Par contre, mes lecteurs devront faire eux-memes l’effort de rajouter les accents la ou ils doivent etre, car je ne reussis pas a comprendre comment les faire sur un clavier polonais … (On ne peut pas tout avoir.)

Oui, je suis en Pologne, en vacances courtes — ou en week-end prolonge, c’est selon l’humeur 😉 — pour recuperer un peu apres ces dernieres semaines de folie. Je marche beaucoup et profite intensement  d’une ville etonnante et de ces parcs magnifiquement multicolores sous un soleil automnal a la lumiere chaude et caressante. J’ai eu le privilege de voir des ecureuils et des paons de tres pres (j’illustrerais de quelques photos des mon retour), j’ai eu le plaisir de decouvrir de nouvelles architectures innovantes et en meme temps puisant dans la tradition classique, je me laisse bercer de la langue chantante polonaise faute de pouvoir la comprendre (a l’exception de quelques mots par-ci par-la). Pourtant, j’ai fait un an de polonais a l’universite de Stockholm il y a cinq-six ans, mais mes connaissances d’alors sont bien enfouies quelque part dans mon cerveau …

Pourquoi la Pologne ? Pourquoi le polonais, cette langue si difficile ? Car je suis d’origine polonaise, tout simplement, et parce que j’ai passe quelques vacances d’ete dans ce beau pays a la nature sauvage, il y a de cela … 15 ans. Inutile de vous dire que je ne reconnais pas grand chose de la capitale, a part la Vieille Ville et l’incontournable Palais de la Culture. C’est donc pour moi l’occasion d’une re-decouverte, qui n’est pas sans charme. Si j’ai des souvenirs precis de la Pologne d’il y a 15 ans, ils sont surtout gastronomiques, mais je n’ai pas (encore) eu l’occasion de les revivre.

Les mots de la semaine font reference aux langues :

polska = polonais

svenska = suedois

franska = francais

engelska = anglais

Jag talar franska = Je parle francais.

Jag talar inte polska = Je ne parle pas polonais.

Le mot de la semaine : « inviga »

Deux ans de travail, dont un mois de montage acharné, ont abouti à une exposition grandiose, magnifique, époustouflante ! « Härskarkonst » en suédois, «Staging Power » en anglais, « Arts du pouvoir (ou des pouvoirs) » en français ou encore, comme l’écrit l’ambassade de France à Stockholm, « Le Pouvoir en Scène ». Le sous-titre est « Napoléon — Charles Jean — Alexandre », faisant ainsi référence aux trois souverains contemporains du premier empire français.

Les journaux parlaient de l’exposition avant même qu’elle ouvre. Les attentes sont élevées, les premières critiques sont bonnes, le suspens est presque intenable : on veut savoir ce que les gens en pensent, en bien ou en mal. J’ai hâte de connaître les chiffres de visite de ce premier week-end !

Cette dernière semaine a été celle des derniers détails, des dernières corrections (même on trouve encore des erreurs …), avant l’inauguration officielle le 29 et les vernissages pour le grand public le 30 septembre.

« Inviga » veut dire inaugurer ; « en invigning » est une inauguration.

han inviger [‘hane in(e)vigeure] = il inaugure

han har invigt [‘hane ‘har in(e)vig(e)te] = il a inauguré

han invigde [‘hane in(e)vig(e)dé] = il a inauguré

han ska invinga [‘hane ska in(e)viga] = il inaugurera

Mais qui est-il ? Sa Majesté le roi de Suède en personne, Carl XVI Gustav, puisqu’il patronne l’exposition et est un des prêteurs les plus importants avec une soixante d’objets (l’exposition en compte un peu plus de 400 au total). Oui, c’était « en kunglig invigning » [ène kungligue in(e)vigningue], une inauguration royale avec discours de la conservatrice en chef du musée, Solfrid Söderlind, du commissaire de l’exposition, Magnus Olausson (traduit en russe par ma collègue, puis en français par moi car il y avait des invités russes et français), puis du roi lui-même.

Pendant que le roi et la reine de Suède visitaient l’exposition au calme, avec une suite de quelques dizaines de personnes, le reste des invités socialisaient et papotaient dans l’escalier majestueux du Nationalmuseum, un verre de Dom Pérignon en main, avant de pénétrer dans les salles d’exposition.

Deux heures plus tard, après le départ des têtes couronnées, l’inauguration étaient suivie d’un dîner de gala, offert par l’un des sponsors, Moët Hennessy. Le menu ne pouvait en être que luxueux : conçu par Patrice Karlsson, chef de cuisine du restaurant du Nationalmuseum, et Pascal Tingaud, chef de cuisine Dom Pérignon, celui-ci mêlait des traditions historiques gastronomiques françaises et suédoises. Jugez plutôt :

Potage de haddock et crevettes grises à l’aneth
Un plat traditionnel suédois du XIXème siècle.
Pour le dîner, un potage était toujours servi en entrée.
Le haddock était un poisson très apprécié à la cour de Suède.
Dom Pérignon Vintage 2000


Selle de chevreuil, sauce poivrade, croûton de farce fine,
mousseline de céleri, pommes, cumberland et cèpes
Pays de tradition cynégétique, la Suède et la France
ont toujours servi de la venaison sur les tables royales et impériales.
Le sucré-salé a fait son apparition sous l’Empire.
C’est Bernadotte qui a fait connaître les cèpes en Suède
qui portent dans le pays le nom de Karl Johan.
Cheval des Andes 2006


Fromages, abricots secs, figues séchées, amandes et noix
Fromage de brebis de la vallée d’Ossau dans les Pyrénées,
région du Sud-Ouest de la France d’où Bernadotte était originaire.
Fromage de Suède ”Hammarby Blå” de la région de Roslagen.
Château d’Yquem Millésime 1998


Blanc-manger aux poires, pommes au four et glace à la vanille
Le blanc-manger est un plat classique de la cuisine sous l’Empire.
Carême (cuisinier de Talleyrand et de Napoléon, puis du tsar de Russie)
l’adapta pour le tsar en y ajoutant des poires.
L’arrivée de Bernadotte en Suède
a coïncidé avec l’introduction des glaces lors des repas
Sauternes, premier cru supérieur 1855


Café, thé
Hennesy Paradis (cognac)


Le repas était tout simple divin ! (Ma seule petite critique : les fruits séchés accompagnant le fromage semblaient tout droit sortis de leur sachet …) La compagnie à table était agréable et polyglotte : deux journalistes françaises, un diplomate suédois rattaché au consulat de France de Göteborg, une designer suédoise, un attaché culturel français, un premier maréchal de cour suédois, et une petite assistante d’exposition franco-suédoise. 😉

L’invité de première classe de la soirée était l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing (proche de Moët Hennesy), qui n’a pas pu s’empêcher d’y aller de son petit discours, en anglais s’il vous plaît !

De telles fêtes sont extrêmement rares au Nationalmuseum — une telle exposition n’avait pas eu lieu depuis 12 ans ! — alors je pouvais bien me payer le luxe de me faire coiffer en ville pour être présentable à l’heure H. 🙂