Cela faisait des jours que nous attendions la pluie. Chaque jour se lèvait avec un grand soleil, puis les nuages arrivaient, blancs d’abord, puis gris — plus ou moins gris. De courtes périodes ensoleillées et chaudes se succèdaient à de courtes périodes couvertes et plus fraîches. Puis, doucement, quelques grosses gouttes de pluie tombaient lourdement. Quelques-unes seulement, juste le temps de nous faire demander si c’était la pluie tant attendue, ou seulement passager. Juste le temps de nous embêter un court moment.
Les premiers jours, je rentrais la chaise-longue dès la première goutte, puis je rassemblais mes affaires et me réfugiais à l’intérieur de la maison pour me rendre compte bien rapidement, et tout bête, que je m’étais affolée pour rien.
Ce jour-là, j’etais de nouveau sur ma chaise-longue, à l’abri du soleil sous le parasol. Qui m’avait, durant quelques minutes, également protégée de trois quatre grosses gouttes de pluie, qui étaient tombées distinctement sur la toile bien tendue entre les baleines de bois. Forte de mes expériences des jours passés, je ne m’etais pas laissée me déconcentrer de ma lecture.
Le ciel s’assombrit toutefois, alourdi de nuages gris presque anthracite. L’air se rafraîchit, les feuilles des arbres s’agitèrent dans le vent qui s’était levé. Puis au loin, ce que je croyais d’abord être le bruit d’un avion dans le ciel se révéla être un grondement de tonnerre. Qui roula, se rapprocha, s’éloigna, se re-rapprocha, se ré-éloigna… Allait-il finalement faire de l’orage ?
åska [auska] = tonnerre
åskan [auskane] = le tonnerre
Ce ne fut que quelques heures plus tard que les cieux se déchainèrent pour de bon. D’abord, quelques éclairs discrets. Suivis de grondements de tonnerre qui se rapprochaient petit à petit. La nuit tombait et ne rendait les éclairs que d’autant plus clairs lorsqu’ils fendaient violemment les nuages.
en blixt [ène blixte] = un éclair (également: un flash)
blixten [blixtène] = l’éclair
blixter [blixtère] = des éclairs
blixterna [blixtèr(e)na] = les éclairs
* Pour les gourmands, les éclairs (au chocolat, au café) gardent leur appellation française en suédois.
La pluie se solidifia en partie en grêle un court moment, puis redevint pluie et tomba fortement et longtemps. Le claquement du tonnerre faisait désormais écho entre les sommets des montagnes environnantes aux éclairs qui sillonnaient l’air chargé d’électricité, qui d’ailleurs nous en privait de courts instants. L’intensité des éclairs faisait luire les feuilles des arbres qui dégoulinaient d’eau. La pluie ricochait sur les tuiles du toit et faisait un bruit assourdissant sur les velux de l’étage.
Puis les éclairs se firent de plus en plus rares, le tonnerre s’éloigna, la pluie cessa et on n’entendit bientôt plus que le bruit des arbres qui s’égouttaient. L’orage était passé.
ett åskväder [ète auskvèdère] = un orage
åskvädret [auskvèdrète] = l’orage
åskväder [auskvèdère] = des orages
åskvädren [auskvèdrène] = les orages
N.B. Remarquez bien la disparition du -e- entre le d- et le -r lorsque l’on ”décline” le substantif.
”La pluie se solidifia en partie en grêle un court moment”.
Je comprends ce que tu veux dire, mais météorologiquement parlant, ce n’est pas se qui se passe : il pleut car c’est la partie basse du cumulo-nimbus qui arrive au sol en premier, puis il grêle car c’est la partie haute qui nous parvient, c’est-à-dire les gouttes de pluie qui ont été aspirées par le cunimb (comme on dit dans le jargon de l’aéronautique), sont montées très haut, parfois de plusieurs milliers de mètres et ont gelé car il fait très froid au sommet du nuage, puis sont retombées car leur poids était trop important pour qu’elles restent ”en suspension” dans le cunimb. Ensuite, il peut pleuvoir à nouveau si l’aspiration du nuage n’est plus suffisante pour produire des glaçons…
Il est arrivé que des parapentistes imprudents soient aspirés par un cunimb, transformés en glaçons et rejetés au sol parfois plusieurs dizaines de km plus loin ! 🙁
@JacquesG : Je n’ai jamais eu l’intention de m’exprimer de manière scientifique et météorologique. Le monde littéraire autorise ce genre de digression. 😉
@Laponico : C’était en France, plus précisement dans les Alpes.
@anais : 🙂
C’est en Suède, ou un retour en France?
C’est une photo qui me dit quelque chose…