La rédac du mois : Ma pire (?) rupture

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Chaque mois, le même jour (le 15), à la même heure (12h), des rédac’ blogueurs écrivent un billet sur un sujet commun. Les sujets sont proposés par les participants puis tirés au sort. Le sujet du mois de janvier est proposé par Liam :

Votre pire rupture : Quelle a été votre pire rupture ? Amicale, amoureuse, au travail ? Comment l’avez-vous vécue ?

Et les participants en ce début d’année sont : Agnes, Denis, Julie, Le Gounjou, Levia, Liam, Steph, Vinie, Vladyk. Allez aussi lire leur point de vue, et n’hésitez pas à laisser vos commentaires ! J’en profite pour souhaiter la bienvenue aux ”petits nouveaux”. 🙂

 

Je ne suis pas sûre que ceci soit le récit de ma pire rupture ; je ne veux peut-être même pas vous raconter ma pire rupture… Mais c’est une rupture que j’aurais voulu différente.

 

C’était il y a environ 12 ans. Après 7 mois comme jeune fille au-pair dans une famille diplomatique française à Stockholm (mon premier ”emploi” ici), j’avais décidé de rendre mon tablier. Je n’étais pas leur première (ni peut-être leur dernière) jeune fille au-pair. Celle qui m’avait précédée les avait quitté au bout de six mois pour cause de mal de pays. Je me plaisais bien dans ce nouveau pays, j’avais fait le choix personnel de venir m’y installer. Être jeune fille au pair était la première étape dans mon projet d’intégration suédoise. Si je m’étais plu dans cette famille, j’y serais volontiers restée plus longtemps. Mais ce n’était pas le cas.

Ce n’était pas la faute aux enfants, au nombre de trois, trois ans d’écart entre chaque. Même si le plus jeune était difficile, j’ai très vite compris qu’il ne se sentait pas bien du tout. Le fait que ses parents traduisent les colères où il se frappait lui-même comme des caprices et qu’on m’autorise en plus à lui donner la fessée dans ces occasions-là me fendait le cœur. Les enfants m’appréciaient, mais leur mère était rarement satisfaite de mes services bien que je me plie à ses souhaits (ordres ?) : repasser les housses de couettes et les draps des deux côtés, couper menus les morceaux de légumes pour faire une ratatouille (qui finissait en purée) ou forcer les enfants à manger une béchamel faite à base de bouillon de poisson (au point que la moyenne s’en est rendue malade) … Les enfants dînaient rarement avec leurs parents, leur mère ne travaillait pas mais j’étais plus souven à la maison qu’elle.

Dès le début, j’avais annoncé la couleur : j’avais choisi la Suède, non pas pour eux (faut quand même pas exagérer), mais parce que j’y avais des amis. Petit à petit, ils ont compris que l’un de ses amis était plus qu’un ami …, mais je ne voyais pas en quoi cela pouvait avoir de l’importance pour eux, pour mon travail chez eux. Ils auraient peut-être dû être contents que j’aie une vie sociale, si limitée soit-elle, en dehors de mes heures de travail ainsi qu’une raison de rester en Suède. Mais j’avais l’impression qu’ils se sentaient plutôt trahis. Du coup, la froideur dans nos relations est devenue de plus en plus grande.

À la fin, je ne me plaisais plus du tout en leur compagnie et dès que j’ai su que je pouvais être hébergée dans la famille de mon conjoint, j’ai rendu ma démission. Ils n’ont pas essayé de me retenir. J’avais un mois de préavis, fin 1999-début 2000 ; je peux vous dire que ce dernier mois a été très très long… J’avais acheté des cadeaux de Noël aux enfants ; on ne m’a pas laissé les leur donner en mains propres (je ne sais même pas s’ils les ont jamais reçu…). Mon dernier jour de travail, la mère était sortie avec les enfants (ce qu’elle faisait rarement seule), de sorte que je n’ai même pas pu leur dire au revoir. Ils étaient peut-être trop jeunes pour comprendre, mais j’aurais voulu qu’ils sachent que ce n’étaient pas à cause d’eux que je partais (qui sait ce que leur mère a bien pu leur raconter…)

