Chaque mois, le même jour (le 15), à la même heure (12h), des rédac’ blogueurs écrivent un billet sur un sujet commun. Les sujets sont proposés par les participants puis tirés au sort. Le sujet du mois de mai est proposé par … hibiscus (c’est-à dire moi-même) :
L’exotisme.
Que signifie ce mot pour vous ? Une plage de sable fin et des cocotiers ? L’orient ? Des voyages lointains ? L’aventure ?
Et les participants sont : Agnes, Hibiscus, Julie, Julie, Liam, Lodi, Vladyk. Allez aussi lire leur point de vue, et n’hésitez pas à laisser vos commentaires !
J’ai proposé ce sujet en souvenir d’un commentaire qu’on m’avait fait quand j’annonçais, il y a bientôt 12 ans, que je partais tenter ma chance en Suède : « Oh, que c’est exotique ! » La Suède, exotique ?… Pour moi, à l’époque, l’exotisme c’était les plages de sables fins, les cocotiers, une mer bleue avec pour seul horizon un ciel immaculé. J’avais alors 21 ans et on excusera peut-être mon étroitesse d’esprit par mon jeune âge et mon peu d’expérience. 😉
Car le mot exotisme en lui-même est issu du grec ancien ἔξω (exô) « au dehors », et de -isme, en latin -ismus, du grec ancien -ισμος (-ismos) « doctrine, théorie ». Le terme désigne, selon Wikipédia, ”est une attitude culturelle de goût pour l’étranger”. On l’associe souvent à l’orientalisme mais pourquoi pas, en effet, l’appliquer à tout ce qui est étranger ?
J’ai toujours été attirée par l’étranger. Cela a peut-être à voir avec l’origine polonaise de ma famille et le fait de ne pas avoir de points d’attache géographique précis en France : née à Limoges d’un père né à Juan-les-Pins et d’une mère née à Paris, j’ai passé mon enfance entre la Côte d’azur et la Côte de beauté, avant de partir pour la région parisienne trois ans avant de quitter la France pour la Suède, alors que je rêvais de partir poursuivre mes études en histoire de l’art au Mexique, fascinée que j’étais — et suis toujours — par les arts précolombiens ou mésoaméricains.
À quelques exceptions près, j’ai toujours vécu au bord de la mer ; je passais les vacances d’été encore plus près de la mer. Est-cela qui a élargi mes horizons et m’a donné le goût du voyage ? Même en Suède, je suis constamment à proximité du littoral : Tyresö est situé sur une presqu’île et Stockholm est constitué de plusieurs îles (sans compter l’archipel !) à la jonction entre le lac Mälaren et la mer Baltique. L’eau semble être le dénominateur commun de ma vie. 🙂
Revenons à nos moutons : l’exotisme. La Suède est-elle exotique ? À entendre ma grand-mère paternelle s’extasier devant ma capacité à m’adapter à la gastronomie suédoise, visiblement oui. 🙂 À entendre nombre de Français rêver de grandes Suédoises blondes aux formes avantageuses, oui. 🙂 Mais sachez qu’inversement, la France est exotique pour les Suédois aussi. 🙂 Les Françaises, la gastronomie française, la langue française…
L’exotisme a bien sûr à voir avec le pays d’où l’on vient (ἔξω (exô) « au dehors » ; la Suède n’est pas exotique pour un Suédois), mais aussi avec l’image que l’on se fait du pays étranger. Il y a 12 ans, je ne rêvais pas de la Suède comme je rêvais du Mexique, car même si je n’avais jamais mis les pieds dans l’un comme dans l’autre, j’avais un peu plus de contact avec le Mexique par l’intermédiaire de deux amis mexicains, mes lectures, mon goût pour la langue espagnole…
La Suède a fait irruption dans ma vie sans prévenir. Je ne m’y attendais pas. L’année qui précéda mon départ, je me suis plongée dans sa langue, son histoire et sa culture. Mais je n’ai jamais vu la Suède comme un pays où les élans et les ours se baladent en ville, où l’on croise un Viking à chaque coin de rue, et je n’étais pas intéressée par les grandes Suédoises blondes aux formes avantageuses. J’étais intéressée par un Suédois, un seul, et qui plus est d’origine hongroise !
Je crois que l’exotisme de la Suède ne m’est apparu que plus tard et qu’il est plutôt lié à l’hiver. Je ne me lasse pas de la beauté de l’hiver suédois : le givre, la neige et la glace… de l’eau sous différente forme. Et les deux derniers hivers m’ont gâtée dans ce domaine ! Je rêve de me rendre un jour à Kiruna pour avoir la chance de voir au moins une aurore boréale. Mais que dis-je : l’hiver ? L’été suédois est magnifique aussi, quoique court. Je voudrais aller à Kiruna aussi en été pour voir le soleil de minuit. En fait, j’aime toutes les saisons suédoises : j’aime quand la végétation explose au printemps, j’aime les longues et douces nuits d’été, j’aime les nuances dorées de l’automne, j’aime l’ambiance ”cosy” de l’hiver qui incite à s’emmitoufler de la tête aux pieds… La lumière septentrionale est magique toute l’année.
C’est sûr que c’est complètement différent de l’exotisme dont j’ai pu faire l’expérience lorsque j’arpentais les couloirs du bazar d’Istanbul ou que je me prélassais dans un hammam de Bursa, il y a presque deux ans de ça. Mais cela a son charme également : les maisons en bois rouge à pignons blancs me font toujours rêver, même après une décennie passée dans ce pays. 🙂
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