Le mot de la semaine : « åka »

La semaine dernière, je vous parlais du verbe « att gå » en précisant qu’on l’utilisait dans le sens « aller » seulement quand il s’agissait de marcher. Pour désigner la direction dans laquelle on va, on utilise la préposition « till ». Si je dis « jag går till jobbet », cela veut dire que « je vais au travail en marchant ». Mais étant donné j’habite un peu trop loin du travail pour pouvoir y aller de cette manière-là (25-30 km environ) et je prends donc le bus, le métro et un bateau. Je dois donc utiliser le verbe « att åka » : « jag åker till jobbet » = « je vais au travail », sous-entendu en utilisant un véhicule, un mode de transport autre que mes pieds et mes jambes.

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Le verbe « åka » est aussi irrégulier, mais peut-être plus simple à mémoriser :

jag åker [jâgue aukeure] = je vais
jag har åkt [jâgue ’hare aukte] = je suis allé
jag åkte [jâgue aukté] = j’allais
jag ska åka [jâgue ska auka] = j’irais

Je ne peux donc pas dire : « jag går till Frankrike » (= je vais en France), mais « jag åker till Frankrike ».

On peut préciser le mode de transport utilisé en l’ajoutant directement après le verbe.
bil [bile] = voiture
tåg [taugue] = train
flyg [flugue] = avion
buss [busse] = bus
tunnelbana [tunèlebâna] = métro
båt [baute] = bateau

Lundi, « jag åkte flyg till Paris ». Mardi, « jag åkte tåg till Gap ». Mardi prochain, « jag ska åka tillbaka till Paris » (« tillbaka » = notion de retour). Et le mardi 4 août, « jag ska åka tillbaka till Sverige ».

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Le mot de la semaine : « gå på bio »

Ou plutôt l’expression de la semaine. En France, on a le mot « cinéma » ou « ciné », comme abréviation de « cinématographe ». En Suède, on utilise l’abréviation « bio » pour dire « biograf(teater) » = « le théâtre où l’on montre des images vivantes », c’est-à-dire, qui bougent. « Gå på bio » veut dire « aller au cinéma ». Les prépositions sont toujours compliquées dans quelque langue que ce soit. « På » veut dire en général « sur », mais pas dans ce cas. Bien souvent, il vaut mieux apprendre une expression par coeur sans trop se poser de question.

Le verbe « gå » veut dire « marcher, aller » mais aussi « fonctionner » – comme en français en quelque sorte. Mais comme il veut dire « marcher », on ne l’utilise jamais pour dire qu’on va quelque part loin qui suppose l’usage d’une voiture, d’un train ou d’un avion. J’y reviendrais sûrement une autre fois. Pour l’instant, on se va concentrer à la conjugaison du verbe « gå » qui est irrégulière et donc pas forcément évidente.

jag går [jâgue gaure] = je marche/vais
jag hartt [jâgue ’hare gote] = j’ai marché/je suis allé
jag gick [jâgue yique] = je marchais/j’allais
jag ska [jâgue ska gau] = je marcherai/j’irai

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Vendredi dernier, nous sommes allés voir le dernier film d’Harry Potter en date : « Harry Potter et le Prince de sang-mêlé », que j’ai beaucoup aimé. Je trouve qu’ils ont vraiment réussi à recréer l’ambiance de plus en plus grave des livres.

Un des grands avantages des cinémas suédois, par rapport aux français, c’est qu’ils sont toujours montrés dans la langue originale, avec des sous-titres (à l’exception des films pour enfants). Depuis quelques années, il n’y a plus qu’une grande chaîne de cinéma en suédois : SF. Il existe encore quelques cinémas indépendants, mais ils n’ont pas la vie facile. Un de mes préférés à Stockholm est le cinéma Zita qui passe des films de qualités (c’est-à-dire pas toujours commerciaux) et organise souvent des séries de films finlandais, français (tous les mardis à 18h30 pendant une période de 2-3 mois chaque automne et printemps) ou polonais.

