Le mot de la semaine : « barnmorska »

Vendredi, j’ai assisté à la remise de diplôme d’une amie et vingt-neuf de ses camarades de classe qui, après un an et demi de formation, devenaient sages-femmes. La cérémonie avait lieu à 13h30 dans l’église Gustav Vasa, sur la place Odenplan, à Stockholm.

en barnmorska [ène barnemouscka] = une sage-femme

barnmorskan [barnemorskane] = la sage-femme

barnmorskor [barnemorskoure] = des sages-femmes

barnmorskorna [barnemorskourna] = les sages-femmes

L’étymologie de ce mot est incertaine, mais on croit qu’il est issu du mot « barnamoder », de « barn » [barne] = enfant + « moder » [moudère] = mère, lui-même issu du bas allemand « bademodersche ».

Le mot « ackuschörska » [akucheuska] = accoucheuse, semble également exister en suédois, mais je ne l’ai jamais entendu prononcé.

Autrefois, on appelait les accoucheuses suédoises : « jord(e)gumma » ou « jord(e)moder », de « jord » [yourde] = terre + « gumma » [guma] = femme ou « moder » = mère, car les femmes accouchaient à même le sol et la sage-femme était celle qui récupérait l’enfant la première. Les « jordgummor » n’avaient au début aucune formation médicale, mais une grande expérience de la vie et des accouchements. Leurs connaissances se transmettaient de mère en fille. On leur donnait parfois des dons magiques.

Les premiers livres sur l’art de l’accouchement furent écrits par des femmes au XVIIème siècle mais n’étaient pas diffusés dans les campagnes. C’est à la fin du XVIIème siècle que les médecins (hommes) commencèrent à s’intégrer dans cette sphère auparavant exclusivement réservée aux femmes. Les sages-femmes furent placées sous la tutelle des médecins suédois en 1663 ; un nouveau règlement leur interdisait dès lors à utiliser des instruments pour accoucher les femmes. Si l’usage d’instrument était nécessaire, il fallait faire appel à un médecin.

Le médecin Johan von Hoorn est le père de l’obstétrique suédoise. Il publia Then swenska wälöfwade jordegumman (La sage-femme bien formée) en 1697 et mit en place une formation de sages-femmes à Stockholm pour la première fois en 1708. À partir de 1711, une sage-femme devait suivre un apprentissage d’au moins deux ans. La première maternité, pour les femmes de la bourgeoisie, ouvrit en 1774. L’année suivante ouvrait une autre maternité pour les femmes pauvres et/ou non-mariées.

Jusqu’en 1819, les sages-femmes suédoises étaient organisées en guildes. Peu à peu, même les femmes non-mariées pouvaient devenir sages-femmes, puis on les a de nouveau autorisées à utiliser des instruments. À partir de 1856, les sages-femmes durent apprendre à soigner les nouveaux-nés. Dans les années 1960, on mit en place un certificat professionnel.

Aujourd’hui, les sages-femmes suédoises sont à la base infirmières (« sjuksköterska, – n, -or, -orna » [chukcheutèchka]) ou infirmier : il y avait une ”sage-femme homme” parmi les trentes diplômés — dix hommes au total dans toute la Suède exercent cette profession. La formation d’infirmière est de trois ans, en Suède. Ensuite, pour accéder à la formation de sage-femme, il faut avoir au moins douze mois d’expérience professionnelle. Les sages-femmes suédoises sont rattachées à un hôpital pour les accouchements, ou à un centre de soins médical et ont alors à charge les soins obstétricaux, gynécologiques et sexuels, ainsi que le suivi des maternités et les questions de contraception et d’avortement. (Un gynécologue suédois est un médecin spécialisé dans les maladies de l’appareil génital féminin.)

À gauche, la broche des sages-femmes suédoises, ornée de l’arbre de vie.

(Source Wikipédia, articles en suédois : barnmorska et Johan von Hoorn)

5 reaktioner på ”Le mot de la semaine : « barnmorska »”

    1. @semla : Je savais que ça allait en faire réagir plus d’un. J’explique pourquoi ici.
      @Jacques : Si, l’État et l’église suédoise sont séparées mais seulement depuis 2000. Les traditions ne se perdent pas du jour au lendemain, et je dirais qu’on voit la religion d’une autre manière qu’en France. Peut-être par ce que la Suède a été protestante longtemps ? Merci pour la correction ”donner/prêter” qui est tout à fait juste.
      @Tif : La précision des accouchements à domicile est tout à fait juste, mais ils sont rares quand même je crois. En effet, les sages-femmes-hommes sont rares, mais dans une profession à dominance féminine, ce n’est pas très étonnant. Je crois que ça va prendre du temps avant que ce soit un peu plus équilibré. Car il ne s’agit pas seulement que des hommes choisissent de devenir infirmiers puis ”accoucheurs”, il faut aussi que ce soit accepté du côté des futures mères.

  1. Il n’y a pas de séparation stricte entre l’Église et l’État comme chez nous. Il me semble que la fête qui suit la remise des diplômes niveau bac se passe aussi à l’église. Cela nous parait évidemment bizarre !

    ”On leur donnait parfois des dons magiques” : non, on les leurs prêtait ! 🙂

    Merci, Hibiscus, pour ce bel exposé !

  2. Il ya aussi quelques SF qui accouchent à domicile, et certaines d’entre elles se qualifient toujours de ”Jordemor” (1000 fois plus joli que ”Barnmorska” à mon sens). Et ”Jordemor” est toujours le terme utilisé en Norvège 😉
    Pas étonnant qu’il y ait aussi peu d’hommes, ils n’ont accédé à la profession d’infirmiers que depuis 1951. Certainement plus tard pour la spécialisation SF.(Mais bientôt ca devrait augmenter, je connais plusieurs étudiants infirmiers qui souhaitent devenir SF).

    La remise des diplômes à l’église, on en a déjà parlé ;-), je demanderai à recevoir le mien par la poste!

    Merci pour ce chouette article!!!!

Lämna ett svar

Din e-postadress kommer inte publiceras. Obligatoriska fält är märkta *