Le mot de la semaine : « bokcirkel »

L’été dernier, j’ai retrouvé le plaisir de lire. Sans ordinateur pendant plusieurs semaines, j’avais de nouveau le temps de me replonger dans la lecture, à l’ombre ou au soleil dans le jardin de mes parents, dans le train, ou au lit avant d’éteindre pour la nuit. J’ai lu plusieurs romans en peu de temps, entre autres : L’Hibiscus pourpre de Chimamanda Ngozi Adichie, Le passé n’est pas un rêve de Theodor Kallifatides (mon auteur préféré), et Purge de Sofi Oksanen.

L'Hibiscus pourpre

Une fois les vacances finies, je n’avais qu’un souhait : continuer à lire, même si ça ne pouvait pas être autant, mais peut-être au moins une demi-heure tous les soirs avant de m’endormir. Mais il me fut beaucoup plus difficile que je ne le croyais de m’y tenir. C’est surtout une question de discipline : il y a tellement de choses qui distraient de la lecture …

J’en suis venue à penser que je devais trouver une manière de me forcer à lire. Le mot ”forcer” est très fort, je sais, et tout à fait contradictoire dans ce contexte, car je veux que la lecture reste un plaisir. Il s’agit donc plutôt de trouver une manière de me forcer à mettre en place une certaine discipline de lecture. Je suis une grande consommatrice de livres, mais consommatrice dans le sens purement commercial du terme : j’achète des livres en me disant que je les lirai un jour … Un jour oui … Et c’est bien dommage de collectionner des livres sans presque jamais les ouvrir … La solution est donc de faire partie d’un « bokcirkel », de « bok » = livre et « cirkel » = cercle, c’est-à-dire un cercle de lecture. Et pour me mettre encore plus la pression, je suis même dans deux cercles de lecture maintenant. (C’est tout ou rien, avec moi …)

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en bokcirkel [ène boukcirkèl] = un cercle de lecture

bokcirkeln [boukcirkèlne] = le cercle de lecture

bokcirklar [boukcirklare] = des cercles de lecture

bokcirklarna [boukcirklar(e)na] = les cercles de lecture

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Le premier cercle de lecture est un grand cercle, formé de gens que je ne connais pas, et organisé par le Nationalmuseum à l’occasion du ré-accrochage des collections d’art français du XIXème siècle intitulé « Det moderna livet » = La Vie moderne (dont je reparlerai bientôt sur ce blog). Le premier livre à lire était L’Assommoir d’Émile Zola (« Krogen » [krouguène] en suédois, qui signifie restaurant, auberge), dans une traduction datant des années 1940, un peu vieillotte donc. Je dois dire que je trouve l’ancienne traduction du titre en suédois mieux choisie : « Fällan » [fèlane] = le piège. En français, j’avais déjà lu Germinal et Nana dont j’ai pu retrouvé les protoganistes dans L’Assommoir, en tant qu’enfants. Au cours de mes études de français à l’université de Stockholm, j’ai aussi eu l’occasion de lire Thérèse Raquin, une autre histoire bien sordide. L’histoire de l’Assommoir est déprimante mais j’aime le style très photographique de Zola et sa manière, rarement flatteuse, de décrire ses personnages ; ses descriptions de la ville de Paris en font aussi un personnage à part entière.

Krogen, Émile Zola

Un cercle de lecture n’est pas un cercle si on ne se rencontre pas pour discuter du livre lu. Le 10 mai donc, une centaine de personnes se rassemblaient dans l’auditorium du Nationalmuseum pour une première rencontre. L’auteur et critique littéraire Anneli Jordahl présenta le roman de Zola en le replaçant dans son contexte sociologique et en faisant des parallèles avec la littérature suédoise des dernières années où l’on retrouve souvent les thèmes de l’alcoolisme et autres addictions. Une conservatrice du musée illustra ensuite le roman avec des œuvres d’art de l’époque (peintures, photographies, gravures, affiches) et pour finir, nous nous sommes installés dans les salles d’exposition pour discuter du roman en petits groupes. Ce fut une soirée très intéressante et bien sympa. La prochaine rencontre est prévue pour la fin octobre où l’on discutera alors de Bel-Ami de Maupassant (mon auteur français préféré). Une troisième rencontre devrait avoir lieu avant Noël pour achever l’année en beauté avec un roman de Zola encore : Le Ventre de Paris.

D'Acier, Silvia Avallone

Maintenant que je suis venue à bout de l’Assommoir (car ce ne fut pas une mince affaire, mine de rien : 500 pages de misère …), je vais maintenant me re-plonger dans le milieu ouvrier, mais en Italie cette fois-ci, et à notre époque. En effet, une amie suédoise a mis en route un cercle de lecture, où nous sommes une dizaine, et le premier livre choisi est D’acier de Silvia Avallone. Première rencontre : le 20 mai. J’ai donc une semaine pour le lire, mais il est moins épais que l’Assommoir, donc j’espère bien finir de le lire à temps.

Version suédoise ici

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