Pour couronner le tout, leur père m’a fait la morale quand je suis venue rendre les clés et récupérer mon dernier salaire. ”Il ne fallait pas que je me fasse d’illusions, 99 % des mariages suédois finissaient en divorce et patati et patata…” Non mais de quoi j’me mêle ! J’ai un souvenir négatif de cette rupture car je me suis sentie méprisée et rabaissée. Même passé 20 ans, je n’étais à leurs yeux qu’une petite fille bien naïve de croire en ses rêves. Et j’ai horreur d’être traitée de cette manière-là !

Je sais qu’ils sont rentrés en France l’été qui suivait. Ils n’avaient sûrement jamais eu l’intention de s’installer en Suède pour de bon (ils se sentaient bien trop supérieurs aux Suédois pour ça), mais je me demande bien la tête qu’ils feraient aujourd’hui s’ils apprenaient où j’en suis arrivée, 11 ans plus tard, et que je suis, de surcroit, encore avec mon conjoint de l’époque …

 

Si vous aussi avez envie de vous prêter à ce jeu d’écriture qu’est la rédac’ du mois, n’hésitez pas à cliquer sur ce lien pour vous inscrire.

4 reaktioner på ”La rédac du mois : Ma pire (?) rupture”

  1. Ah la supérioté que certaines personnes peuvent penser avoir sur les autres, c’est sans doute le sentiment le plus méprisable qu’il soit ! J’avoue que je me pose les mêmes questions que toi, qu’a bien pu dire cette femme à ses enfants pour ne pas passer pour la méchante ?

    Quoi qu’il en soit, tu t’en es bien sortie, tu as suivit ton coeur et ton instinct, on ne peut demander mieux. De plus, tu es heureuse et toujours avec le même homme donc c’est magnifique ! J’avoue que cela serait drole de voir leur face avec ce que le père t’avait sorti jadis sur les mariages… ^^

  2. Bizarrement, ce que tu écris me fait l’effet d’un déjà- vu, enfin plutôt déjà entendu.
    En Suède, enfin quand nous y étions, il semble qu’il est assez mal vu d’avoir une femme de ménage… Du coup, souvent, ils prennent leurs jeune-filles au pair comme des larbins ce que je trouve inadmissible.
    Te connaissant en plus, j’imagine à quel point cela a été un déchirement pour toi de partir sans dire au revoir ! Chassée comme une malpropre presque (même si c’était ta décision de les quitter)
    Quoi qu’il en soit, ils ne te méritaient pas, c’est tout! Et en plu, tu l’as obtenu ton rêve! Aujourd’hui plus que jamais 😉
    =^.^=

    1. @Vladyk : La supériorité est une faiblesse finalement. Celui qui ressent le besoin de s’imposer de cette manière-là cache en fait une insécurité. C’est ce que j’ai compris au fil des ans.
      @Denis : J’imagine que c’est plus difficile à gérer quand il s’agit de clients qu’on veut a priori garder.
      @Le Chat Qui… : Oui, une petite victoire ! Quand on a un rêve, il faut se donner les moyens de le réaliser, sous peine de devenir aigri.

  3. Voilà une rupture comme je ne les aime pas. Mais en même temps, comment pouvait-il en être autrement ? Tu savais que ça allait mal se finir dans ton fort intérieur.
    Certains de mes clients sont assez dédaigneux, aussi, et tout leur est dû parce qu’ils sont, ont, se nomment. Personnellement je ne m’en rends pas compte dans les premiers instants, sauf ceux qui ne disent pas bonjour, et ce n’est qu’en cours de conversation que cette éventualité apparaît à mon esprit. Cela finit très exceptionnellement en eau de boudin par ce que je fais tourner court la conversation.
    Les autres, j’essaie des les aider du mieux que je peux.

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