Le mot de la semaine : « förintelse »

Le mot de la semaine n’est pas aussi agréable que ceux des semaines passées. Le 27 janvier, c’était la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste.

En suédois, cela se dit : « Förintelsens minnesdag » [feurinetèlsènse minèssedâg].

« Dag » [dâgue], c’est le jour.

« Minne » [miné], c’est la mémoire.

« Förintelse » [feurinetèl(e)sé] signifie anéantissement, extermination, et par extention, l’Holocauste.

Le substantif vient du verbe « förinta » [feurineta] qui, à son tour vient de l’allemand « vernichten ». Dans les deux mots, on retrouve la négation « inte » ou « nicht ».

Cinquante ans après la libération des camps de concentration d’Auschwitz le 27 janvier 1945, la Suède célébrait cet événement pour la première fois. C’est une journée nationale depuis 1999 et en 2005, l’ONU la rendait internationale.

Cette année, la célébration comprenait des discours et une exposition sur la place Raoul Wallenberg : des panneaux soulignaient l’importance de personnages-clés suédois qui ont activement œuvré pour sauver la vie de nombreux Juifs. Parmi eux, Raoul Wallenberg est sûrement le plus connu. Né en 1912, il travailla d’abord comme d’affaires avant d’être envoyé à Budapest avec le statut de diplomate dans le but de sauver les Juifs de Hongrie. Il fut arrêté par l’Armée Rouge en 1945 et on ne sait quand il est mort – peut-être en 1947 ; son corps n’a jamais été retrouvé. (Pour ceux qui veulent en savoir plus sur lui, je vous renvoie à l’article de Wikipédia.)

Sur la place qui lui est dédiée à Stockholm, à côté du théâtre Dramaten, on trouve deux monuments à sa mémoire. Le premier est un groupe de sculptures en bronze qui ressemblent plus ou moins à des sphinx, dû à l’artiste danoise Kirsten Ortweds et inauguré en 2001. Le deuxième est une sphère en pierre, datant de 2006, intitulé « Vägen » [vègène] = le chemin, et fait par les architectes Aleksander Wolodarski och Gabriel Herdevall.

L’exposition de la célébration du 27 janvier 2010 était constituée de photophores multicolores posés ça et là, sur des étagères, sur les sculptures en bronze, sur la neige, autour de la sphère en pierre. À mon sens, la présence de la neige apportait beaucoup à cette installation, ne serait-ce que dans le silence qu’elle apporte.

en förintelse [ène feurinetèl(e)sé] = un anéantissement

förintelsen [feurinetèl(e)sène] = l’anéantissement

förintelser [feurinetèl(e)sère] = des anéantissements

förintelserna [feurinetèl(e)sèr(e)na] = les anéantissements

On peut utiliser ce mot dans tous les contextes de génocides : il y en a eu malheureusement après l’Holocauste, et il y en a encore …

4 reaktioner på ”Le mot de la semaine : « förintelse »”

  1. Oui, c’est un sujet difficile et je dirais que le théatre qui borde la place dédiée à ce drame est bien nommé.
    Sinon, t’as raison, la neige et surtout le silence, c’est mortel.

    1. @Pascal : Pour moi, le silence de la neige incitait plutôt au recueillement, dans ce cas-là.
      @Jacques : J’apprends également toujours quelque chose avec tes commentaires ! Continue ! 🙂 Pourrait-on dire que les langues indo-européennes ont un peu la même logique ?

  2. J’ai appris des choses, comme toujours!
    Je ne dirais pas que ”förinta” vient de ”vernichten”, mais que le mot est formé sur le modèle du mot allemand, comme c’est assez souvent le cas en suédois.

  3. Et j’ajoute que dans les langues indo-européennes les mots ont tendance à se former de la même manière, ce qui leur donne, en plus des racines communes, un air de parenté!

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