Le mot de la semaine : « skärgård »

Mercredi dernier, j’avais une heure « à tuer » et comme il faisait beau, je suis allée m’asseoir sur un des bancs du quai tout juste rénové devant le Nationalmuseum. Il s’avérait que c’était « skärgårdsbåtens dag » = la journée des bateaux de l’archipel. Six bateaux avaient — avec difficulté pour cause de courant trop fort — accosté et accueillaient à leur bord de nombreuses personnes, retraitées pour la plupart. C’était une journée idéale , bleuté et ensoleillée, pour partir faire un tour en bateau dans l’archipel !

Car « skärgård » signifie « archipel ». C’est un mot composé de « skär » = petite île, et de « gård » = domaine, propriété. « Skär » est un mot d’ancien suédois tandis que « gård » est d’origine germanique (cf. yard en anglais ou Garten en allemand). Le mot « skärgård » désigne souvent les archipels suédois, de Stockholm ou de Göteborg par exemple. (Le mot « arkipelag » existe aussi mais vient du grec arkhipelagos, par l’intermédiaire de l’italien arcipelago. Un autre signe distinctif de « skärgård » par rapport à « arkipelag » est que le premier est souvent proche des côtes.)

en skärgård [ène chuèr(e)gaurde] = un archipel

skärgården [chuèregaurdène] = l’archipel

skärgårdar [chuèregaurdare] = des archipels

skärgårdarna [chuèregaurdar(e)na] = les archipels

N.B. : On retrouve ici la prononciation difficile de la combinaison de lettres « sk » comme dans « skidor ».

« Stockholms skärgård », l’archipel de Stockholm, compte quelques 30 000 îles, petites et grandes, habitées ou désertes, et s’étend sur une surface de 1 700 km2, 80 km d’ouest en est et de 150 km du nord au sud. Je peux dans ce contexte aborder un sujet géologique intéressant, j’ai nommé l’élévation de la croûte terrestre, car c’est ainsi que l’archipel s’est formé. Oui, vous avez bien lu : l’élévation de la croûte terrestre ou rebond post-glaciaire (« landhöjningen » en suédois). Nous avons tous entendu parler à l’école de l’élévation du niveau de la mer, mais celui de la croûte terrestre ? J’étais bien étonnée moi aussi quand j’ai entendu parler de ce phénomène la première fois. Mais c’est d’ailleurs pour cela que les ports de Stockholm sont en train de rénover Strömkajen [streumekaillène], le quai le long du Nationalmuseum et du Grand Hôtel, pour justement le rabaisser.

On retrouve ce phénomène aussi au Canada ; il s’explique par le fait que ces régions ont longtemps étaient couvertes d’un glacier continental ou calotte glacière (inlandsis), épais de plusieurs kilomètres, qui exerçait une pression sur la croûte terrestre. Quand le glacier a fondu, la pression a disparu et la croûte terrestre s’est donc élevée. Les chercheurs croient que l’élévation était de 75 mm/an pendant une période de 2000 ans, au fur et à mesure que le glacier fondait. Depuis que la calotte glacière a complètement disparu, l’élévation de la croûte terrestre a été de moins en moins importante, aujourd’hui, dans la région de Stockholm, d’environ quelques mm/an. Mais on prédit que cette élévation durera encore 10 000 ans. (En même temps, le réchauffement du climat cause une hausse du niveau de la mer, même en Scandinavie, ce qui relativise un peu l’élévation de la croûte terrestre.)

L’archipel de Stockholm est une des destinations favorites des Stockholmois et des touristes, surtout en été, mais il est aussi accessible une grande partie de l’hiver. Les bateaux à vapeur du début du siècle sont le moyen de transport le plus usité. On peut souvent y dîner si l’excursion est suffisamment longue. Je ne me suis pas encore trop aventurée dans l’archipel, mais j’ai l’expérience du site touristique par excellence, Vaxholm,  comme celle de l’île isolée et relativement peu peuplée, Landsort.

Ces bateaux ne voyagent pas seulement vers l’est, dans l’archipel de Stockholm, mais aussi vers l’ouest, dans le lac Mälaren. Dans ce sens-là, je vous recommande entre autre d’embarquer à destination des châteaux de Gripsholm et de Drottningholm ou de Birka, une des premières villes suédoises connues pour ces vestiges de l’époque viking. Pour Mariefred/Gripsholm et Birka, il s’agit d’une excursion d’une journée, aller-retour. Pour Drottningholm, on y est en une heure.

Pour en revenir à mon moment de lecture au soleil sur Strömkajen, je dois vous avouer que je n’ai pas lu autant que j’avais espéré, mais l’expérience n’en était pas moins désagréable pour autant. J’ai bien envie de faire quelques excursions dans l’archipel stockholmois cet été ! 🙂

5 reaktioner på ”Le mot de la semaine : « skärgård »”

  1. Ca donne bien envie d’aller faire un p’tit tour de bateau dans l’archipel!!! Ce ne sera pas cet été!!
    Qui va gagner : l’élévation de la croûte terrestre ou la hausse du niveau de la mer?

  2. ah, l’archipel de Stockholm… Et c’est dans l’archipel, sur une île, qu’Abba composait ses tubes
    A voir et à revoir

  3. ”« Skär » est un mot d’ancien suédois tandis que « gård » est d’origine germanique (cf. yard en anglais ou Garten en allemand). ” Certes! Mais le suédois est aussi du germanique! ”skär” vient du germanique ”skarja”, qui ne semble pas avoir donné d’autres mots dans des langues parentes, dixit Svensk etymologisk ordbok.
    Le phénomène que tu décris (fort bien!), je le connaissais depuis mes études lointaines de scandinave sous le nom ”d’isostasie”, il concerne effectivement tout le nord de l’Europe et de l’Amérique.
    Ton blog donne envie d’y aller!

  4. Drottningholm… je voulais y aller dimanche dernier mais on a realise que ce n’etait probablement pas une bonne idee en ce jour de fete nationale! mais ce sera pour bientot et en bateau!

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