Train de nuit

Pour économiser du temps, j’ai choisi de rentabiliser une nuit en voyageant. Je fais le trajet Paris-Gap en train de nuit Intercités, en wagon-couchette.

Je n’ai pas pris le train de nuit depuis bien des années. J’avais l’habitude de le prendre avec mes parents et mes sœurs, entre La Rochelle et Antibes (la ligne n’existe plus aujourd’hui), quand nous allions fêter les fêtes de fin d’années chez mes grands-parents paternels. À cinq, nous mobilisions souvent un compartiment à nous seuls et j’aimais dormir sur la banquette supérieure. Je ne dormais jamais profondément, mais j’aimais me laisser bercer par le bruit des roues du train sur les rails, comme un cheval qui fendait la nuit au galop. Ta-ga-da ta-ga-da ta-ga-da …

L’arrêt prolongé en gare de Marseille Saint-Charles me réveillait toujours plus que les autres arrêts, je savais que la gare était en cul-de-sac et je guettais le bond que les wagons faisaient quand on raccrochait une locomotive en queue de train, qui devenait ainsi la tête, avant qu’il ne reparte dans l’autre sens.

Au petit matin, le soleil nous saluait toujours à hauteur de Fréjus. À travers la fenêtre, j’admirais inlassablement le paysage méditerranéen : le gris des rochers, le gris-vert des oliviers, le vert intense des eucalyptus, le bleu scintillant de la mer. Je sentais presque l’odeur chaude si caractéristique de la terre sèche rouge.

Bizarrement, je n’ai pas de souvenir des trajets du retour.

Alpes

Ce 13 juillet au soir, je monte à bord du train de nuit qui me déposera à Gap un peu avant 7h le lendemain matin. Ma valise est trop grosse pour prendre place sous les couchettes du compartiment ; je la laisse à l’entrée du wagon, dans le compartiment à vélos. J’ai pris une des couchettes inférieures dans un compartiment réservé aux femmes. Le wagon entier semble être réservé aux femmes, même s’il y a des enfants, filles et garçons, accompagnés de leurs mères. L’ambiance est calme et des contacts se nouent rapidement entre les voyageuses. Je pense au mot « sororité ». Mais mes échanges avec mes « compagnonnes » de voyage reste minime. Je me contente de regarder les paysages de la banlieue parisienne défiler sous mes yeux avant de regagner ma couchette pour lire un moment, puis j’éteinds ma liseuse pour la nuit.

Cette nuit-là en train, comme celles de mon enfance, je ne dors pas vraiment profondément. Mais je suis confortablement allongée, je somnole, les rêvasseries se mêlent aux rêves à demi-éveillés. Quelquefois au cours de la nuit, le train s’arrête plus longuement, mais pas pour changer de locomotive. Vers 6h, la voix d’une hôtesse annonce le premier arrêt, que je laisse passer avant de me lever pour me refaire un petit brin de toilette. Les autres femmes du compartiment semblent descendre plus tard que moi ; je rassemble et sors mes affaires le plus discrètement possible et referme doucement la porte. Dehors, le soleil se lève et éclaire de ses rayons orangés les crêtes du massif alpin.

Soleil levant

Version suédoise ici

3 reaktioner på ”Train de nuit”

    1. Je prends toujours le train pour ce trajet, mais en général en journée et il y a toujours deux changements. Avec les bagages, c’est toujours source de stress. De nuit, sans changement, c’était beaucoup mieux !

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