Dix ans

Certaines dates sont plus importantes que d’autres dans la vie. Et parfois, on ressent le besoin de faire une sorte de bilan pour se rendre compte du chemin fait, prendre un peu de distance pour avoir une vue d’ensemble et relativiser les points négatifs de la vie quotidienne.

1999
Le 2 juillet 1999, j’embarquais à bord d’un avion pour Stockholm avec beaucoup de surplus en bagages (qui me coûta environ 1000 francs). Depuis le début, mon but était de m’installer en Suède. Je passai par la case « au-pair », mais ne tins que sept mois. Le plus important pour moi pendant cette période était d’apprendre le suédois et après deux cours intensifs à la Folkuniversitet (et pas mal de travail personnel), j’avais acquis le niveau requis pour ne pas passer par la case « SFI » (« Svenska för invandrare » = Suédois pour étrangers).

2000
Je déménageais chez mes « beaux-parents » et continuais à suivre des cours de suédois, mais au niveau « Komvux ». À l’automme, je commençais à enseigner le français à des adultes à ABF. J’étais très étonnée d’avoir obtenu ce travail (quelques heures par semaines) et juste avant le premier cours, j’avais un trac énorme et je me demandais dans quel bateau je m’étais embarquée… Mes élèves étaient heureusement gentils et tout c’est tellement bien passé qu’ils ont suivi mes cours pendant plusieurs années.

2001
Après avoir suivi aussi des cours d’anglais, d’histoire et de psychologie à Konvux, je pouvais m’inscrire à l’université de Stockholm, à la rentrée de l’automne, pour le premier semestre du programme des Sciences culturelles. Je commençais aussi à enseigner le français à Folkuniversitet.

2002
Je repris mes études en histoire de l’art : j’avais râté ma troisième année de l’École du Louvre en 1999 car j’avais plus la tête en Suède que dans mes bouquins d’art, et outre les cours d’histoire de l’art en suédois – domaine dans lequel j’étais complètement ignorante – je dus tout repasser depuis le baroque jusqu’à l’art d’aujourd’hui. Mais le niveau étant moins ambitieux qu’à l’École du Louvre, je m’en sortis très bien.

2003
Pendant le week-end de Pâques, je déménageais avec mon « sambo » dans notre appartement. Quand j’avais emménagé chez ses parents, je croyais que c’était pour un ou deux mois et que j’allais rapidement trouver un logement de location. Ceux qui ont vécu à Stockholm comprennent à quel point je m’étais leurrée… Ce n’est donc que trois ans plus tard que nous pouvions acheter l’appartement dans lequel nous vivons encore aujourd’hui.
Cette année-là, j’obtins mon premier job d’été en tant que guide au château de Gripsholm. Là aussi, j’étais étonnée d’avoir était embauchée, mais mes compétences en français avaient sûrement fait pencher la balance du bon côté. Personnellement, ce boulot me permit de mieux connaître l’histoire des rois et des reines de Suède, car le parcours du château de Gripsholm retrace toute la période depuis Gustave Vasa.
À l’automne, je m’inscrivais en polonais à la fac de Stockholm.

2004
Deuxième semestre de polonais, puis premier semestre d’archivistique à la fac de Stockholm. Comme si je n’étais pas assez occupée par mes études et mes cours de français pour adultes et adolescents dans les écoles, je m’inscrivis aussi en français dans le but d’étudier ma langue maternelle d’un autre point de vue.
Au cours de l’été, je travaillais comme guide au château de Drottningholm, nettement plus proche de notre domicile que celui de Gripsholm. Certains soirs, si mes collègues et moi n’étions pas pressées de rentrer, nous prenions le bateau jusqu’à Stockholm – un peu de vacances tous les jours ! Nombre de mes amies actuelles datent de cette époque-là. À Drottningholm, j’approfondis mes connaissances en histoire suédoise du XVIIIème siècle.

