Tout commença avec une épicondylite du coude droit, puis du coude gauche, puis les douleurs se sont généralisées. L’acupuncture ne prenait plus, elle ne supportait plus ne serait-ce que l’idée de la pénétration d’une de ces fines aiguilles dans la peau. Que ces aiguilles soient en plus connectées à des électrodes qui le faisaient vibrer pour en accentuer l’effet thérapeutique, c’était de la pure torture, presque diabolique … La kinésithérapeute ne pouvait plus rien pour elle, elle retourna voir le généraliste, un médecin différent à chaque nouveau rendez-vous, à qui il fallait re-raconter l’historique des soins, car il ou elle n’avait jamais le temps de consulter le journal avant la visite.
La vie était un combat quotidien : avoir la force de se lever chaque jour, aller au travail, ne pas trop penser aux douleurs, avoir encore la force de s’occuper des tâches ménagères le soir et le weekend, et se battre pour que les médecins fassent leur boulot … Elle s’épuisait petit à petit, mais ne perdait pas espoir et commençait à chercher des informations sur internet. Elle ne se sentait malgré tout pas à l’aise à s’auto-diagnostiquer et fit donc part de ses recherches au médecin qui rejeta toutes ses hypothèses d’un bloc, sans même l’ausculter !… Elle perdit alors patience et confiance et contacta un autre centre de soins. Nouveau médecin, qui écoute, ausculte, et le diagnostic est confirmé.
Après quatre ans d’errance, d’inquiétude et d’examens plus ou moins douloureux, enfin une explication et un traitement. Pas encore d’espoir de guérison, mais au moins un mieux-être et des outils pour apprendre à vivre avec. Lors de la visite de contrôle suivante, nouveau choc : nouveau médecin qui ne semble pas convaincu du diagnostic de son prédécesseur. Sans remettre en question totalement le traitement, elle ne sentait aucun engagement de la part du médecin et sa confiance en la profession médicale en pris de nouveau un coup… Mais elle continua à prendre ses médicaments et commença d’elle-même à s’intéresser au yoga et à la méditation, le but étant à terme de pouvoir se passer de ces médicaments qui créent une dépendance.
Au cours de ses lectures, elle pris conscience que ses douleurs physiques étaient causées par un déséquilibre dans sa vie en général. Le cheminement fut long pour en arriver finalement à la conclusion que c’était sa relation avec son conjoint qui la rendait malade (et ce n’est que longtemps après la séparation qu’elle en pris toute la mesure). Elle essaya de changer la donne mais les habitudes étaient trop enracinées. Il n’y avait plus qu’une solution : mettre fin à cette relation destructive, amputer la partie malade, pour sauver sa santé — et son intégrité. Une fois la décision prise, elle pu commencer, lentement, à diminuer les doses. Presque un an après, elle ne prend plus qu’un cachet par semaine. La vision d’une vie sans médicament n’est plus un rêve, la route a été longue, avec quelques rechutes lorsqu’elle s’est crue plus forte qu’elle ne l’était, mais le but se rapproche petit à petit.
Avec le recul et en analysant le chemin parcouru, elle comprend qu’elle s’est fait violence pendant des années pour ce qu’elle croyait être son bien. En fait, elle se reniait elle-même : inconsciemment, elle savait que ce n’était pas le bon chemin à suivre, mais elle l’a suivi quand même en espérant que tout allait s’arranger un jour… Elle a été victime de sa propre naïveté et de son incapacité à mettre des limites. C’est son corps qui a crié stop en premier. Le déséquilibre avait finit par s’incarner littéralement. Il fallait qu’elle passe par cette expérience de la douleur physique pour apprendre à mieux se connaître, prendre la décision de tourner la page et enfin se rendre compte qu’une vie meilleure était possible. Comme un rite d’initiation.
Ceci est ma participation à la rédac’ du mois de novembre qui a pour sujet : ”Être en bonne santé”. Leviacarmina, Agnès et Denis ont aussi planché sur le sujet. N’hésitez pas à visiter leur blog et à leur laisser des commentaires.