Dix ans

Certaines dates sont plus importantes que d’autres dans la vie. Et parfois, on ressent le besoin de faire une sorte de bilan pour se rendre compte du chemin fait, prendre un peu de distance pour avoir une vue d’ensemble et relativiser les points négatifs de la vie quotidienne.

1999
Le 2 juillet 1999, j’embarquais à bord d’un avion pour Stockholm avec beaucoup de surplus en bagages (qui me coûta environ 1000 francs). Depuis le début, mon but était de m’installer en Suède. Je passai par la case « au-pair », mais ne tins que sept mois. Le plus important pour moi pendant cette période était d’apprendre le suédois et après deux cours intensifs à la Folkuniversitet (et pas mal de travail personnel), j’avais acquis le niveau requis pour ne pas passer par la case « SFI » (« Svenska för invandrare » = Suédois pour étrangers).

2000
Je déménageais chez mes « beaux-parents » et continuais à suivre des cours de suédois, mais au niveau « Komvux ». À l’automme, je commençais à enseigner le français à des adultes à ABF. J’étais très étonnée d’avoir obtenu ce travail (quelques heures par semaines) et juste avant le premier cours, j’avais un trac énorme et je me demandais dans quel bateau je m’étais embarquée… Mes élèves étaient heureusement gentils et tout c’est tellement bien passé qu’ils ont suivi mes cours pendant plusieurs années.

2001
Après avoir suivi aussi des cours d’anglais, d’histoire et de psychologie à Konvux, je pouvais m’inscrire à l’université de Stockholm, à la rentrée de l’automne, pour le premier semestre du programme des Sciences culturelles. Je commençais aussi à enseigner le français à Folkuniversitet.

2002
Je repris mes études en histoire de l’art : j’avais râté ma troisième année de l’École du Louvre en 1999 car j’avais plus la tête en Suède que dans mes bouquins d’art, et outre les cours d’histoire de l’art en suédois – domaine dans lequel j’étais complètement ignorante – je dus tout repasser depuis le baroque jusqu’à l’art d’aujourd’hui. Mais le niveau étant moins ambitieux qu’à l’École du Louvre, je m’en sortis très bien.

2003
Pendant le week-end de Pâques, je déménageais avec mon « sambo » dans notre appartement. Quand j’avais emménagé chez ses parents, je croyais que c’était pour un ou deux mois et que j’allais rapidement trouver un logement de location. Ceux qui ont vécu à Stockholm comprennent à quel point je m’étais leurrée… Ce n’est donc que trois ans plus tard que nous pouvions acheter l’appartement dans lequel nous vivons encore aujourd’hui.
Cette année-là, j’obtins mon premier job d’été en tant que guide au château de Gripsholm. Là aussi, j’étais étonnée d’avoir était embauchée, mais mes compétences en français avaient sûrement fait pencher la balance du bon côté. Personnellement, ce boulot me permit de mieux connaître l’histoire des rois et des reines de Suède, car le parcours du château de Gripsholm retrace toute la période depuis Gustave Vasa.
À l’automne, je m’inscrivais en polonais à la fac de Stockholm.

2004
Deuxième semestre de polonais, puis premier semestre d’archivistique à la fac de Stockholm. Comme si je n’étais pas assez occupée par mes études et mes cours de français pour adultes et adolescents dans les écoles, je m’inscrivis aussi en français dans le but d’étudier ma langue maternelle d’un autre point de vue.
Au cours de l’été, je travaillais comme guide au château de Drottningholm, nettement plus proche de notre domicile que celui de Gripsholm. Certains soirs, si mes collègues et moi n’étions pas pressées de rentrer, nous prenions le bateau jusqu’à Stockholm – un peu de vacances tous les jours ! Nombre de mes amies actuelles datent de cette époque-là. À Drottningholm, j’approfondis mes connaissances en histoire suédoise du XVIIIème siècle.

2005
J’achèvai mes études d’archivistique en juin. Pour la première fois de ma vie, je fus mise en congé-maladie pour surmenage : la cause en était, non pas mes études, mais un emploi comme remplaçante de français dans une « friskola » (école libre) au nord de Stockholm. (Je crois que c’est cet évènement-là qui est la cause de ma fibromyalgie actuelle, même si au départ il ne s’agissait « que » d’une épicondylite et d’un surplus de stress et d’angoisse.)
Je réappris à vivre au cours de l’été lorsque j’entamais une deuxième saison au château de Drottningholm et au pavillon chinois situé plus loin dans le parc de château. Dès que j’étais libre, j’envoyais des CV pour décrocher mon premier emploi à plein-temps en tant qu’archiviste fraîchement diplômée. Grâce à une candidature spontanée, j’obtins en emploi de six mois à la mairie de Sigtuna.
(Avant l’été, j’avais démissionné de mes cours de français pour adultes – et dis au revoir à « mes » élèves – car je savais que je n’aurais plus le temps de les tenir dans le cas où j’obtiendrais un boulot à plein-temps.)