2005
J’achèvai mes études d’archivistique en juin. Pour la première fois de ma vie, je fus mise en congé-maladie pour surmenage : la cause en était, non pas mes études, mais un emploi comme remplaçante de français dans une « friskola » (école libre) au nord de Stockholm. (Je crois que c’est cet évènement-là qui est la cause de ma fibromyalgie actuelle, même si au départ il ne s’agissait « que » d’une épicondylite et d’un surplus de stress et d’angoisse.)
Je réappris à vivre au cours de l’été lorsque j’entamais une deuxième saison au château de Drottningholm et au pavillon chinois situé plus loin dans le parc de château. Dès que j’étais libre, j’envoyais des CV pour décrocher mon premier emploi à plein-temps en tant qu’archiviste fraîchement diplômée. Grâce à une candidature spontanée, j’obtins en emploi de six mois à la mairie de Sigtuna.
(Avant l’été, j’avais démissionné de mes cours de français pour adultes – et dis au revoir à « mes » élèves – car je savais que je n’aurais plus le temps de les tenir dans le cas où j’obtiendrais un boulot à plein-temps.)

2006
Au printemps, je changeais d’employeur: j’avais visiblement fait bonne figure lorsque j’étais guide à Gripsholm, car le Nationalmuseum, qui embauche les guides de ce château, m’offrait un emploi de sept mois. Dans la foulée, je postulais pour un poste d’archiviste en CDD au Moderna museet, que j’obtins et je changeais de musée en novembre.

2007
Mon contrat au Moderna museet se prolongea plusieurs fois grâce à des subventions de l’État. Ce boulot m’allait comme un gant : formée en histoire de l’art et en archivistique, j’avais toujours rêvée d’être archiviste dans un musée, et dans ce cas précis, je crois vraiment que c’était une des chances de ma vie : organiser et inventorier les archives personnelles du premier chef du Moderna museet, Pontus Hultén ! Le fait que je parle français n’était pas à négliger non plus dans ce contexte-là. Après l’histoire suédoise, je me plongeais maintenant dans une période bien particulière de l’histoire muséale suédoise (puis dans l’histoire des musées d’art moderne au fur et à mesure de la carrière de Pontus Hultén).

2008
Mon contrat au Moderna museet s’achevait fin septembre, non pas par manque de travail (il reste quelques cartons d’archives à organiser), mais par manque d’argent. Mais le Nationalmuseum me contactais de nouveau pour un CDD de trois mois d’abord.
En août, mon « sambo » et moi fêtions nos dix ans ensemble avec un week-end à Prague.

2009
Le Nationalmuseum continue à m’embaucher pour d’autre tâches jusqu’à la fin de l’année au moins : 50 % pour administrer les dépositions d’oeuvres d’art dans les services publics suédois, 50 % en tant qu’assistante pour une exposition internationale qui ouvrira en septembre 2010. (C’est pour cela que je crois que j’aurais du travail jusque là 😉 ).
Le 4 juillet dernier, je fêtais mes 10 ans en Suède en invitant mes amis, suédois et français, à un grand pique-nique commun dans le parc du château de Tyresö. L’orage menaçait au loin mais à su se retenir de manière à ce qu’on puisse finir de manger avant de devoir tout remballer.

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Ce bilan de mes dix premières années en Suède est ma participation à la rédac’ du mois de juillet, dont le sujet est libre, puisque ce sont les vacances. Le sujet de la rédac’ d’août ne sera pas aussi libre mais assez large quand même et se tournera vers l’avenir. Ça tombe bien, après ce coup d’oeil en arrière. 🙂 Faites un tour chez mes co-blogueurs : ckankonvaou, Avec nous en Floride…, Le blog de Laetitia Beranger, Le blog d’Orchidee, D’Athènes à Montréal, En direct des iles, Zürichardie, Il était une fois dans le sud…, le Denis Blog, tranche de vie, Chocobox, good.mood, mouton.bergerie, une parisienne à Athènes, Lodi, Gazou, Sur les traces du chevalier ours, Betty looo-les cornus, Le chat qui, Sylvie, magicbus.

Même si je suis bientôt en vacances, je compte mettre à jour le blog au moins une fois par semaine, donc n’hésitez pas à revenir d’ici la prochaine rédac !

