Une franco-suédoise stockholmoise sur des skis en Dalécarlie

J’avais hâte de faire ce voyage de deux heures en train pour rejoindre Borlänge et aller faire du ski dans la région la plus typiquement suédoise du pays, où il y a, à cette époque de la saison, encore suffisamment de neige pour faire du ski.

Je n’en avais pas fait depuis … vingt ans, mais je garde encore aujourd’hui un bon souvenir de cette classe de neige que j’avais fait à l’époque avec mes camarades, dans le Jura, à Lamoura, et je me souvenais que j’avais préféré le ski de fond au ski alpin.

Mon « sambo » et moi sommes partis vendredi soir, nous logions chez un ami à Borlänge et samedi nous sommes allés tous les trois à Orsa Grönklitt plein d’espoir, malgré un ciel gris. Nous avons loué deux paires de ski avec les chaussures et les bâtons et nous sommes partis plein d’entrain et de bonne humeur. Nous avons pris les premières chutes en riant.

Mais il s’est avéré que j’avais un très mauvais équilibre et je tombais de plus en plus. Le plus souvent en arrière (le sac à doc amortissais quelque peu les chocs) et quelques fois en avant. Les montées étaient difficiles car j’avais la mauvaise technique et je re-glissais souvent en arrière. Finalement, mon ami m’aidait à monter en me tirant avec un de ses bâtons…

Les descentes se révélèrent quand même être mes pires expériences de ce week-end. Les premières étaient amusantes, quand je prenais de la vitesse et que je sentais le vent souffler de chaque côté. Mais elles s’achevaient pratiquement toutes par une chute… Plus je tombais, et plus je me sentais faible dans les jambes et les bras qui ne cessaient de trembler (d’épuisement, déjà ?). À la fin, je ne pouvais plus me relever seule, de mes propres forces et je retombais sitôt redressée …

Ajoutez à cela la pluie et la grêle qui alourdissait la neige sur laquelle je tombais

sans cesse et qui imprégnaient les vêtements jusqu’à la peau presque. Nous étions rapidement trempés « de chez trempé »; bientôt, nous ne savions plus si c’était la sueur ou la pluie qui dégoulinait dans le dos ou refroidissait les doigts dans les gants malgré tout fourrés … Nous n’avons vraiment pas eu de chance avec le temps.

Après environ 2,5 km, j’ai vu une pente assez ardue s’achevant par un virage et une montée et je ne pensait qu’une seule chose : ”NO WAY, aldrig i livet!” (= jamais de la vie). J’avais déjà une fois retiré mes skis pour une descente sur laquelle je ne voulais pas me lancer à skis mais à pied, puis rechaussé les skis. Arrivée à cette descente-là, je me décidai à retirer les skis définitivement et continuer à pied. Nous étions sur un circuit de 10 km, indiqué en vert … Mon « sambo » et notre ami continuèrent à ski.

Faire 8 km à pied, même dans la neige, ce n’est pas un gros problème pour moi. (À part quand on s’enfonce jusqu’aux genoux à certains endroits …) Mais là, je portais les skis et les bâtons — j’ai opté entre diverses méthodes au cours de ma promenade —, il pleuvait, j’étais déjà bien fatiguée et j’étais la plupart du temps seule. Je me suis fait dépassée par peu de personnes, mais l’une d’entre elles me dépassa deux fois, à ski, et c’était un peu déprimant … Une autre ralentit un peu pour gentiment me demander comment j’allais puis elle continua son chemin en disant qu’elle trouvait le temps agréable … 8-/ Le temps était mauvais, rien d’agréable, et ne me permettait même pas d’admirer le paysage ni de prendre de belles photos…

À chaque kilomètre, un panneau annonçait à quel stade du circuit j’en étais, et je les attendais tous avec impatience : 4 km (plus que 6), 5 km (plus que 5), 6 km (plus que 4) … Passé le 8ème kilomètre, je me suis retrouvée sur un circuit bleu avec un panneau indiquant 22 km ! Je croyais avoir manqué une bifurcation, je revins sur mes pas, rencontra un jeune skieur de fond qui me confirma que j’étais bien dans la bonne direction et je repartis donc dans ce sens. Quelques centaines de mètres après le panneau du circuit bleu, je voyais celui du circuit vert. Je n’avais alors plus qu’un kilomètre à marcher.

Entre-temps, mon « sambo » et mon ami essayaient de me téléphoner sur mon portable. J’entendais la sonnerie mais le réseau étais trop faible pour qu’on puisse avoir une conversation téléphonique. J’essayai d’envoyer des sms pour les rassurer, mais ils ne parvinrent jamais à destination. À la fin, j’éteignis le son du portable pour ne plus avoir à entendre les sonneries. Que faire d’autre ?… C’est une des choses que j’ai trouvé la plus inquiétante : seule dans la nature suédoise, sans couverture téléphonique. Si jamais il m’étais arrivée quelque chose de grave, je ne sais pas comment j’aurai pu appeler au secours. Mais tout c’est bien fini.

