Le mot de la semaine : « arbetslöshetsersättning »

Pour ce dimanche, je vous propose un mot ”à décortiquer”. On abordera la prononciation petit-à-petit. 😉

Tout d’abord, voici les différentes parties du mot : « arbet-s-lös-het-s-ersätt-ning ».

« Arbete » [arbété], c’est le travail.

Le suffixe « -lös » [leusse] signifie « sans » ; cela donne donc « sans travail » ou « chômeur ». (On peut aussi former des mots tels que « hemlös » = sans-logis, « färglös » = sans couleur, « smaklös » = sans goût, « fantasilös » = sans fantaisie, etc…)

Le suffixe « -het » [‘hète] s’utilise souvent pour former des substantifs désignant des notions ou des concepts. « Arbetslöshet », c’est le chômage, tout bêtement.

Le verbe « ersätta » [érchèta] signifie « remplacer, compenser ». Avec le suffixe « -ning », on forme un substantif à partir du verbe, qui veut donc dire « remplacement, compensation ».

Enfin, le -s- entre les deux substantifs est nécessaire pour former le mot composé final, qui mot à mot signifie « compensation de chômage », et en langage plus courant « assurance-chômage ». D’ailleurs, on peut parfois rencontrer le mot suédois « arbetslöshetsförsäkring » (« försäkring » [feurchèkring] = assurance, de « försäkra » = assurer).

Enfin, pour la prononciation cela donne [arbéts(e)leusse’hèts(s)érchétning]. Simple, non ? 😉

Tout ça pour dire que ma caisse d’assurance-chômage m’a été accordée (« beviljat» [bévilyate]) mon assurance-chômage, à raison de 680 kr/jour pendant un maximum de 75 jours (au lieu de 300 jours si j’avais été au chômage à plein-temps — je ne vais pas me plaindre). Le langage bureaucratique suédois peut lui aussi être alambiqué, je vous rassure, ce n’est pas l’apanage de la langue française. 😉

Portrait suédois : Åke Siikavuopio

Åke [auké] Siikavuopio (se prononce comme cela s’écrit) est le seul habitant du village Naimakka, situé dans le « Treriksröset », ou cairn des trois royaumes, entre la Suède, la Finlande et la Norvège. Ses voisins les plus proches sont à huit kilomètres.

Sa mission est de surveiller la station météorologique la plus septentrionale de Suède. Elle est désormais automatisée, mais ses parents avaient l’habitude de relever les températures toutes les trois heures. La nuit du 15 au 16 février, c’est à Naimakka qu’a été relevée la température la plus basse de l’année, pour le moment. -46,2°C !

Ce que Åke doit faire plusieurs fois par jour en hiver, c’est conduire sa voiture pour garder le moteur chaud. Au repos, elle reste dehors sous une bâche, avec des peaux de rennes sur le moteur.

Åke reconnait qu’il ne fait pas grand chose quand il fait si froid, mais ce type de température n’a rien d’exceptionnel pour lui. Il suffit de bien se couvrir et d’économiser son énergie. Il souligne qu’on ne tombe pas malade à cause du froid, mais par contre il faut faire attention au risque de gelure. Il a eu les doigts gelés au point que la peau s’en détachait et les lobes de ses oreilles gelaient tous les hivers quand il était enfant. Pour les imprudents, cela peut mener à l’amputation …

La maison d’Åke et le paysage alentour sont actuellement recouverts d’une couche épaisse de neige bleutée à la lumière du soleil hivernal. Les grands froids sont plus souvent l’occasion de phénomènes optiques, telles que la pleine lune avec un halo ou les parhélies, où l’on croit voir deux ou plusieurs soleils. Nombres de gens trouvent que ces phénomènes sont beaux ; Åke ne comprend pas pourquoi, il ne les voit même pas. 🙂

Parhélie, le 4 décembre 2010, entre Tyresö et Stockholm

Le mot de la semaine : « deltid »

« Tid », c’est le « temps », en suédois.

« Hel » signifie « entier, complet », « halv = demi, mi » et « del = en partie, partiel ».

« Att arbeta heltid » signifie donc « travailler à plein-temps », « halvtid = à mi-temps » et « deltid = à temps partiel ». (Noter l’absence de préposition entre le verbe « arbeta » et « hel-/halv-/deltid » en suédois.)

À partir de février et jusqu’à la fin de l’année, « jag arbetar deltid », 70 % soit 28 h/semaine jusqu’à fin septembre, puis 80 % soit 32 h/semaine d’octobre à décembre. Pour le moment, je travaille tous les jours mais finis plus tôt, le plus souvent à 15 h. Mais je vais voir s’il est possible d’avoir une journée entièrement libre.

C’est mon employeur qui m’impose cette solution, je ne l’ai pas voulu moi-même. Cela veut dire que je devrais avoir droit à l’assurance chômage. Cela implique à son tour que j’ai dû aller m’inscrire à Arbetsförmedlingen, le Pôle Emploi suédois, en tant que chômeuse à 30 %. Comme il y peut y avoir un CDI à plein-temps à la clé, à partir de 2012, j’ai l’impression qu’ils vont me laisser un peu tranquille et ne pas m’obliger à lâcher le Nationalmuseum pour un emploi à plein-temps ailleurs.

Mais cela n’empêche pas que je dois quand même postuler pour des postes correspondant à mes compétences, car c’est Arbetsförmedlingen qui signale à ma caisse de chômage si je remplis ma partie du contrat pour avoir droit à l’assurance. Ainsi, selon le plan d’action établi par Arbetsförmedlingen, je dois, par trois fois d’ici fin juillet, rendre compte du nombre de candidatures que j’ai envoyées. Fin juillet, je retourne à Arbetsförmedlingen pour faire le point et établir un nouveau plan d’action.