2006
Au printemps, je changeais d’employeur: j’avais visiblement fait bonne figure lorsque j’étais guide à Gripsholm, car le Nationalmuseum, qui embauche les guides de ce château, m’offrait un emploi de sept mois. Dans la foulée, je postulais pour un poste d’archiviste en CDD au Moderna museet, que j’obtins et je changeais de musée en novembre.

2007
Mon contrat au Moderna museet se prolongea plusieurs fois grâce à des subventions de l’État. Ce boulot m’allait comme un gant : formée en histoire de l’art et en archivistique, j’avais toujours rêvée d’être archiviste dans un musée, et dans ce cas précis, je crois vraiment que c’était une des chances de ma vie : organiser et inventorier les archives personnelles du premier chef du Moderna museet, Pontus Hultén ! Le fait que je parle français n’était pas à négliger non plus dans ce contexte-là. Après l’histoire suédoise, je me plongeais maintenant dans une période bien particulière de l’histoire muséale suédoise (puis dans l’histoire des musées d’art moderne au fur et à mesure de la carrière de Pontus Hultén).

2008
Mon contrat au Moderna museet s’achevait fin septembre, non pas par manque de travail (il reste quelques cartons d’archives à organiser), mais par manque d’argent. Mais le Nationalmuseum me contactais de nouveau pour un CDD de trois mois d’abord.
En août, mon « sambo » et moi fêtions nos dix ans ensemble avec un week-end à Prague.

2009
Le Nationalmuseum continue à m’embaucher pour d’autre tâches jusqu’à la fin de l’année au moins : 50 % pour administrer les dépositions d’oeuvres d’art dans les services publics suédois, 50 % en tant qu’assistante pour une exposition internationale qui ouvrira en septembre 2010. (C’est pour cela que je crois que j’aurais du travail jusque là 😉 ).
Le 4 juillet dernier, je fêtais mes 10 ans en Suède en invitant mes amis, suédois et français, à un grand pique-nique commun dans le parc du château de Tyresö. L’orage menaçait au loin mais à su se retenir de manière à ce qu’on puisse finir de manger avant de devoir tout remballer.

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Ce bilan de mes dix premières années en Suède est ma participation à la rédac’ du mois de juillet, dont le sujet est libre, puisque ce sont les vacances. Le sujet de la rédac’ d’août ne sera pas aussi libre mais assez large quand même et se tournera vers l’avenir. Ça tombe bien, après ce coup d’oeil en arrière. 🙂 Faites un tour chez mes co-blogueurs : ckankonvaou, Avec nous en Floride…, Le blog de Laetitia Beranger, Le blog d’Orchidee, D’Athènes à Montréal, En direct des iles, Zürichardie, Il était une fois dans le sud…, le Denis Blog, tranche de vie, Chocobox, good.mood, mouton.bergerie, une parisienne à Athènes, Lodi, Gazou, Sur les traces du chevalier ours, Betty looo-les cornus, Le chat qui, Sylvie, magicbus.

Même si je suis bientôt en vacances, je compte mettre à jour le blog au moins une fois par semaine, donc n’hésitez pas à revenir d’ici la prochaine rédac !

6 reaktioner på ”Dix ans”

    1. @ Deline : Oui, même si les journées d’été largement plus longues que celle d’hiver. 😉 Mais quoi, tu croyais que j’allais me tourner les pouces pendant 10 ans avec les doigts de pied en éventail ? Et encore, j’ai pas raconté que j’ai certaines années fait des doubles cursus à la fac …
      @ Jo Ann v : C’est justement ma devise, plus ou mois : ”Qui ne tente rien n’a rien.” 🙂
      @ Pascal : Dans ton domaine, il est plus facile de trouver un emploi fixe que dans le mien. On a pas réussi de la même manière. 🙂
      @ Anaïs : Je vais corriger les fautes tout de suite. (Mais ça n’a pas l’air d’avoir choqué le reste de mes lecteurs …)
      @ Marie : Hej, det var länge sedan ! J’espère aussi que la Suède me réserve encore quelque bonnes surprises, car je compte bien y rester ! 🙂

  1. 10 années bien remplies!
    Je suis en retard, que 8 ans que je suis en Suède… Et toujours le même boulot

  2. Attention au français !! ”je passa, j’acheva”, je ne suis pas vraiment sûre que cela existe chez nous !!
    En tout cas, tu as bien travaillé et tu as mérité tes vacances en France !

  3. Bon anniversaire de 10 ans! Tout un parcours en effet. Un chemin de vie beau et inspirant. Je te souhaite que les années à venir soient tout aussi belles pour toi!

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