Assis dans la voiture, trempés de la tête au pied, nous nous sommes réchauffés avec du thé chaud (le thermos était encore entier malgré les chutes) et rassasiés de fruits et de biscuits. Cette aventure n’avait pas trop entamée notre bonne humeur et nous pouvions discuter et blaguer de nos expériences individuelles de cette après-midi-là. Une fois rentrés à la maison, la douche était la seule solution pour supprimer cette sensation humide et froide.

Cette expérience certes difficile n’est pas négative pour moi. Je crois qu’une des principales raisons pour lesquelles je fus obligée d’abandonner les skis était que je me croyais suffisamment forte pour le faire, mais mon manque d’équilibre et les douleurs m’ont rappelés le diagnostic que j’ai reçu il y a un et demi. Malgré le fait que je fasse régulièrement du sport, ma fibromyalgie est bien là et se fait rappeler de temps en temps, le plus souvent dans des situations extrêmes. J’aurai peut-être dû prendre un circuit de 2 km et le faire plusieurs fois si je m’en sentais la force, plutôt que de m’engager sur un circuit de 10 km.

Finalement, j’aurais peut-être dû intituler ce billet ”Une fibromyalgique sur des skis”… Je ne m’avoue pas vaincue pour autant. Je crois que si j’avais la possibilité de m’entraîner sur un terrain relativement plat pour commencer (ce qui est possible à côté de chez nous), je pourrais améliorer ma technique et mon équilibre et petit à petit faire quelques montées, puis quelques descentes pour ainsi m’habituer à la vitesse et apprécier de plus en plus ce sport de glisse. Il faudrait pour cela que nous nous procurions nos propres skis, mais ce n’est pas le plus dure à faire. À méditer d’ici l’hiver prochain … Dans la région de Stockholm, la saison de ski de fond est maintenant terminée.

Le mot de la semaine : « åka skidor »

Avec un hiver tel qu’on a eu cette année, il aurait été dommage de ne pas s’essayer à un des sports de glisse très apprécié des Suédois, j’ai nommé le ski de fond. La plupart des Suédois ont des skis dans leur garage. Les Stockholmois ne les ont peut-être pas trop utilisés ces dernières années, mais cet hiver, je crois que pas mal de paires de ski ont repris du service.

Je n’ai pas mes skis à moi, ni mon « sambo ». Dans la région de Stockholm, il y a de nombreuses pistes de ski de fond, souvent assez proches des zones résidentielles, comme chez nous par exemple. Mais il est très difficile de trouver des skis à louer. La solution est donc, par exemple, d’aller en Dalarna (Dalécarlie en français), plus précisément à Orsa Grönklitt, où il y a des pistes de ski de fond et de ski alpin et où l’on peut louer le matériel adéquat pour une somme toute à fait raisonnable : 120 kr pour les skis de fond, les bâtons et les chaussures, et 40 kr pour l’accès aux pistes pour la journée.

Les skis, en suédois, c’est « skidor ». C’est assez compliqué à prononcer au début. Je ne peux le transcrire que comme ceci : [chuidor], mais c’est la version facile. 😉 Il y a dans ce son [ch] un petit son [r] qui n’est pas facile à maîtriser pour un Français débutant en suédois. Mais ce n’est pas grave, les Finlandais ont aussi du mal à prononcer ce son autrement que [ch] et les Suédois les comprennent quand même. Avec le temps, le bon son arrive. 🙂

Et « faire du ski », c’est « åka skidor » [auka chuidor]. Vous vous souvenez de mon article sur le verbe « » = aller ? Il ne s’utilise que pour dire qu’on « va à pied ». Dès qu’on utilise un moyen de transport (voiture, métro, train, avion, vélo, patins à glace, ski, etc …), on utilise le verbe « åka ».

jag åker skidor [jâgue aukeure chuidor] = je fais du ski

jag har åkt skidor [jâgue ‘hare aukte chuidor] = j’ai fais du ski

jag åkte skidor [jâgue aukté chuidor] = je faisais du ski

jag ska åka skidor [jâgue ska auka chuidor] = je ferais du ski

Le mot de la semaine : « ring »

Les Suédois sont un peuple qui apprécient beaucoup l’artisanant et nombre d’entre eux sont artisans, ou « designer » comme on dit aujourd’hui, pour faire plus à la mode.

Cette semaine, je veux vous présenter l’une d’entre elle. Elle s’appelle Anna-Karin Hallström et est une orfèvre habitant le sud de la Suède. Elle a son atelier dans sa maison et elle produit des bijoux uniques. Vous pouvez les voir (et les acheter si le coeur vous en dit 🙂 ) sur etsy.

Elle tient un blog en anglais où elle présente ses dernières creátions. Elle a aussi une page-fan sur Facebook.

