Le mot de la semaine : « midsommar »

La nuit la plus courte de l’année

La grande fête de l’été suédois est « midsommar » [midsomare] qui célèbre le soltice d’été. Le solstice d’été tombe en général aux alentours du 20-21 juin, mais on fête « midsommardagen » [midsomaredagène] toujours un samedi, entre le 20 et le 26 juin ; c’est un « röddag », un jour férié. Le jour de fête en lui-même est en fait la veille, « midsommarafton » [midsomaraftone], donc un vendredi, qui n’est pas officiellement un jour férié, mais la plupart des Suédois sont quand même libres ce jour-là. Cela donne ainsi l’occasion d’un week-end de trois jours, qui souvent inaugure la période des congés payés en Suède.

De nombreux Suédois aiment partir à la campagne ou dans l’archipel (de Stockholm ou de Göteborg par exemple) pour fêter « midsommar ». Les villes se dépeuplent très clairement ce week-end-là, même si on peut aussi se rendre dans les parcs de la capitale par exemple, ou dans l’éco-musée Skansen pour une célébration traditionnelle.

Que la « midsommar » coïncide plus ou moins avec la Saint-Jean n’est pas un hasard. Tout comme Noël, « midsommar » est une fête païenne qui fût christanisée par l’Église au IVème siècle après J.-C. Mais sa célébration n’a rien de religieux.

« Midsommarstången »

Le « midsommarstång », mât de « midsommar », à la forme d’une croix avec deux anneaux aux extrémités de l’axe horizontal. Revêtu de feuilles de bouleau et de fleurs, ce mât est bien sûr un symbole de fécondité. Il semble que — tout comme l’arbre de Noël — ce soit une tradition d’origine germanique du XIV-XVème siècles. On l’appelle aussi « majstång » [maillestongue], ce qui n’a rien à voir avec le mois de mai (« maj »), mais avec le fait de le garnir de verdure : « maja = löva », de « löv » = feuille.

Il est aussi de coutume de tresser des couronnes de fleurs que les femmes et enfants surtout mais aussi les hommes portent.

Autour du mât de « midsommar », on effectue des danses traditionnelles suédoises, parfois en costume traditionnel. Quelques danses, comme celle des petites grenouilles (« Små grodorna » [smau groudourna]) sur l’air de ”Au pas camarade” (!), sont enfantines, mais les adultes s’y adonnent aussi volontiers. 🙂

Les célébrations de « midsommar » les plus traditionnelles sont celles de Dalécarlie. Le peintre Anders Zorn (1860–1920), originaire de Mora, a immortalisé les danses de « midsommar » dans cette peinture de 1897.

Midsommardans

”Midsommardans”. Huile sur toile, 140 × 98 cm.
Nationalmuseum, Stockholm, NM 1603
Don en 1903 de l’Académie royale des arts de Suède avec la contribution de
Pontus Fürstenberg, négociant, et son épouse Göthilda.

Croyances populaires

Autrefois, on recommandait de ne pas se baigner la nuit de « midsommar » pour ne pas risquer de faire la rencontre fatidique du nixe, esprit des eaux masculin.

Les jeunes filles qui cueillaient sept (ou neuf) sortes de fleurs différentes, de préférence au croisement de deux chemins, et les glissaient sous leur oreiller, pouvaient la nuit rêver de leur prince charmant. Sauter par-dessus neufs barrières pouvaient augmenter les chances de rêves prémonitoires.

À table

Pas de fête sans repas ! Le repas traditionnel de « midsommar » comprend, outre les boulettes de viande présentent à tous les repas de fêtes suédois, différentes sortes de harengs marinés, des pommes de terre nouvelles à l’aneth et en guise de dessert, un gâteau aux fraises, de préférences suédoises. Le tout est bien sûr arrosé de snaps ou aquavit. La boisson la plus courante est sinon la bière.

Le mot de la semaine : « överintendent »

Depuis le début de l’année, nous savions que la ”grande chef” du Nationalmuseum, « överintendenten » Solfrid Söderlind, quitterait son poste à la fin de l’année. C’est le gouvernement suédois qui nomme les directeurs des musées nationaux suédois et nous espérions savoir qui serait son successeur avant « midsommar ». C’est maintenant chose faite : jeudi dernier, nous étions appelés à nous rassembler dans l’auditorium du musée pour une réunion générale exceptionnelle, à 10h, au cours de laquelle le nom du prochain « överintendent » nous a été révélé, à l’heure même où le conseil des ministres se rassemblait pour prendre la décision officielle de nommer … Berndt Arell à la tête du Nationalmuseum, du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2017. (Ce poste peut ensuite être prolongé de trois ans, deux fois de suite ; cela fait donc un maximum de 12 ans.)