Ceci est le côté négatif.

Mais je compte faire plein de choses positives de cette période de chômage partiel ! 🙂

Ralentir le tempo un peu (quoique, étant donné la masse de travail à faire qui suffirait largement à remplir un plein-temps, je ne vais pas vraiment chômer au bureau). Mais je suis très à cheval sur mes horaires de travail et je pars à 15 h, point à la ligne ! Et si je ne fais pas sport après le travail, rentrer à la maison en fin d’après-midi est un vrai plaisir ! 🙂

J’ai retrouvé le plaisir de lire.

J’espère avoir l’occasion de tricoter, et de bloguer peut-être aussi, un peu plus souvent. 😉

Je compte aussi me replonger un peu dans mes études – je n’ai toujours pas abandonné mon projet de thèse en histoire de l’art mais ça demande pas mal de travail avant de présenter mon projet à la faculté de Stockholm.

Vous l’avez sûrement compris, je ne suis pas du genre à me tourner les pouces. 🙂

Le mot de la semaine : « nedtagning »

Le mot de la semaine se compose de trois parties : « ned – tag – ning » (et se prononce comme cela s’écrit).

Commençons par la racine, « tag », qui vient du verbe « att ta » = prendre. Le -g final est un reste de la forme ancienne de ce verbe, « att taga », que l’on note encore dans les formes conjuguées : « tog » à l’imparfait/passé simple, « tagit » pour le supin (voir paragraphe ”En suédois”).

Le suffixe « -ning » est communément utilisé en suédois pour former un substantif à partir d’un verbe. Le mot « Tagning! » s’utilise par exemple à la place de l’anglais « Action ! » ou du français « On tourne ! » quand on fait un film.

Le préfixe « ned- » provient de l’adverbe « ned/ner/neder » qui indique un mouvement vers le bas : par exemple « gå ner » = mot à mot aller en bas = descendre. Je crois que, dans la plupart des cas, on pourrait dire que le préfixe « ned- » peut se traduire par l’équivalent français « dé- ». Le verbe « ta ner/ned » signifie « démonter ». Le mot « nedtagning, -en, -ar, -arna » signifie donc « démontage ».

Après le montage d’une exposition (« installation » [inestalachoune] en suédois), suit son démontage, tout logiquement, après quelques mois d’ouverture au cours desquels un certain nombre de visiteurs la voit. La grande exposition de l’automne du Nationalmuseum, « Härskarkonst » en suédois (« Arts des pouvoirs » en français) a attiré un peu plus de 61 000 visiteurs ; on avait espéré au moins 100 000 visiteurs, mais l’Armée de terre cuite chinoise et Anders Zorn à Waldemarsudde nous ont fait de la concurrence. L’exposition fermait le 23 janvier, et dès le 24, nous entamions son démontage (« nedtagning ») qui prit au total presque trois semaines. La première semaine a été consacrée au démontage des objets russes, la deuxième aux objets prêtés par des musées français, la troisième aux objets suédois.

Le démontage d’une exposition est une mission secrète de par la valeur des objets exposés qui doivent être retournés aux emprunteurs sans encombre. Donc bouche cousue sur le planning de démontage, la venue des convoyeurs et le départ des transports, ainsi que leur route bien évidemment. À la date d’aujourd’hui, tous les objets sont de retour à leur propriétaires respectifs et c’est pour cela que je peux vous raconter seulement maintenant ce que j’ai fait ces dernières semaines.

Cette exposition a été une belle aventure mais j’avoue quand même que je suis contente que ce soit terminé. Surtout le montage et le démontage, planification en amont incluse, sont des périodes de travail très intensives et c’est seulement quand tout est fini qu’on s’autorise à souffler un peu. Dans mon cas, la fatigue vient après coup. Et c’est donc avec soulagement que j’entame une période de 11 mois de travail à temps partiel. J’y reviendrais bientôt ici-même, sur ce blog, peut-être déjà dimanche prochain, si rien d’exceptionnel n’arrive d’ici-là. 🙂

Si vous voulez voir des photos de l’exposition, je vous conseille un petit tour sur la page flickr du Nationalmuseum.

Le mot de la semaine : « hemlig »

L’adjectif « hemlig » [´hèm(e)ligue] signifie « secret ». Étymologiquement, il vient de l’ancien suédois « hemeliker, hemelikin, hemelig » — à comparer avec l’islandais heimiligr, le danois hemmelighet, ou l’allemand heimelich. Il construit sur le substantif « hem » qui signifie « maison », faisant ainsi référence à un espace fermé, sécurisé, échappant aux yeux de ceux qui n’en font pas partie. C’est plutôt logique.

Il se décline ainsi :

hemlig [´hèm(e)ligue] = forme indéfinie, singulier, devant en substantif en -n

hemligt [´hèm(e)likte] = forme indéfinie, singulier, devant en substantif en -t

hemliga [´hèm(e)ligua] = forme définie, singulier et pluriel

Un secret est « en hemlighet » [ène ‘hèm(e)lig’hète].

Pourquoi ai-je choisi ce mot pour cette semaine ?

Parce que j’étais en mission secrète au travail cette semaine (affaire à suivre dimanche prochain 😉 ). Et que mon « sambo » fête ses 30 ans en avril et que j’ai déjà trouvé son cadeau mais que je ne peux bien sûr pas révéler ce que c’est pour le moment. 😉