Le mot de la semaine : « köra »

Habitant la banlieue proche de Stockholm, j’ai très rarement ressenti le besoin d’avoir une voiture. Les transports en commun sont très bien développés et je préfère me faire transporter pour aller au boulot ou en rentrer plutôt que d’avancer à la vitesse d’un escargot dans les embouteillages des heures de pointe. Mais il arrive que vous receviez une invitation à un mariage à 500 bons kilomètres au nord de Stockholm, en pleine campagne, où, même si vous vous rendiez en train ou en bus dans la « ville » (d’aucuns diront qu’il n’y a pas de villes dans le nord de la Suède …) la plus proche, vous aurez tôt ou tard besoin d’une voiture, ne serait-ce que pour vous rendre à l’église et l’hôtel. Si les horaires de train et de bus ne vous conviennent pas, il vous reste la solution de la voiture de location.

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Le petit problème est que je n’avais pas conduit depuis 10 ans … Mon sambo, lui-même en train de passer le permis de conduire (il vient de l’avoir aujourd’hui), m’a vivement conseillée de prendre quelques heures de conduite avec son père avant le départ, histoire de me dérouiller les réflexes. S’ asseoir au volant d’une relativement vieille Volvo pour ensuite recevoir en main la clé d’une nouvelle VW Polo, ça fait un petit choc … mais on s’y habitue vite. Et rapidement, je me sentais plutôt à l’aise à faire du 100-120 sur les autoroutes suédoises. Le GPS dans beaux-parents nous a joué quelques mauvais tours et on a pas mal tourné-viré avant d’arriver à destination, au milieu de nulle part, dans une manufacture de fer désaffectée du XVIIIème siècle transformé en centre de conférence/salle de fête avec chambres d’hôtel réparties dans les anciens logements des ouvriers. Un endroit idyllique !

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La photo de gauche est prise vers 2h. Celle de droite montre la vue depuis notre chambre à notre arrivée, vers 3h.

Conduire de nuit dans le nord de la Suède n’est pas vraiment un problème. J’ai utilisé les phares de nuit pendant seulement quelques heures, et il ne faisait vraiment pas sombre. Nous sommes finalement arrivés aux aurores, c’est-à-dire à 3 heures du matin (on été parti à 19h…) ; le coucher de soleil fut pratiquement suivi par son lever.

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Le verbe conduire, en suédois, se dit « köra » et se conjugue ainsi :
jag kör [jâgue cheure] = je conduis
jag har kört [jâgue ’hare cheurte] = j’ai conduit
jag körde [jâgue cheurdé] = je conduisais
jag ska köra [jâgue ska cheura] = je conduirais

« Conduire une voiture » se dit « köra bil ». (Notez l’absence d’article, défini ou indéfini.)

Le pont de la Haute-Côte

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Le mot de la semaine : « hus »

« Hus », en suédois, c’est la maison. C’est un mot en -et:

ett hus [ète ’husse] = une maison
huset [’hussète] = la maison
hus [’husse] = des maisons
husen [’hussène] = les maisons

Le mot « hus » s’utilise en suédois de manière un peu plus élargie qu’en français. Cela peut désigner les maisons individuelles bien sûr, mais aussi les immeubles, les bâtiments ou faire partie de mot composés tels que « sjukhus » (maison des malades, mot-à-mot = hôpital). En fait, on pourrait dire que tout ce qui a quatres murs et un toit est une « hus » en suédois.

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Le bâtiment sur l’île Skepssholmen dans lequel nous avons emménagé il y a deux semaines s’appelle Amiralitetshuset = la maison de l’amiralité. Wikipédia et SFV nous renseigne sur cette « maison » : L’architecte en est probablement le Hollandais Louis Gillis ; le bâtiment d’origine date de 1647-1650 puis a été reconstruite et rénovée plusieurs fois par trois architectes suédois : Carl Hårleman [karle ’haurlémane] en 1754, Fredrik Blom [bloume] en 1846 et Rudolf Cronstedt [krounstète] en 1952. Seul le portail en grès est d’origine. L’aspect actuel du bâtiment est dû a Blom : c’est de cette époque-là que date les tourelles aux quatre angles.

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Amiralitetshuset est classée « byggnadsminne » depuis 1935 ; cela correspond plus ou moins aux monuments historiques français.

Pas mal comme lieu de travail, n’est-ce pas ? 😉