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(©Statens konstmuseum i Finland/Centralarkivet för bildkonst/Pirje Mykkänen)

Ce nom m’était totalement inconnu jusqu’à ce que je l’entende. Berndt Arell [bèrnte arèle] est Finlandais suédophone. Né le 26 décembre 1959 à Ekenäs (Tammisaari en finlandais), il détient un master en histoire de l’art de l’Académie d’Åbo (Turku en finlandais). Il a une longue carrière muséale derrière lui : il a été conservateur au Musée régional d’Ostrobotnie, à Vaasa (1985-1989), directeur du Musée d’art de Turku (1991-1993 et 1997-1999), directeur des exposition au Nordic Art Centre (1993-1996) à Helsinki, fondateur et directeur du Musée nordique de l’aquarelle (1999-2001) à Skärhamn, près de Göteborg, en Suède, directeur du musée des Beaux-Arts d’Helsinki (2001-2006), chief executive officer (CEO) du Conseil des Arts de Finlande (2009), directeur du Musée d’art contemporain d’Helsinki, Kiasma (2007-2010), et depuis 2010, directeur du Fonds culturel suédois à Helsinki.

Pour la petite histoire, il s’est converti au à l’orthodoxie, a trois enfants d’un mariage précédent et vit depuis 2002 en union civile avec Arto Vaahtokari, professeur à l’université d’Helsinki.

Tous ces antécédents, ces contacts entre les arts classiques et contemporains, et ceux entre deux pays nordiques au passé lourd d’histoire, font de lui une personne intéressante, je trouve, et j’espère qu’il apportera un peu de sang nouveau dans notre organisation, d’autant que nous serons à ce moment en pleine période de rénovation et de renouveau.

L’« intendent » [inetènedènete] suédois est l’équivalent du conservateur/conservatrice français, en général chargé des collections (ou d’une partie des collections) d’un musée. Le titre d’« överintendent » s’applique aux directeurs/directrices des musées nationaux suédois. En français, on pourrait également dire conservateur en chef (« över- » = supérieur). Au quotidien, mes collègues et moi disons « ÖI » [eu-i].

en överintendent [ène euveurinetèndènte] = un directeur de musée national

överintendenten [euveurinetèndèntène] = le directeur

överintendenter [euveurinetèndèntère] = des directeurs

överintendenterna [euveurinetèndèntèr(e)na] = les directeurs

Voici la liste des précédents « överintendenter » du Nationalmuseum de Stockholm :

1792-1083 : Carl Fredrik Fredenheim

1803-1805 : Fredrik Magnus Piper, architecte

1805-1813 : Abraham Niclas Edelcrantz, lui aussi né en Finlande, à Åbo/Turku

1813-1836 : Fredrik Samuel Silfverstolpe

1836-1844 : Fredrik Blom, architecte

1844-1858 : Mikael Gustaf Anckarsvärd, dessinateur et lithographe

1858-1864 : Gustaf Söderberg

1864-1866 : Nils von Dardel, peintre

Piper – Edelcrantz – von Dardel (autoportrait)

1866-1880 : Johan Christoffer Boklund, peintre

1880-1900 : Gustaf Upmark, historien d’art

1900-1915 : Ludvig Looström

1915-1919 : Richard Bergh, peintre

1919-1925 : Erik Folcker

 

Boklund – Bergh – Folcker (eau-forte de Carl Larsson)

1925-1942 : Axel Gauffin

1942-1950 : Erik Wettergren

1950-1958 : Otte Sköld, artiste

1958-1969 : Carl Nordenfalk

1969-1979 : Bengt Dahlbäck

1980-1989 : Per Bjurström

1989-2001 : Olle Granath, critique d’art

2001-2003 : Hans Henrik Brummer, historien d’art

2003-2012 : Solfrid Söderlind, historienne d’art, première « överintendent »-femme

Granath – Brummer – Söderlind (©Per-Åke Persson/Nationalmuseum)

Berndt Arell sera ainsi le 23ème directeur du Nationalmuseum.

Nationalmuseum, fasaden

(©Hans Thorwid/Nationalmuseum)

La photo du mois : Clé

Chaque mois, les blogueurs qui participent à La photo du mois publient une photo en fonction d’un thème. Toutes les photos sont publiées sur les blogues respectifs des participants, le 15 de chaque mois, à midi, heure de Paris.

