Il était une fois, perdue dans la forêt…

Le ciel est gris, il pleut de lourdes gouttes de pluie qui rendent la neige encore plus glissante. De part et d’autre du chemin, des conifères. Sur un tronc d’arbre, une petite pancarte qui indique 4 km; plus que 6 km … Par endroit, je m’enfonce dans la neige jusqu’aux genoux. Ce serait effectivement plus pratique de faire du ski; j’ai les skis, mais je les ai déchaussé depuis presque 2 km suite à de trop nombreuses chutes.

J’avais beaucoup attendu de cette balade en ski. Je n’avais pas fait de ski de fond depuis des années, mais j’avais un bon souvenir de mes essais d’enfance et espérais retrouvé ce plaisir de glisser sur la neige. Mais c’était sans compter sur une très mauvaise météo (pluie et grêle) et mes limites physiques (mauvais équilibre). Je n’étais pas seule au début du circuit, mais j’ai vite libéré les deux amis qui m’accompagnaient de la tâche de m’aider à me relever à chaque chute. J’ai donc pris la décision d’ôter les skis et de continuer à pied tandis qu’ils poursuivait en skis. Je n’avais qu’à suivre le circuit vert; je leur avais donné rendez-vous à la ligne d’arrivée.

Une pancarte verte indique le 5ème km; encore autant, et je pourrais enfin me réchauffer dans la voiture … La pluie alourdit mes vêtements et mes gants fourrés, et bientôt l’humidité des vêtements se mêle à la transpiration de l’effort, mi-froid, mi-chaud: la sensation n’est pas des plus agréables. Des skis et des bâtons, c’est lourd à porter sur plusieurs km, et surtout peu pratique. Je dois changer de mains régulièrement, car mes doigts s’engourdissent dans mes gants fourrés complètement détrempés.

La météo est tellement peu propice que je suis presque toute seule sur la piste. Quelques skieurs me dépassent, l’un me dépasse même deux fois. Mais à part ça, c’est le calme complet. La pluie tombe silencieusement sur la neige. Aucun signe de vie animale dans la forêt. Aucun bruit lointain témoignant de la présence de la civilisation …

6 km, plus que 4 km … Je commence à voir la fin du tunnel. Il n’y a qu’à aller de l’avant, chaque pas me rapproche un peu plus du but … Il est difficile de s’en convaincre et pourtant c’est la seule vérité tangible qui me donne la force de continuer. Quel autre choix ai-je? La pluie et la sueur se mélangent sur mon front que j’ai du mal à essuyer du revers de mon gant en cuir imbibé.

7 km, plus que 3 km … Mon téléphone portable sonne plusieurs fois : mes amis essayent d’entrer en contact avec moi, mais le réseau est trop faible pour que la communication passe. Je finis par l’éteindre, il ne m’est d’aucune utilité dans ce désert blanc. Silence radio, silence de la nature endormie sous la neige, silence du ciel qui pleure. Je n’entends que le bruit de mes pas, alourdis par les chaussures de skis, et de ma respiration, fatiguée par l’effort.

8 km, plus que 2 km … Mais, tout d’un coup, je vois une pancarte bleue indiquant 22 km ! Aurais-je quitté la piste verte sans m’en apercevoir ?! Je fais demi-tour, reviens au 8ème km mais ne comprends pas où j’ai pu me tromper de chemin : il n’y en a qu’un seul … Je repars dans la même direction, repasse devant le 22ème km, et enfin, une centaine de mètre plus loin, je vois de nouveau un panneau vert indiquant le 9ème km : je suis donc bien sur la bonne route. Plus qu’un km …

Je suis rassurée de ne finalement pas m’être perdue, j’étais près de paniquer, mais je rassemble mes dernières forces et essaye d’allonger le pas pour arriver plus rapidement au but. Là, m’attendent mes deux amis, une voiture chauffée, un thermos de thé chaud, des fruits et des biscuits, et bientôt je pourrais me débarrasser des mes vêtements mouillés et me précipiter sous le jet d’une douche chaude.

 

C’était la rédac’ du mois de juin (proposé par Agnes) dont le sujet était différent des mois précédents. Il s’agissait de laisser aller son imagination à partir d’un début de phrase. Dans mon cas, il ne s’agit pas de fiction : c’est du vécu, une expérience que je ne suis pas prête d’oublier bien qu’elle date déjà d’un an. Mais j’espère un jour pouvoir la retenter, sous de meilleures auspices.

Allez maintenant lire comment mes co-rédac’blogueurs se sont perdus dans leur forêt : Agnes, Gilles & Isabelle, Julie, Levia, Vladyk.

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3 reaktioner på ”Il était une fois, perdue dans la forêt…”

    1. @Denis : Exactement, la même chose avec un temps potable et sans les skis sous les bras, ça aurait été impeccable.

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