Mais pourqoui vous la présenter ? Parce que j’ai depuis hier une de ses plus belles créations au doigt ! Au ”vänstra pekfingret” (index gauche) pour être plus précise. Une bague en argent orné d’une feuille stylisée. Je la trouve magnifique et elle me va parfaitement ! 🙂

en ring [ène ring] = une bague

ringen [ringène] = la bague

ringar [ringare] = des bagues

ringarna [ringarna] = les bagues

Le mot de la semaine : « skoskydd »

L’hiver touche à sa fin, de faibles signes printaniers apparaissent : un soleil plus chaud, des tâches d’herbes sous la neige qui fond peu à peu … et de la gadoue, pas mal de gadoue dans les rues et sur les trottoirs. On l’appelle « slask » (se prononce comme ça s’écrit), mais ce n’est pas de ça dont je vais vous parler ce dimanche, mais d’une de ses conséquences.

Quand on rentre dans les bâtiments publics, on peut voir ce genre de panneau : « skogräns » [skougrèn(e)sse], qui indique la limite où il faut ôter ses chaussures, et des corbeilles remplies de petits sacs en plastique bleu.

La photo est prise dans un des locaux de Friskis & Svettis où je vais faire du sport. En saison relativement sèche, je laisserais mes chaussures sur les étagères à l’entrée. Quoique, cela dépend des chaussures … Mes bottes d’hiver, je ne veux pas les laisser sans surveillance, mais c’est aussi pour une raison pratique : quand on retire ses chaussures à l’entrée, en saison plutôt mouillée et sale, on se retrouve à marcher sur un tapis imbibé de « slask » avant d’arriver à l’endroit sec, après la « skogräns ».

Alors ce que je fais en ce moment, c’est recouvrir mes chaussures de ces petits sacs en plastique bleu qui sont offerts à l’entrée — « nya skoskydd » — et je garde mes chaussures jusqu’au vestiaire, sans salir le sol, où je les retire et les dépose dans un casier, qui ne se salit pas non plus. Après le sport et la douche, je rechausse mes bottes, avec leurs petits sacs en plastique bleu, jusqu’à l’entrée, où je les retire, une fois arrivée sur le tapis trempé, et je les jette dans la corbeille d’à côté qui contient les « skoskydd » utilisés.

Il n’y a pas de traduction française pour le mot « skoskydd ». Il est formé de « sko » = chaussure et de « skydd » = protection. On pourrait peut-être les appeler des « protège-chaussures ».

ett skoskydd [ète skouchude] = un protège-chaussure

skoskyddet [skouchudète] = le protège-chaussure

skoskydd [skouchude] = des protège-chaussures

skoskydden [skouchudène] = les protège-chaussures

C’est un accessoire plutôt ringard, la plupart des Suédois rechignent à les enfiler, moi la première, mais là, j’avoue que je laisse le côté pratique prendre le dessus sur le côté esthétique. De toutes manières, je ne suis pas la seule à me balader en « skoskydd »…

Mais il ne faut surtout pas oublier de les retirer avant de sortir dans la rue, car là, pour le coup, ça fait vraiment ringard ! 😀 Et en plus, le risque de glissade est encore plus grand … Et ça, c’est pas marrant du tout …

Le mot de la semaine : « åka pulka »

Jusqu’à ce matin, j’avais pensé écrire sur un autre sujet (ce sera peut-être pour dimanche prochain). L’évènement qui m’a fait changer d’avis date de cet après-midi quand des amis nous ont invités, mon « sambo » et moi, à faire un tour de luge avec leurs enfants. Vous ne me croirez peut-être pas, mais je n’ai jamais fait de luge. À presque 32 ans, il était temps de faire mon baptême de glisse…

L’expression du jour se compose du verbe « åka » (= aller, se déplacer avec une sorte de véhicule quelle qu’il soit) et du substantif « pulka, -n, -or, -orna » (= luge).

jag åker pulka [jâgue aukeure pulka] = je fais de la luge

jag har åkt pulka [jâgue ‘hare aukte pulka] = j’ai fais de la luge

jag åkte pulka [jâgue aukté pulka] = je faisais de la luge

jag ska åka pulka [jâgue ska auka pulka] = je ferai de la luge

En hiver, en Suède, dès qu’il y a une couche de neige de quelques centimètres, on voit souvent des parents tirer leurs enfant dans des luges, au lieu de les transporter en poussette. Mais le plus amusant, pour les enfants comme pour les parents, est bien sûr de se lancer dans les descentes. Il est assez courant de voir un parent et un petit assis dans la même luge dévaler une pente. Les enfants un peu plus âgés sont volontiers plus casse-cous, mais les parents sont là pour veiller et ne lâchent pas leur progéniture sans un casque sur la tête.

Il existe différentes sortes de luges. De la plus simple : un morceau de plastique à tout simplement placer sous les fesses, au plus avancées appelées « snowracer » avec volant et patins pour mieux la diriger, en pensant par les coques en plastiques de formes diverses. Pour les touts-petits, on peut préférer celles avec une sorte de dossier et une sangle pour les maintenir bien assis et attachés. Pour le confort, on peut rajouter une peau de mouton. Il y en a pour tous les goûts !

Et après l’effort, le réconfort, sous forme de gaufres (« våffla, -n, -or, -orna ») suédoises ! 🙂