La photo du mois : Clé (thème proposé par Tambour Major)

Clé

Je n’ai pas la clé, mais j’ai trouvé la poignée sympa. 🙂

Allez voir les clés des autres photo-blogueurs : 100driiine, A&G, Alice, Anne, Astrid, blogoth67, Caro, Caro[line], Caroline, Cécy, Céliano, Céline, Céline in Paris, Cherrybee, Chouchou, Clara, Claude, Cynthia, Damien, Doremi, Doréus, Dorydee, Dr. CaSo, Eddy, Eff’Zee’Bee, Ennairam, Fabienne, François, Frankonorsk, Frédéric, Genki, Gilsoub, Godnat, Grignette, Guillaume, hibiscus, Isabelle, Jo Ann, Krn, La Madame, Laëtitia, Benjamin et Jérôme, L’azimutée, Les Caribous-bou-bou, M, Mandy, Marco, Marie, Marion, M’dame Jo, Nathalie, Nicopompus & SeriesEater, Noelia, Nolwenn, Olivier, Onee-Chan, 4 petits suisses dans un bol de riz, Sébastien, Shandara, Stéphane, Stephane08, Tambour Major, Tania, The Breathless Quills, The Parisienne, Thib, Titem, Un jour-Montreal, Véronique et Viviane.

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Le mot de la semaine : « värme »

Cette semaine, nous avons eu des températures largement au-dessus de la normale. De mes 12 ans en Suède, je ne me souviens pas avoir eu si chaud dès début juin. L’été est définitivement en avance par rapport aux années précédentes. Mais on ne s’en plaint pas vraiment non plus. 🙂

Cela fait un petit moment que je prends ma gamelle pour manger au bord de l’eau à midi, depuis cette semaine, je sors du bureau sans manteau, mais avec les lunettes de soleil. Cette semaine, j’ai pu aussi partir de chez moi, le matin, pour aller au boulot, sans veste. J’ai déjà pique-niqué, à l’ombre, mais j’ai aussi pris des coups de soleil en terrasse.

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Depuis vendredi, je suis constamment bras nus. La nuit, j’essaye de faire courant d’air entre le balcon et la chambre ; les températures nocturnes ne descendent plus en-dessous de 20 degrés. Ma consommation de glace a sérieusement augmenté et j’apprécie de boire mon thé froid. Et mes petites graines commencent à montrer le bout de leur petit nez vert. 🙂

Il a fait même plus chaud au nord de la Suède qu’à Stockholm, avec 32 degrés hier à Överkalix, à 50 km de la frontière avec la Finlande !

en värme [ène vèrmé] = une chaleur

värmen [vèrmène] = la chaleur

Le temps est pourtant au changement, et c’est peut-être aussi bien. Il devrait pleuvoir la semaine à venir et les températures vont baisser un peu. Mais aux alentours de 20 degrés, c’est tout à fait acceptable pour des latitudes suédoises.

Le mot de la semaine : « frö »

La Suède est gâtée en ce moment : long week-end de 5 jours et soleil et températures estivales. De quoi en prendre la notion du temps, de sorte que j’ai oublié d’écrire hier, comme tous les dimanches… :-/ Mais j’espère que mes fidèles lecteurs me le pardonneront : aujourd’hui est un peu comme un dimanche aussi. 😉

Pourquoi un week-end de 5 jours ? Il a commencé jeudi dernier avec l’Ascension, puis le pont vendredi, samedi et dimanche, et il s’achève aujourd’hui, lundi 6 juin, avec la fête nationale suédoise. 

Et qu’ai-je fait de ce long week-end ? Je me suis reposée, me suis couchée tard, me suis levée tard, ai tricoté un peu, ai profité du beau temps, passé plusieurs heures au soleil et à l’ombre, et puis j’ai un peu jardiné sur le balcon.

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Je suis très en retard cette année, mais vu le beau temps, je tente l’expérience du ”balcon à effet de serre”. Je n’ai rien planté, mais j’ai semé. Mais je n’avais pas la force de jeter toute la terre que j’ai dans les jardinières et les pots pour la remplacer avec du terreau de semis. J’ai donc mélangé ma vieille terre au compost alimentaire de la copropriété, puis j’ai étalé par-dessus une fine couche de terreau pour plantes fleuries, qui est sûrement un trop riche pour des petites graines, mais j’espère que ça marchera.

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« Graine » en suédois se dit « frö » et a une étymologie particulière : on retrouve ce mot dans toutes les langues nordiques — en danois frø, en norvégien fræ, frjo, frø, en islandais frjó, fræ — et il aurait la même origine que l’anglais fry, dans le sens de petit poisson ou œuf de poisson.

 

ett frö [ète freu] = une graine

fröet/fröt [freuète/freute] = la graine

frön [freune] = des graines

fröna [freuna] = les graines

Cette année, j’ai semé des œillets d’Inde = « tagetes » [taguétèsse], du thym = « timjan » [timyane], de l’origan = « oregano » [oréganô], de l’aneth = « dill » [dile], de la sauge = « salvia », de la marjolaine = « mejram » [méyerame], de la menthe = « mynta » [muneta], de la mâche = «machésallat », de la lavande = « lavendel » [lavènedèle] et des tournesols = « solrosor » [soulerousour]. Plus tard, quand mes plantes comestibles commenceront à faire surface, je sèmerais un peu d’herbe de décoration pour mettre un peu plus de verdure.

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